PARIS, 8 nov (AFP) - Le garde des Sceaux Dominique Perben et le secrétaire d’Etat aux programmes immobiliers de la Justice Pierre Bédier annonceront le 20 novembre en Conseil des ministres la création, pour 1 milliard d’euros, de vingt-huit nouvelles prisons, dont huit pour mineurs, toutes construites d’ici 2007.
Cette annonce, qui vient en application de la loi de programme du ministre de la Justice prévoyant la construction de 11.000 places de prison, devait initialement être faite mercredi prochain mais a été reportée, les "ultimes arbitrages n’étant pas terminés", a-t-on indiqué vendredi de source proche du dossier.
Pour l’occasion, le secrétaire d’Etat présentera la localisation de ces nouveaux établissements, jusqu’à présent tenue secrète. Le coût global de ces constructions est estimé à environ un milliard d’euros et devront être achevées d’ici 5 ans.
Les huit établissements pour mineurs regrouperont 400 places, soit 50 personnes en moyenne par prison. Par ailleurs, 4.000 places viendront remplacer des établissements vétustes, prévus à la fermeture.
"Ces constructions ne couvriront toutefois pas l’ensemble des 11.000 places prévues dans la loi de programme", précise-t-on de même source.
On ignore si le centre de détention corse dont la construction a été prévue d’ici 4 ou 5 ans dans la région d’Ajaccio fait partie des établissements.
Pour leur financement, le gouvernement utilisera des moyens prévus, l’un par la loi Perben, l’autre par la loi Sarkozy sur la sécurité intérieure.
La première procédure est celle qui avait déjà été retenue dans le "programme 13.000" de l’ancien garde des Sceaux Albin Chalandon, à savoir la possibilité pour l’Etat de livrer à des entreprises privées, par un concours unique, la conception, la construction et l’exploitation (cantines, lingerie etc.) de ces établissements.
Les grandes agglomérations plutôt rétives
La seconde procédure prévoit, sur un terrain qui appartient à l’Etat, de donner à un constructeur privé la possibilité d’édifier lui-même et à ses frais l’établissement qu’il loue ensuite aux pouvoirs publics, lesquels à terme deviennent propriétaires des murs (sorte de crédit-bail).
Dans un entretien récemment accordé à l’AFP, le secrétaire d’Etat avait expliqué "avoir eu du mal" à négocier l’emplacement de nouvelles prisons dans les grandes agglomérations, où ce type d’implantation est mal vu par les élus.
"En revanche dans les petites agglomérations ça se passe bien puisque cela crée un vivier d’emplois", avait rapporté Pierre Bédier.
Problème : autant il n’est pas gênant que les détenus condamnés soient logés en rase campagne, autant c’est plus ennuyeux pour les maisons d’arrêt (qui accueillent des personnes non encore définitivement condamnées), pour lesquelles les flux sont plus importants.
Afin de définir la nature des établissements qui seront construits (niveaux de sécurité, infrastructures socio-éducatives, conditions de travail des détenus, etc.), une mission de réflexion a été confiée à René Eladari, qui avait déjà été chargé du "programme 13.000".
Ce dernier a indiqué à l’AFP doit rendre ses conclusions dans le courant du mois de janvier 2004.