26.09.05
L’arsenal de l’Armée républicaine irlandaise (IRA) a été complètement démantelé, a annoncé, lundi 26 septembre à Belfast, le général canadien John de Chastelain, chef de la Commission du désarmement."Nous avons informé les gouvernements britannique et irlandais que nous avons observé et vérifié (que) de très importantes quantités d’armes ont été mises hors d’usage, et nous estimons que cela comprend toutes les armes en possession de l’IRA", a-t-il indiqué, précisant que l’inventaire des armes mises hors d’usage avait été communiqué aux deux gouvernements. Un peu plustard, la direction de l’IRA a confirmé dans un communiqué "que le processus visant à mettre nos armes hors d’usage a été entièrement réalisé". Le pasteur protestant Harold Good, témoin des opérations au côté du prêtre catholique Alex Reid, s’est dit certain "sans l’ombre d’un doute" que les armes avaient été détruites.
L’IRA avait officiellement renoncé à la violence le 28 juillet, après trente-cinq ans d’affrontements meurtriers entre les loyalistes, favorables au maintien de l’Irlande du Nord dans le Royaume-Uni, d’une part, et les catholiques républicains, indépendantistes, d’autre part. La principale organisation clandestine catholique de l’île s’était engagée à démanteler son arsenal au complet dans les plus brefs délais, un geste historique réclamé par les dirigeants protestants depuis les pourparlers de paix préparatoires de 1995.
Le premier ministre britannique Tony Blair a salué "un important développement dans le processus de paix, que nous avons tous attendu, depuis longtemps". Dans son communiqué diffusé par Downing Street, il s’est félicité de "la confirmation du général de Chastelain que le désarmement de l’IRA est achevé et que la quantité d’armes et de matériel démantelés par l’IRA est conforme aux estimations des services de sécurité des deux gouvernements (de Londres et Dublin) l’année dernière". De son côté, le premier ministre irlandais Bertie Ahern a estimé que "la déclaration de la Commission (...) est porteuse d’énormes conséquences". "C’est un développement historique, d’une signification véritablement historique, l’IRA n’a plus d’armes", s’est-il enthousiasmé lors d’une conférence de presse à Dublin, ajoutant que "les mots sont clairs et particulièrement bienvenus".
SCEPTICISME DES PROTESTANTS
"Je pense que cette évolution aura un effet libérateur", a estimé Michael McLaughlin, président du Sinn Fein, à la radio nationale irlandaise. "Cela pourrait prendre du temps mais la voie est libre maintenant pour que les gens qui souhaitent voir la politique remplacer le conflit dans la rue prennent leurs responsabilités", a-t-il ajouté."Il s’agit de raviver le processus de paix, il s’agit de l’avenir de l’Irlande", a assuré Martin McGuinness, ancien chef de l’IRA devenu numéro deux du Sinn Fein. "Et cela va placer une responsabilité énorme sur les épaules des dirigeants du Parti démocratique unioniste (DUP)", dirigé par le protestant ultra Ian Paisley.
Avec l’annonce officielle du désarmement de l’IRA, la balle est, en effet, dans le camp du principal parti protestant unioniste. Mais le DUP, favorable au maintien de l’Irlande du Nord au sein du Royaume-Uni, a fait part de son scepticisme à l’égard du désarmement de l’IRA, regrettant qu’il n’ait pas été prouvé par des photos comme Ian Presley l’av ait demandé.Lundi matin, Nigel Dodds, député du DUP, a ainsi estimé que "sans aspect visuel (...) la crédibilité du processus a été endommagée" et que "Quelqu’un qui a été nommé par l’IRA ne suscitera pas la même confiance que quelqu’un délégué par la population unioniste", pour témoigner du désarmement de l’IRA, avait-il insisté.
L’accord de paix du Vendredi saint de 1998 prévoyait le désarmement de tous les groupes armés, catholiques ou protestants, ainsi que le démantèlement des installations militaires britanniques en Irlande du Nord. Le général de Chastelain a indiqué qu’il restait à la Commission à traiter le problèmes des armes encore détenues par des groupes loyalistes.
Avec AFP et Reuters