L’avocat général de la Cour d’assises spéciale de Paris, Christophe Tessier, a requis entre une peine de prison avec sursis et 25 ans de réclusion criminelle lundi contre 14 membres présumés de l’organisation indépendantiste basque ETA, jugés pour des faits d’extorsions de fonds, de vols et de détention d’armes.
La peine de 25 ans de réclusion, assortie d’une mesure de sûreté des deux-tiers et d’une interdiction définitive du territoire français (IDTF), a été réclamée contre Asier Oyazarbal-Chapartegui présenté, comme un ex-responsable de l’appareil logistique de l’ETA.
"Il est le chef de cet appareil logistique. Il est à l’origine de presque toutes les actions, au courant de toutes les affaires. Il est le coordinateur de tout ce petit monde", a affirmé le magistrat.
Christophe Tessier a souhaité que trois autres personnes -Didier Aguerre, Laurence Guimon et Alberto Ilundain-Iriarte- écopent de 20 ans de réclusion assortie d’une période de sûreté de 20 ans. Dix-huit ans de réclusion ont été requis contre Maria-Dolores Lopez-Resina et Juan-Angel Ochoantesana, quinze ans contre Felix Ignacio Esparza Luri, le mari de Laurence Guimon.
Toutes ces personnes ont été qualifiées d’"épine dorsale" par le représentant de l’accusation qui a réclamé une IDTF contre les accusés de nationalité espagnole.
Quant aux "hébergeurs" français du groupe, la famille Erbina, l’avocat général a réclamé cinq ans d’emprisonnement pour les deux filles, Amaïa et Miren, trois ans pour la mère, Concepcion, deux ans pour le père, Bernardo, et une peine avec sursis non déterminée pour le fils, Xavier. Ils sont les propriétaires de la grange où ont été caché de nombreuses armes. Sept ans de prison ont été demandées pour deux accusés jugés en leur absence, Zigor Garro Perez et Ibon Gogeascoechea Arrontategui.
Ce groupe a été démantelé en automne 2001. Ces arrestations ont permis la découverte d’une cache d’armes dans les Landes, dans la grange des Erbina, en juillet 2002. Les enquêteurs y ont trouvé des missiles, des armes de poing, des explosifs volés dans les Côtes d’Armor, du matériel de fabrication de faux papiers, de la documentation interne de l’ETA et des sommes d’argent provenant de l’impôt révolutionnaire.
Les accusés ont refusé au début de leur procès le 17 novembre dernier de cautionner "une mascarade judiciaire". "Vous pouvez nous condamner, jamais vous ne pourrez nous juger", a notamment lancé Asier Oyazarbal-Chapartegui. Ce procès se déroule devant une Cour composée de magistrats professionnels comme le prévoit la loi pour les procès à caractère terroriste. Les avocats de la défense doivent plaider mardi. Le verdict est attendu mardi soir ou mercredi.