Le procès de l’appareil logistique de l’ETA s’est ouvert vendredi à Paris sous tension et avec des discours revendicatifs des accusés, au premier rang desquels l’ancien dirigeant de l’organisation terroriste basque, Asier Oyarzabal-Chapartegui.
Au moment où le processus de paix initié entre le gouvernement espagnol, l’ETA et la mouvance indépendantiste basque traverse un moment de crise, l’attitude et les paroles éventuelles des accusés qui revendiquent leur appartenance à l’ETA étaient attendues.
Il n’a pas fallu longtemps pour jauger l’état d’esprit combatif des accusés.
Asier Oyarzabal-Chapartegui, bientôt 35 ans, considéré comme le chef de l’appareil logistique de l’ETA au moment de son arrestation en France en septembre 2001, Maria-Dolores Lopez-Resina, Alberto Ilundain-Iriarte, Didier Aguerre, Juan Angel Ochoantesana-Badiola, Félix Ignacio Esparza-Luri et Laurence Guimon, ont pénétré sous bonne escorte dans le box de la cour d’assises spéciale de Paris.
Six d’entre eux arboraient un tee-shirt à l’effigie d’Ohiane Errazquin-Galdos, arrêtée en même temps que Chapartegui et qui s’est suicidée à la prison de Fleury-Mérogis en juillet 2004.
Daignant à peine se lever à l’énoncé de leur nom, ils ont refusé de répondre à l’interrogatoire d’identité du président, disant juste "basque" quand celui-ci mentionnait leur nationalité espagnole (pour cinq d’entre eux) ou française (pour deux).
Souhaitant prendre la parole pour lire un texte dactylographié, Esparza-Luri a été prié de se rasseoir par le président. Tous les accusés ont alors entonné poing levé la chanson des soldats basques "Eusko Gudariak", l’hymne de l’ETA, criant également "gora ETA" (vive ETA), repris par leurs proches dans le public.
L’audience a été brièvement suspendue et tout le monde évacué.
Les accusés ont ensuite été autorisés à lire leur déclaration. En français, Esparza-Luri et à sa suite Chapartegui ont dénoncé un "tribunal d’exception" et une "mascarade judiciaire" à laquelle ils ont annoncé qu’ils ne participeraient pas.
Ils ont clairement revendiqué l’appartenance de tous à l’ETA et se sont présentés comme des combattants "pour le droit du peuple basque à disposer de son avenir".
"Tant que l’Etat français ne reconnaîtra pas la réalité du conflit basque, ce conflit perdurera", a affirmé Esparza-Luri. Chapartegui a fait référence à la trêve actuelle en s’adressant là encore au gouvernement français en non au gouvernement espagnol : "huit mois après, vous continuez à ne pas reconnaître l’existence du peuple basque. Vous vous trompez, il n’y a pas de solution répressive".
"Nous en appelons au gouvernement français afin qu’il ne gâche pas l’opportunité qui se dessine, a lancé Esparza-Luri. En fermant la porte à une issue politique, il prend le risque de prolonger le conflit."
La cour d’assises spéciale, composée de sept magistrats comme c’est toujours le cas en matière terroriste, a procédé ensuite à la lecture du long dossier d’accusation.
Les sept membres revendiqués de l’ETA sont jugés pour des détentions d’armes, de documents comptables de l’ETA, retrouvés notamment dans une importante cache, en juillet 2002 dans les Landes. Deux autres "etarras", toujours recherchés, sont jugés par défaut.
Comparaissent également les cinq membres d’une même famille, chez lesquels la cache a été découverte.
Le procès est prévu jusqu’au 30 novembre.