Comme Sebas Bédouret l’a dit hier à son avocat, la Guardia Civil, après
l’avoir arrêté, l’a torturé, et à la caserne d’Intxaurrondo et à la
caserne de Madrid. Le journaliste qui était présent samedi pour se
rendre à l’acte organisé par le mouvement pro-amnistie a tout nié
devant le juge, mais il a néanmoins été incarcéré pour "collaboration
avec ETA".
MADRID
Sebas Bédouret, le journaliste de la radio Txalaparta de Paris, a fait
savoir hier à son avocat que pendant les trois jours qu’il a passé avec
la Guardia Civil il a subi menaces, mauvais traitements et tortures.
Samedi, la Guardia Civil l’a arrêté lors d’un contrôle quand il se
rendait au Vélodrome d’Anoeta avec d’autres représentant internationaux
dans l’intention de participer à l’acte organisé par le mouvement
pro-amnistie. D’après ce qu’il a dit à son avocat, la Guardia Civil a
fait descendre tout le monde de l’autobus, et à la fin du contrôle,
alors que tout le monde remontait dans le bus en récupérant ses papiers
d’identités et allait s’asseoir, c’est là qu’ils lui ont demandé si le
sac à dos qui était sur son siège était à lui.
Après avoir reconnu qu’il était à lui, ils l’ont fait à nouveau
descendre du bus, et ils lui ont dit que dans ce sac il y avait
quelques CD et un exemplaire de la revue d’ETA "Zutabe". Bien qu’il ait
dit et répété que cela n’était pas à lui et qu’il ne comprenait rien,
il a été emmené à la caserne d’Intxaurrondo.
A neuf reprises
Il a dit à son avocat que là, ils l’ont mis face à un mur et que "à
neuf reprises, jusqu’à ce qu’il apprenne par coeur une fausse
déclaration, ils l’ont sans arrêt insulté, menacé et roué de coups".
Entre autres, ils lui disaient qu’ils allaient arrêter sa copine qui
est dans son huitième mois de grossesse. Ils l’ont aussi exposé à un
froid glacial.
Après avoir reconnu, contre sa volonté, que les CD et le "Zutabe"
étaient bien à lui et qu’il avait la charge de les distribuer dans deux
bistrots de Paris, ils l’ont amené à Madrid. Il a fait le voyage
jusqu’à Madrid avec quatre gardes civils, la tête entre les genoux et
les mains attachées. Bédouret a expliqué que, comme la déclaration
précédente n’était pas suffisante, il a été obligé de déclarer qu’il
était en possession d’un code de sécurité. Malgré le froid glacial
qu’il faisait dans la caserne de Madrid, il a été mis presque nu, et
les cris et les menaces ont continué jusqu’à ce que les gardes aient
entendu ce qu’ils voulaient. Pendant les trois jours, il n’a pas pu
dormir, et il a refusé de manger.
Quand il a été présenté au juge lundi, il est revenu sur ses
déclarations en expliquant qu’il les avait formulées sous la torture,
mais le juge Ismael Moreno l’a fait incarcérer à la prison de Soto del
Real sous l’accusation de "collaboration avec ETA".
Bédouret a dénoncé le fait que son arrestation est un "montage
policier" et qu’ils l’ont obligé "à faire une fausse déclaration sous
la torture".
"On torture aussi les solidaires"
Askatasuna a déclaré que ce qui est arrivé à Sebas Bédouret prouve que
le gouvernement espagnol utilise la torture contre les citoyens basques
mais aussi contre les citoyens solidaires du peuple basque, d’où qu’ils
viennent. L’organisation anti-répressive dénonce non seulement que ce
qui est arrivé à Sebas Bédouret est un "montage", mais met aussi
l’accent sur le fait que "les tortures, la répression et les situations
extrêmes de ce type" doivent disparaître. "Les gouvernements espagnol
et français doivent une fois pour toutes cesser de conditionner la vie
politique d’Euskal Herria et doivent cesser d’utiliser ce rouleau
compresseur contre ses citoyens", a déclaré Askatasuna.
Gara (2007-01-10)