CONTRIBUTION AU DEBAT DU MOUVEMENT ANARCHISTE ET ANTI-AUTORITAIRE
1) Sur les élites révolutionnaires, les spécialistes, les rapports avec le
« social », les perspectives et la concrétisation de l’utopie !
Le mouvement anarchiste est et doit être un mouvement révolutionnaire. Ce
n’est ni un mouvement d’opinion qui fait la propagande pour des libertés
civiles à conquérir par l’intermédiaire de folklorismes colorés, de
ballets inoffensifs ou de défilés, ni le club exclusif d’un groupuscule de
sages théoriciens de l’insurection qui, selon d’où vient le vent,
s’immerge dans le social...
De la réfutation de ces présupposés naissent nos actions et les réponses à
ceux qui nous critiquent.
Une des critiques les plus fréquentes veut que nous courrions le risque de
nous tranformer en spécialistes de la « pratique militaire »,
autoreférences du culte de l’action pour l’action, privés de perspective.
De fait, ce que nous sommes avant tout en train de faire, c’est de
travailler pour développer l’investissement social autours de contenus
révolutionnaires. Nous nous le faisons avec la propagande par le fait,
quelques uns de nos détracteurs qui parlent trop de « gradualisme » (ndlt,
d’y aller étape par étape sans trop bousculer les gens) ou alors
s’obstinnent à choisir des luttes partielles sans aucune possibilité de
débouchées intéressantes dans un sens révolutionnaire.
L’utilisation de moyens déterminés correspond à une vision objective de la
réalité, elle est le fruit de la rencontre de notre volonté
révolutionnaire de changement de l’existence avec les temps et les lieux
où nous vivons. L’occident riche du XXIème siècle, sans pour autant être
totalement pacifié, n’est pas objectivement un terrain
pré-révolutionnaire. Dans ce contexte nous nous obstinons à considérer la
propagande par l’action comme étant la manière la plus efficace, donnant
des résultats immédiats et à long terme, des plus faciles à comprendre et
à imiter pour diffuser l’idée. Le conflit social ne peut pas s’amorcer à
travers l’élaboration d’analyses ennuyeuses et risibles, à diffuser sous
forme de tracts et de brochures comme le nouveau verbe (ndlt,« cathéchisme
») laic aux exploités : qui, dans le meilleur des cas, sont déjà conscient
de l’être, dans le pire, sont en train de pester pour arriver à l’heure
sur leur poste de travail et ne méritent pas d’être élevée au rang des
travailleurs en lutte contre l’exploitation.
Quelques unes des analyses citées ci-dessus tendent à transformer le plus
insignifiant évènement en un moment de lutte de classes et de prise de
conscience des exploités dans le chemin vers la révolution, emportant
ainsi beaucoup de compagnons à investir de l’énergie sans résultat dans
des luttes stériles et des mots d’ordre inaceptables. Le pire arrive quand
la continuelle et obsessive tentative de se rapprocher « des gens » porte
à des attitudes aberrantes : la présomption et l’autoritarisme de qui, au
bout du compte se sent hors du social et se cale dans des luttes
partielles convaincu d’avoir la vérité en poche. Les anarchistes sont une
infime minorité du tissu social, ils ne peuvent pas se permettre, ni de
faire les cassandres, ni les prêtres, ni de recourrir à des mots d’ordre
apprivoisés et confus par peur de perturber l’auditoire.
Voilà pourquoi en ce moment un colis piégé à un carabinier ou à un
gratte-papier asservit au pouvoir ou une bombe qui provoque une simple
brèche dans le mur d’une prison sont fondamentalement utiles : pour un
cour instant ils démontrent la vulnérabilité de la domination, indiquent
clairement les ennemis et la variabilité des moyens pour les combattre et
surtout ils laissent libre chacun d’évaluer la possibilité d’intervenir
directement contre ce qui opprime.
Pour finir, deux mots sur la perspective...
Avant tout, nous sommes en train de vous démontrer par la pratique comment
une attaque multiple et coordonnée peut fonctionner. La multiplication des
groupes, le dialogue entre anonymes, nous sommes en train de le vivre et
c’est sûrement plus réel et efficace que n’importe quelle assemblée
ouverte au mouvement qui aboutie seulement à donner quelques noms de plus
à la comptabilité de la répression en plus d’ennuyer les personnes
présentes avec des tours de passe rhétorique...
Au revoir ! (ndlt, en français dans le texte) La révolte est contagieuse
et reproductible.
2) Répression : à qui la faute ?
Nous avons lu et entendu quelques compagnons faire allusion, de manière
plus ou moins voilée, plus ou moins intelligente, à notre faute
ineffaçable...
Nous et avec nous tous les compagnons qui pratiquent une lutte non
domestiquée ni dans les moyens ni dans les fins, sommes responsables des
vagues répressives qui périodiquement se déclenchent contre le mouvement.
C’est vrai ! La rébellion contre le système, la révolte contre la
domination génèrent la répression, que ça plaise ou non aux innocents de
service. La répression torture, tue et incarcère, la répression de la part
de l’Etat s’exerce toujours, et le papier de tournesol de l’essence
mortifère de la domination change de forme et d’intensité (dans les
moments de grande faiblesse de la domination elle est quelque fois plus «
aveugle », mais c’est un autre discours). Si au lieu de mourir d’ennui
avec un tract ou avec une banderole en main nous préferons opposer la
violence révolutionnaire à la violence d’Etat, la blesser même légèrement
produira ses anticorps défensifs...
Notre devoir est de créer non seulement des blessures défensives mais
travailler pour des coups successifs toujours plus joyeusement mortels.
Un Etat qui te laisses protester, défiler de manière colorée et
inoffensive, est conscient d’avoir en face de lui non pas un ennemi déjà
battu, mais un bouffon folklorique qui de lui même s’est mis à genoux
devant les patrons. Nous n’avons pas l’intention de conditionner nos
pratiques par rapport aux bouffons craintifs de la Cour du moment.
3) Une vie pour le spectacle (nous et les média).
L’utilisation et/ou le rapport avec les mass media sont depuis des années
objet de féroces discussions à l’intérieur du mouvement et, au delà de la
sociologie de bas étage et de chaque hypocrisie, transparaît la crainte de
se faire avaler par le monstre. Les projets de « récupération de la
constestation » sont centraux dans les stratégies de répression mis en
place par le régime démocratique et c’est justement les media qui s’en
font les portes-voix et les champions (voir le phénomène No Global etc).
Reste le fait que dans chaque cellule de chaque prison italienne il y a
une télévision allumée, des journaux qui circulent, ainsi le putain
d’électroménager infeste (quasiment) tous les logements, hôpitaux, lieux
publics, etc. Le passage par l’intermédiare des media (T.V, presse,
internet,etc) est risqué mais inévitable. On est passible de censure, de
travestissements, mais nous passons tous, violents ou non violents, à
travers les fourches caudines (ndlt, humiliations). (ndlt, à partir de
maintennant il s’agit plus d’une traduction sur le sens, moins fidèle au
texte un peu trop complexe sur la fin) Nous sommes certains que même le
plus dogmatique des partisans de l’anonymat est d’accord avec le fait que
si un distributeur de billets devait être attaqué, cela devient important
si tout le monde peut le voir et se rendre compte que les banques sont
attacables et qu’elles méritent de l’être, ce ne sont pas 2 ou3 clients
plus mattinaux ou dont l’engagement est plus zélé mais quelqu’un en plus.
Nous préférons que se soit des compagnons avec l’efficacité de leurs
actions qui contraignent la presse à en parler plutôt que la presse de
fasse prier par d’inoffensifs et pittoresques manifestants et brode des
articles complaisants.
F.A.I./ Cooperativa Artigiana Fuoco e Affini (occasionnellement spectaculaire)