RIO DE JANEIRO, 12 sept (AFP) - Le secrétaire à la sécurité publique de Rio de Janeiro, Roberto Aguiar, a annoncé jeudi matin la fin de la mutinerie dans la prison de haute sécurité de Bangu I, dans la zone ouest de Rio de Janeiro, qui s’est soldée par 4 morts --tous des détenus-- et 23 heures de tension et de terreur.
Dans une interview au programme "Bonjour Brésil" de la TV Globo, M.Aguiar a précisé que six otages ont été relâchés indemnes et que la police occupe maintenant la prison qui comprend 48 cellules individuelles.
Deux des huit personnes qui avaient été prises en otages mercredi -- quatre gardiens de la prison et quatre ouvriers qui effectuaient des travaux -- avaient déjà été libérés au milieu de la nuit.
Le secrétaire à la sécurité a confirmé la mort de quatre narcotrafiquants dont Ernaldo Pinto de Medeiros, alias ’Uê’, l’un des principaux trafiquants de la ville et deux de ses beaux-frères. Le corps de Uê a été entièrement carbonisé. La mort de deux trafiquants inititialement annoncée a finalement été démentie. Ils n’ont été que blessés, frappés par co-détenus rivaux, a précisé Aguiar.
Il a souligné que "l’Etat légitime n’a cédé à aucun type de pression des mutins". Les autorités avaient fixé un délai aux mutins pour libérer les otages à la fin duquel ils envahiraient le pénitencier.
Le gouverneur de Rio, Mme Benedita da Silva, du Parti des Travailleurs (PT-gauche) a suspendu de leurs fonctions le directeur de la prison, Ricardo Couto, et 12 agents pénitenciers qui étaient de garde avant le début de la rébellion. Une enquête a été ouverte pour savoir comment les armes ont pu entrer dans le pénitentier et comment les détenus ont pu sortir des cellules, ce qui est impossible sans la connivence de certains gardiens, affirment les autorités.
Le gouverneur a renforcé la sécurité dans 18 endroits de la ville où des narcotrafiquants de bandes rivales qui dominent le trafic de drogue dans les favelas pourraient s’affronter.
Mercredi, à l’annonce de la mort de Uê, les membres de sa bande en liberté dans la favela du Dendê (zone nord de Rio) qu’il dirigeait avant sa détention ont ordonné la fermeture de tous les établissements commerciaux de la région et des écoles "en signe de deuil".
Le "capo" de la drogue brésilien, "Fernandinho Beira Mar", capturé en avril 2001 en Colombie puis écroué à Bangu, est à l’origine de la rixe entre factions rivales de trafiquants de drogue dans cette prison. La rixe avait commencé à O8H30 locales (11H30 GMT) mercredi.
Beira Mar "était en train de mettre en route un processus d’unification nationale des différentes factions criminelles et pour cela il a décidé d’éliminer les réfractaires", a indiqué Roberto Aguiar. Uê était son principal rival et refusait l’unification.
M. Aguiar a indiqué que la prison a été partiellement détruite par les mutins.
L’entrée des journalistes a été autorisée dans le bâtimentde Bangu I pour assurer l’intégrité physique des détenus pendant la fouille des cellules par la police. La police a déjà saisi cinq pistolets et une carabine.
Mercredi, le pénitencier avait été complètement encerclé par 300 hommes de plusieurs bataillons de police et un hélicoptère survolait les lieux tout comme le dirigeable mis à la disposition de la police il y a dix jours pour l’aider à combattre la violence.
Des 15 bâtiments formant le complexe pénitencier de Bangu qui abritent 11.000 détenus, Bangu I est le plus imposant même s’il n’a que 48 places. Il est partagé en quatre ailes de 12 cellules chacune et possède des murs de huit mètres de haut avec du fils barbelé, des caméras vidéos et des détecteurs de métaux.
Le secrétaire à la Justice de l’Etat, Paulo Saboya, a reconnu récemment que Beira Mar continuait à faire régner la terreur depuis le pénitencier. Il a admis qu’il était "difficile de contrôler les 11.000 détenus écroués à Bangu avec un nombre limité de gardiens". De plus, selon lui, une sécurité efficace est "impossible" du fait que quelque 30.000 personnes rendent visite aux détenus chaque week-end.