BERLIN, 3 mars (AFP) - Considéré comme le bras droit du terroriste Carlos, l’Allemand Johannes Weinrich, déjà condamné à la prison à vie, est jugé à partir de mercredi à Berlin pour une série d’attentats dans les années 1970-80, notamment en France, qui avaient fait six morts et de nombreux blessés.
Weinrich, 55 ans, comparaît pour meurtres et tentative de meurtres. Ce procès sous haute surveillance devant une Cour d’assises est prévu pour "durer plusieurs années", selon l’un des avocats des victimes, le Français Stephan Maigné.
L’accusé ne peut quitter le territoire allemand pour être jugé à l’étranger car il purge à Berlin une peine de réclusion criminelle à perpétuité. Il avait été condamné en janvier 2000 pour meurtre et tentative de meurtres, pour avoir organisé un attentat contre la Maison de France, centre culturel français dans la capitale allemande, le 25 août 1983. Une personne avait été tuée et 23 blessées.
Selon l’accusation, M. Weinrich a été l’adjoint du Vénézuélien Ilich Ramirez Sanchez, alias Carlos, à la tête des groupes terroristes "Organisation des révolutionnaires internationaux" et "Organisation de la résistance arabe armée". Il est accusé d’avoir à ce titre planifié et organisé --sur ordre de services secrets de différents pays-- une série d’attentats en France, Allemagne et Grèce.
Les plus meurtriers d’entre eux ont eu lieu en France. Le 31 décembre 1983, à une vingtaine de minutes d’intervalle, deux bombes explosaient, l’une dans un train à grande vitesse (TGV) entre Marseille (sud) et Valenciennes (nord), l’autre dans une consigne de la gare de Marseille.
La première explosion --au niveau de Tain l’Hermitage (sud) tua trois passagers, la seconde deux passants. La charge des explosifs a été si puissante qu’à chaque fois des bâtiments alentours ont été endommagés.
Pour l’accusation, ces actes auraient été commandités pour se venger d’un raid aérien français au Liban.
Le 22 avril 1982, à Paris, un attentat à la voiture piégée devant le siège du journal arabophone Watan Al Arabi a coûté la vie à une passante enceinte. Le Parquet estime que les services secrets syriens sont impliqués dans cet acte, qui visait à tuer le directeur de la publication du journal et détruire le bâtiment.
Toujours en France, Weinrich doit également répondre d’une tentative d’attentat qui remonte au 13 janvier 1975. Selon l’accusation, Weinrich a tiré, sans atteindre sa cible, sur un avion de la compagnie israélienne El Al prêt à décoller avec 148 personnes à bord à l’aéroport d’Orly, au sud de Paris. L’attentat aurait été commandité par le Front populaire de libération de la Palestine.
La liste se poursuit en Allemagne. Weinrich est accusé d’avoir fait exploser, le 21 février 1981, une bombe près de la radio internationale Radio Free Europe à Munich (sud de l’Allemagne). L’ordre aurait été donné par les services secrets roumains pour tuer le directeur du service roumain. Trois personnes ont été grièvement blessées.
Enfin, l’accusé aurait organisé, le 13 avril 1983 à Athènes, sur ordre des services secrets libyens, un attentat à l’explosif contre l’ambassadeur d’Arabie saoudite Abdullah Al Malhoog. Ce dernier en était sorti indemne.
Johannes Weinrich avait été arrêté en 1994 au Yémen et extradé vers l’Allemagne en juin 1995.
Le Vénézuélien Carlos a, lui, été condamné en France le 24 décembre 1997 à la réclusion criminelle à perpétuité pour un triple meurtre commis le 27 juin 1975 à Paris. Il a été transféré en octobre 2002 dans une prison de haute sécurité à Saint-Maur (centre de la France).