AMSTERDAM (AFP) - Trois mois après l’assassinat du dirigeant populiste néerlandais Pim Fortuyn, le procureur a présenté vendredi, au cours d’une audience procédurale, de nouveaux éléments de preuve qui pourraient indiquer que l’assassin présumé avait des liens avec d’autres criminels.
Le suspect, Volkert van der Graaf, un militant de la cause animale de 33 ans, avait choisi de ne pas assister à cette audience publique, la première depuis la mort de Pim Fortuyn, le 6 mai dernier. Volkert van der Graaf observe une grève de la faim depuis quatre semaines --il ne boit que des jus de fruit-- afin de protester contre ses conditions de détention.
Le procureur Koos Plooy a indiqué que des traces d’ADN "n’appartenant pas au suspect" avaient été retrouvées sur l’arme du crime. Ces traces d’ADN correspondent à des échantillons retrouvés dans une affaire criminelle remontant à décembre 2001, a-t-il indiqué. Cette affaire serait un vol ou un cambriolage et l’auteur présumé est en détention, a précisé un porte-parole du parquet à l’agence de presse néerlandaise ANP.
Les enquêteurs néerlandais poursuivent leurs investigations pour déterminer si ces nouveaux éléments indiquent que Volkert van der Graaf n’a pas agi seul, a précisé le procureur.
Volkert van der Graaf a été arrêté à quelques mètres du lieu où Pim Fortuyn a été abattu, en possession d’une arme, quelques minutes après le crime. Le chauffeur de Pim Fortuyn affirme l’avoir vu tirer et l’a suivi jusqu’à son arrestation par la police, a indiqué le procureur.
Volkert van der Graaf est inculpé provisoirement du "meurtre avec préméditation" de Pim Fortuyn, mais aussi de menaces à l’égard de deux témoins et de détention illégale d’arme à feu.
Des traces de sang de Pim Fortuyn ont été retrouvées sur l’arme du suspect, un pistolet de marque Firestar, a indiqué le procureur.
Lors d’une perquisition effectuée à son domicile, les enquêteurs ont par ailleurs retrouvé des substances qui auraient permis la fabrication d’une bombe. Le procureur a estimé que les preuves contre le militant de la cause animale étaient "très sérieuses".
Volkert van der Graaf a jusqu’à présent refusé de faire la moindre déclaration aux enquêteurs, entretenant le mystère sur ses motivations.
Pendant l’audience, son avocat, Stijnen Franken, s’est élevé contre le fait que la presse et l’opinion publique ont déjà condamné son client.
Les juges ont accepté sa demande de faire entendre comme témoins des députés qui avaient fait des déclarations sur l’assassinat, notamment le chef du Parti de Pim Fortuyn (Liste Pim Fortuyn, LPF) au Parlement Mat Herben. Ils ont également décidé de prolonger la détention préventive de Volkert van der Graaf de 90 jours. Son procès ne devrait débuter que dans plusieurs mois.
L’assassinat de Pim Fortuyn à dix jours des élections législatives avait déclenché une onde de choc aux Pays-Bas. Fier de son homosexualité et de son ton détonant dans la politique néerlandaise, Pim Fortuyn avait fondé sa campagne sur la lutte contre l’immigration.
Son mouvement est devenu la deuxième formation politique des Pays-Bas à l’issue des élections et fait partie du nouveau gouvernement de coalition aux côtés des chrétiens-démocrates du CDA et des libéraux du VVD.