vendredi 21 octobre 2005, 19h23
PARIS (AFP) - Deux ex-membres "historiques" de l’organisation espagnole d’extrême gauche des Grapo (Groupe de résistance antifasciste du premier octobre) ont été mis en examen vendredi à Paris par le juge antiterroriste Gilbert Thiel avant d’être écroués, selon une source judiciaire.
Jose Antonio Ramon Teijelo, 58 ans et sa compagne Manuela Ontanilla Galan, 50 ans, sont poursuivis notamment pour "association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste" et pour des faits de "falsification et détention de faux documents administratifs".
Les deux Espagnols sont soupçonnés d’avoir aidé deux activistes d’extrême gauche italiens Giuseppe Maj et Giuseppe Czeppel à se soustraire à leur contrôle judiciaire entre la fin 2004 et mai 2005 et à falsifier des papiers d’identité.
Selon des sources proches du dossier, l’un des deux Espagnols aurait aidé à les Italiens à se loger en louant pour eux un appartement pendant qu’ils s’étaient soustraits à leur contrôle judiciaire.
MM. Maj et Czeppel ainsi qu’un troisième Italien sont déjà mis en examen dans cette information judiciaire dans laquelle ils sont soupçonnés d’être proches des nouvelles brigades rouges qui ont revendiqué des attentats en Italie.
Vendredi en fin d’après-midi, un juge des libertés et de la détention (JLD) a placé les deux Espagnols en détention provisoire.
Interpellés lundi en Seine-Saint-Denis, ils avaient été placés en garde à vue à la Division nationale antiterroriste (DNAT, de la direction centrale de la police judiciaire).
Les deux Espagnols ont également été membres du Parti communiste d’Espagne reconstitué (PCEr), selon des sources proches du dossier. Selon leur avocat, Me Ambroise Colombani, "ils sont pour un communisme dur mais ils sont opposés à la lutte armée".
MM. Maj et Czeppel, membres du nouveau Parti communiste italien (nPCI), avaient été arrêtés une première fois à Paris le 23 juin 2003 à la demande de la justice italienne, qui enquêtait notamment sur l’assassinat, le 19 mars 2002, du conseiller du gouvernement Marco Biagi et sur la possible constitution d’une "association subversive".
Mis en examen le 27 juin 2003, ils avaient été écroués, puis remis en liberté en décembre 2003 et placés sous contrôle judiciaire avant de se soustraire à ce dernier fin 2004.
La mise en examen de Jose Antonio Ramon et de sa compagne intervient à moins d’un mois du début du procès de neuf personnes soupçonnées d’appartenir aux instances dirigeantes des Grapo, qui doit s’ouvrir le 16 novembre à Paris.
Apparus en 1975, un mois et demi avant la mort du dictateur espagnol Francisco Franco, les Grapo, qui revendiquent une idéologie marxiste pure et dure, sont crédités par les autorités espagnoles de plus d’un millier d’actions violentes entre juin 1975 et juin 2003, dont 80 assassinats et tentatives et 339 attentats à l’explosifs et tentatives.