Le Journal du Pays Basque
2005-07-23
Colère, manifestations et deuil
·Les incidents et dénonciations se multiplient au surlendemain du décès
d’Imanol Gomez, militant présumé d’ETA , dans un accident de la route
près de Cahors en fuyant les gendarmes
Les manifestations d’aujourd’hui à Saint-Sébastien, Bilbao et
Vitoria-Gasteiz ont été interdites par le gouvernement autonome basque.
Le département de l’Intérieur a justifié hier cette décision "pour
prévenir les incidents et éviter l’exaltation du terrorisme", indiquant
le "risque clair" que se produisent "des altérations de biens publics
et attaques de biens".
Ces interdictions ont été dénoncées par Askatasuna qui a annoncé
maintenir ces rendez-vous. "Qu’ils sachent qu’au-delà de leur violence
il y a la dignité de ce peuple, et que les blessures qu’ils nous
infligeraient n’empêcheront pas que l’on rende hommage à Imanol Gomez".
Au Pays Basque nord, des manifestations sont également organisées par
le Comité de soutien aux prisonniers basques ce midi devant les mairies
de Bayonne et Saint-Jean-Pied-de-Port, et ce soir à 19h à Ciboure,
Hendaye.
Askatasuna a décrété ce samedi "journée de lutte" (borroka eguna) après
le décès du militant présumé d’ETA, Imanol Gomez, près de Cahors
mercredi, dans un accident de la route en tentant d’échapper à la
gendarmerie. Le jeune homme de 27 ans est originaire du quartier Altza
de Saint-Sébastien, et aurait été "en fuite" depuis 2003, selon des
sources policières.
Le corps d’Imanol Gomez devait être autopsié hier à Toulouse, avant que
la dépouille ne soit remise à sa famille. Une partie de celle-ci,
présente à Toulouse, n’était toujours pas autorisé à voir le défunt.
Pour sa part, Askatasuna a dénoncé qu’aucune confirmation officielle
n’a été transmise à la famille.
Au Pays Basque, les manifestations se sont multipliées pour dénoncer un
décès interprété comme "conséquence directe du conflit politique" par
Askatasuna. Jeudi soir, 50 personnes à Hendaye, autant à Bayonne, 15 à
saint-Jean-Pied-de-Port, 35 à Ciboure ont répondu à l’appel à
manifester.
A Saint-Sébastien, la police autonome basque a dispersé jeudi environ
200 personnes qui protestaient contre le décès. Selon des témoins, la
police basque a chargé les manifestants qui marchaient derrière une
pancarte indiquant : "Imanol, combattant, le peuple ne pardonnera pas"
(Imanol, gudari, herriak ez du barkatuko). Les manifestants ont répondu
en jetant de pierres, des chaises et des bouteilles en verre en
direction des policiers, ont ajouté ces témoins. Le ministère autonome
basque de l’Intérieur a réfuté cette version et indiqué que les
manifestants s’étaient d’eux-mêmes dispersés à l’approche des policiers.
Pour sa part Batasuna appelle à prendre part aux mobilisations de ce
samedi, en particulier à Bayonne, Garazi, Ciboure et Hendaye. Le parti
indépendantiste "tient à dénoncer l’attitude de la police française
(...) en train de poser le maximum d’obstacles à la famille", et
rappelle que ce n’est pas "un banal accident de la route" en soulignant
le contexte politique.
Attentat à l’explosif à Gernika
Un engin piégé a explosé dans la nuit de jeudi à vendredi, provoquant
d’importants dégâts mais aucun blessé, dans les locaux d’une entreprise
de construction à Gernika, en Biscaye, a annoncé le gouvernement
autonome basque. L’engin placé contre des locaux au rez-de-chaussée
d’un immeuble a explosé vers 2h du matin vendredi. L’immeuble qui
comportait des appartements aux étages supérieurs a été évacué par
sécurité le temps que la police réalise une inspection complète des
lieux. Cet attentat, qui n’a pas été revendiqué, a été attribué à ETA
par la Ertzaintza, et a été précédé dans la nuit de plusieurs actes de
violence en divers endroits du Pays Basque sud et de rassemblements de
protestation après le décès, mercredi en France, d’un membre présumé
d’ETA accidenté dans sa fuite lors d’un contrôle routier. A
St-Sébastien, à la suite de la dispersion d’une manifestation organisée
contre la mort de Imanol Gomez en France, des "personnes cagoulées" ont
lancé des cocktails molotov contre un bus. Cette action n’a pas fait de
blessé mais a brûlé entièrement le bus, précise-t-on au ministère de
l’Intérieur basque. En d’autres endroits, à Getxo, Elorrio, Bilbo, et
Abadiño, la police a relevé des feux de containers poubelles.