Trois membres présumés de l’organisation séparatiste basque ETA ont été interpellés samedi à Labesserette, petit village du Cantal, trois jours après l’arrestation du chef présumé de l’appareil logistique de l’ETA en Lozère, a-t-on appris de source proche de l’enquête.
Les trois hommes arrêtés samedi dans un gîte à une vingtaine de kilomètres au sud d’Aurillac "s’occupaient de l’approvisionnement en explosifs et autres produits" de l’organisation indépendantiste, selon les autorités espagnoles.
Leur arrestation intervient après l’interpellation mercredi à 150 km de là de trois autres membres présumés de l’ETA, dont Zigor Garro Perez, 36 ans, considéré par la police espagnole comme le chef de l’appareil logistique de l’ETA depuis 2004, arrêté avec sa compagne et un complice.
Leurs interpellations ont été perçues en Espagne comme la riposte au vol de 350 armes à feu le 23 octobre à Vauvert (Gard) par un commando de l’organisation basque armée. Ce vol a semé le doute sur la volonté réelle de l’ETA de renoncer définitivement à la violence en dépit du cessez-le-feu permanent qu’elle observe depuis le 24 mars.
Les trois hommes, arrêtés sans incident dans le Cantal samedi matin, vont aussi être interrogés sur le vol de Vauvert, selon une source proche de l’enquête.
Une trentaine de policiers de la sous-direction de l’anti-terrorisme (SDAT) de la direction centrale de la police judiciaire, du SRPJ de Clermont-Ferrand et de la DIPJ de Bordeaux ont participé à leur interpellation, peu avant 11H00, dans un hameau de Labesserette, commune de 290 habitants.
Ils se trouvaient toujours sur place, samedi en fin d’après-midi, en compagnie des trois occupants du gîte, Borja Gutierrez Elordui, Eneko Bilbao Aresti et Zorian Zalzamendi Abad, âgés de 25 à 35 ans, recherchés par la justice espagnole, selon la même source.
Plusieurs armes de poing et un fusil ont été saisis lors de la perquisition dans le gîte, une maison récente d’un niveau, aux murs crépis beiges et au toit de tuiles rouges.
La maison, à 3 km du bourg de Labesserette, était louée depuis le 20 novembre par Borja Gutierrez Elordui. "Il m’avait dit qu’il était représentant en articles de sport et qu’il voulait louer le gîte pour trois à six mois, avec deux collègues, le temps de démarcher les grandes surfaces du Cantal et des départements limitrophes", a indiqué à l’AFP le propriétaire du gîte, qui a requis l’anonymat.
L’Espagnol, qui "présentait très bien et parlait français avec un accent", a donné un faux nom en présentant de fausses fiches de paie espagnoles. Il a payé un mois de location d’avance et un mois de caution en espèces. Il conduisait une voiture immatriculée dans l’Essonne, a précisé le propriétaire.
Il est soupçonné d’avoir, entre le 20 et le 25 novembre, volé plusieurs voitures dans le Cantal. Les gendarmes, qui avaient mis en place un vaste dispositif de recherches qui n’a pas permis de l’interpeller, ont été dessaisis au profit du SRPJ de Clermont-Ferrand et de la SDAT.
L’enquête a permis rapidement d’identifier Borja Gutierrez Elordui, qui a été localisé en début de semaine et placé sous surveillance policière.
Le 3 octobre 2005, à Arpajon-sur-Cère, à une vingtaine de kilomètres au nord de Labesserette, trois autres membres présumés de l’ETA avaient été arrêtés, dont Harriet Aguirre soupçonné d’avoir été le chef des commandos de l’organisation séparatiste.