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Publiée le 8 novembre 2006

- Basque


Iñaki de Juana commence une nouvelle grève de la faim

Le prisonnier politique basque Iñaki de Juana Chaos a commencé une nouvelle grève de la faim suite aux fuites qui ont eu lieu dans divers médias, fuites dans lesquelles des spéculations ont lieu quant à la condamnation qui pourrait lui être imposée par l’Audience Nationale.

Comme l’a confirmé à GARA la défense de Iñaki de Juana, le prisonnier originaire de Donostia/Saint Sébastien a commencé une nouvelle grève de la faim suite aux fuites publiées aujourd’hui par divers médias selon lesquelles l’Audience Nationale le condamnera à 12 ans et demi de prison pour « menaces terroristes » suite à deux articles d’opinion publiés dans GARA, « El escudo » et « Gallizo ».

De Juana a été jugé pour ces deux articles le 27 octobre dernier, et il avait nié que son intension ait été de menacer qui que ce soit. Le prisonnier, qui devrait avoir retrouvé la liberté depuis 2003, avait signalé que sa finalité, en écrivant les deux articles, était de réaliser une critique politique et faire savoir à l’opinion publique l’injustice qu’il vivait. Après une première demande du procureur fixée à 96 ans de prison, le représentant du Parquet de l’Audience Nationale, Fernando Burgos, avait finalement laissé deux alternatives pour retenir le militant en prison. La première, lui imposer quatre ans de prison pour « délit d’apologie » et, la seconde, le condamner à treize ans pour « délit de menaces ».

Iñaki de Juana avait mené une grève de la faim de 63 jours, entre le 7 août et le 8 octobre, afin d’exiger sa mise en liberté et dénoncer les mesures d’exception appliquées au Collectif des Prisonnier(e)s Politiques Basques. *** Solidaires du Peuple basque en lutte - Paris reproduisent plus bas la traduction qu’ils avaient effectuée des deux articles pour lesquels Iñaki De Juana est poursuivi. Bouclier

Je regarde la télé. J’écoute la radio. Je lis des journaux et des magazines. Le bombardement est intense et permanent. L’ennemi se sent de plus en plus puissant. Des arrestations en Iparralde (Pays basque Nord) et Hegoalde (Pays basque Sud). Coups de filet de la police dans les États français et espagnol. Des infos empoisonnées qui cherchent à inoculer le virus de la méfiance.

Le « Lobo »(loup), simple indic que la « txakurrada » (la police en terme vulgarisé, comme on dirait « la volaille ») avait éliminé avant de le balancer au fumier de ce qui n’est plus utile (comme pour tous les minables indics), est aujourd’hui à nouveau récupéré et porté à la catégorie des héros de l’infiltration et des services secrets ; acteur principal de films et de reportages où on exhibe des fanfaronnades romanesques à coups de scénario et de chéquiers.

Manœuvres de découragement. Fuites de courriers et de conversations, complètes ou partielles mais, ce qui est certain, manipulées et intéressées, tout en reconnaissant que nous devons éviter de leur rendre la tâche plus facile.

Dispersion pénitentiaire : dans les différents centres pénitenciers et à l’intérieur même des établissements. Traitements indignes, tortures rénovées avec le temps mais permanentes dans leurs formes et aussi anciennes que la répression politique. Agressions, souffrance pour nos familles, nos proches et nos amis. Camarades malades soumis au chantage de la gravité de la situation.

Oui, l’offensive est forte sur tous les fronts, et indéniable. L’ennemi, peut-être, est-il en train d’imaginer qu’il est capable de nous donner le coup de grâce ? Qu’il peut arriver à achever le Mouvement de Libération National Basque ? Qu’il va obtenir la soumission d’un peuple ou au moins étouffer le bruit de ses pas en le faisant marcher exclusivement sur la moquette ?

Je n’ai pas besoin d’être un devin pour pouvoir clamer avec force et détermination, avec une expression politiquement incorrecte : « Que ce soit clair pour vous : allez vous faire foutre, vous n’allez pas gagner. N’avez-vous pas encore remarqué que nous avons un bouclier invulnérable, celui d’avoir raison ? ».

Comme tout pouvoir totalitaire, fasciste ou néofasciste, le Gouvernement actuel du PSOE, à l’égal de son prédécesseur et de ceux qui les ont précédés, se voit dans le besoin de réécrire en permanence l’histoire ; de manipuler et de mentir tout en désignant les bons et les méchants en fonction de sa propre convenance, dépassant largement les limites de la fiction orwelienne bien connue. Et ce comme stratégie de guerre avec pour seul but proclamé : notre assimilation. Obtenir de nous le renoncement à nos principes, à nos valeurs et à nos droits et notre intégration à leur système.

Juges prévaricateurs, politiciens corrompus, professionnels de la torture, gardiens de prison sans scrupules....vous êtes ennuyeux, lassants et prévisibles. Vous ne méritez ni respect, ni aucune considération de ma part, pas même celle de faire attention au ton de cette lettre.

Cependant, cela mérite une explication. Totalitaire, la façon de faire de Zapatero ? Fascistes, ces petits yeux bleus et ce sourire d’ange ? Le même qui a fait partir les soldats d’Irak ? Celui qui va faire modifier les lois sur l’avortement, le divorce et d’autres pour contenter la « gauche domestiquée » ? Et oui, totalitaire, sans aucun doute. Celui qui donne la priorité au Pays basque (il ne peut pas en être autrement pour les Basques), qui proclame des lois d’exception, crée ou maintient en place des tribunaux spéciaux, dissimule la torture, poursuit ou réprime les droits d’association, droits d’expression, droits de la presse... celui qui interdit la participation politique et électorale, celui qui fait tout pour faire taire une nation et lui nie son droit à l’autodétermination est un fasciste de manuel. Laissons de côté les fioritures du langage. Le 25 octobre 2004, techniquement, je terminais de purger la peine de prison que leur système juridique et pénitentiaire m’a imposée d’après le Code Penal de 1973, un code franquiste incomparablement plus « doux » que l’actuel, mis en place par ses héritiers. Cependant, je ne suis pas sorti de prison. Officiellement, du fait des doutes que le juge Gomez Bermudez - autre star météorique surgie grâce à la souffrance basque - a en ce qui concerne la peine accomplie. Encore une fois, je suis surpris - et j’espère ne jamais perdre cette capacité- du mépris des les lois par leurs propres serviteurs. Nous, qui nous battons contre elles, il est normal que nous les refusions. Mais que ceux qui en font leur gagne-pain les méprisent, cela montre la fonction réelle qu’elle occupe.

Par rapport à mon cas, on ne peut pas mais, surtout, on ne doit pas utiliser des termes comme illégalité, kidnapping... Je n’aime d’ailleurs pas qu’on les utilise pour me défendre. De la même façon que moi, illégalisé, quelques 700 camarades sont en prison et, au-delà de ces murs, toute une partie de la société basque qui ne s’est pas soumise, sont kidnappés par un système autoritaire, pour certains depuis bien plus longtemps que moi. Il y a des centaines de milliers de basques qui, aujourd’hui, se trouvent au 4ème degré pénitentiaire, susceptibles d’être importunés n’importe quelle nuit par des uniformes venant frapper à leur porte pour brandir des représailles à leur encontre du fait de leur « mauvais comportement ».

Le ministre Lopez Aguilar a été plus clair encore. On ne peut en aucun cas permettre la sortie de prison de De Juana et il n’y a rien d’autre à dire. La raison ? Il ne présente pas de signes selon lesquels qu’il est à nouveau socialisé. Cependant, et heureusement d’ailleurs, ni De Juana, ni l’immense majorité des 700 prisonnier€s, ni une grande partie de la société basque, ne donnent ces signes.

Socialiser à nouveau, dans le sens utilisé par l’ennemi, implique la défaite et l’acceptation des contrevaleurs magistralement représentées par tous les Lopez Aguilar, Zapatero et Gomez Bermudez. Ils devraient se poser la question suivante : si 700 camarades, avec des milliers d’années passées et/ou à passer en prison, ne donnent toujours pas de signe de « resocialisation », cela ne montrerait-il pas une faille dans le système pénitentiaire ? Ce qui les a fait échouer, c’est le fait que nous possédions le bouclier de la raison. Et que rien n’est insurmontable, personnellement et politiquement, à part l’intériorisation de l’échec.

Dans tous les processus, il y a des hauts et des bas. Les apparences trompent également. Politiquement, le bruit n’est pas signe de force, ni le silence signe de faiblesse. Nous allons gagner. Lisons l’histoire d’autres processus qui ont triomphé, pas celle des perdants. Nous devons comparer l’acceptation de notre discours politique de la part de la société basque aujourd’hui à celle d’il y a 25 ans. Le reste est facile : travail, sacrifice, apprendre des erreurs et ne pas mettre des bâtons dans les roues de notre bicyclette.

Il y a quelques années, j’ai écouté un camarade qui m’est très cher crier avec force : « Sortez vos sales pattes du Pays basque ». Oui, sortez-les, parce qu’un autre chemin n’impliquera que plus de souffrance. Dans le cas contraire, le futur démontrera sans doute que vous les y perdrez.

GALLIZO

Au cours de la Commission d’Investigation sur les attentats du 11 mars, Madame Margarita Uria - le 14 décembre dernier - s’est adressée au président du Gouvernement pour lui poser, entre autres, quelques questions concernant les affaires pénitentiaires. Après les préliminaires, accompagnés d’éloges à faire rougir adressées à Mercedes Gallizo, la membre de cette commission n’a interrogé Monsieur Rodriguez Zapatero que sur les fuites de certaines images et d’une lettre dans les médias.

Elle n’a pas soulevé le sujet de la torture et des mauvais traitements. Pas plus que celui de la mort et de la maladie de prisonniers. Elle n’a pas manifesté d’intérêt quant à l’isolement et à l’incommunication. Ni sur le point des accidents... Elle a encore moins posé de questions sur la dispersion. On aurait pu lui répondre que le parti politique auquel elle appartient a été un de ceux, parmi les plus importants, qui ont validé cette mesure. Le PNV a rendu légitimes la répression et la politique pénitentiaire la plus cruelle, non seulement dans leur conception théorique et de la couverture de leur mise en route qu’en tant qu’acteur principal, avec ses propres conseillers, au sein de la Direction Générale de Institutions Pénitentiaires.

Ni Madame Margarita Uria, ni aucun des élus au Parlement qui brandissent les droits humains comme drapeau de combat, n’ont eu la plus plus petite intention de s’intéresser aux brimades et agressions sexuelles subies par quelques-unes des femmes interpellées dans les derniers coups de filet de la police. Madame Uria ne prête aucun intérêt à ces faits, en tant qu’élue parlementaire comme en tant que femme. Et elle ne se pose pas de questions car elle sait que lorsque, dans le cadre d’une opération répressive avec la couverture médiatique qui s’en suit, on est interpellé comme membre présumé d’ETA, cela justifie largement l’absence de tout droit, y compris du droit à ne pas être torturé. Les hypocrites d’antan disaient : « Quien roba a un ladrón tiene cien años de perdón » (qui vole un voleur aura cent ans de pardon). Aujourd’hui, les citoyens ont de nouveaux référents qui disent : faire violence à celui qui a été agréssé n’est pas le signe d’une double violence mais celui de la justice et du silence. Mais ça, nous le savons tous, y compris la mandataire qui fait l’éloge de Madame Gallizo.

Face à autant d’éloges entre gens biens (pas comme moi qui suis Basque, rouge et doté de plusieurs istes supplémentaires), je me suis demandé si je ne me trompais pas. « Iñaki, pense positivement », me disais-je. J’imaginais que les murs en béton étaient en fait des murs de chocolat. L’acier, des cheveux d’ange .Les trois prisonniers morts aux aurores dans les prisons de Langraitz et de Zuera, des poupées de papier-mâché. Mais, et c’est curieux, je n’arrivais pas à imaginer que Madame Gallizo puisse être autre chose que ce qu’elle est, tout comme ceux qui l’ont précédée dans son poste n’étaient rien d’autre que ce qu’ils étaient.

Lorsque le PSOE a remporté les dernières élections générales, une certaine attente est née parmi ceux qui ont l’habitude d’y croire, par naiveté ou simplement par besoin. Des illusions qui, en politique, s’avèrent habituellement être fausses. C’est la même chose qui est arrivée avec la nomination de Madame Gallizo à la tête de la Direction générale de Institutions Pénitentiaires. Au début, les nombreux relais de Directeurs de centres pénitenciers laissaient croire aux préludes de changements plus importants. Lorsque j’ai eu connaissance de la liste des nouveaux nominés, ma conviction s’est réaffirmée selon laquelle le seul horizon de justice possible dans les prisons viendra de la démolition de leurs murs. Cette conviction, même si elle semble utopique, est, honnêtement, beaucoup plus réaliste que de prétendre ou espérer que le béton et le fer puissent enfermer des droits humains au lieu de la violence et de la souffrance.

Dans cette prison d’Algeciras, Madame Gallizo a révoqué le directeur Miguel Angel Rodriguez, alias « El Tragasables » (l’avale-sabres). Professionnel cultivé qui réagissait immédiatement dès qu’il entendait le nom d’un prisonnier politique basque. Il tenait un discours élaboré et s’exprimait avec un style fluide : « Les décisions judiciaires concernant les membres d’ETA, je m’en branle ». Bien connu du Collectif des Prisonnier€s Politiques Basques, il n’a pas été évincé à cause des montagnes de plaintes à son encontre, ni des irrégularités commises, non. Pas même à cause d’un délit « mineur » - il fait l’objet d’une instruction judiciaire sous l’accusation d’avoir mis la main dans la Caisse du Centre Pénitentiaire de Puerto II. Il a été cassé, parce qu’il n’appartient pas au même parti politique que Madame Gallizo. Jusqu’où ira-t-on !

J’allume la télé. Ils parlent du festival de cinéma de Huelva. À côté de l’acteur Imanol Arias, lui rendant hommage et lui bavant presque autour, il me semble reconnaître un visage qui évoque en moi des souvenirs désagréables. Il a les cheveux blancs et a pris un coup de vieux, mais certainement pas du fait de problèmes de conscience. Ce doit être le prix payé pour tous les excès commis. J’ai la consolation bête de constater que cette fois-ci, le tortionnaire a moins bonne apparence que les torturés. Aucun doute. Ce visage s’est gravé dans notre mémoire, à coup de mauvais traitements et de faim. Il s’agit de Francisco Sanz, sous-directeur de la prison de Malaga, Directeur de Salto del Negro, de Puerto II et, aujourd’hui, du CP de Huelva. Il est parvenu à ce que, dans le cadre de ce festival de cinéma, un groupe de prisonniers attribue un prix. Voilà pourquoi il bave autour d’Imanol Arias, et la première question qui me vient à l’esprit en voyant cette image est de me savoir si l’acteur a remarqué le sillon de la matraque et l’humidité du sang lorsqu’il lui a serré la main. Il semble qu’il n’y a pas eu de changement de directeur au CP de Huelva.

La liste des nominations est longue, 21 noms et 10 supplémentaires pour changement d’affectation. Quelques noms de famille me font fouiller le fond de ma mémoire. C’était l’année 1977 je crois, car la seule archive avec laquelle je puisse compter, mon cerveau, n’est pas un disque dur. En tous cas, c’était l’époque postérieure à la mort du général Franco, lorsque la société débordait d’illusion tandis que les partis politiques conspiraient pour la détruire.

Je marchais dans les rues de Madrid, un jour comme tant d’autres, dans une manifestation pour l’aministie et la liberté. Je quittais la Gran Via. Je remontais la rue Libreros et, à la hauteur de ce qui fût l’hôtel Darde, je rencontrais un groupe de personnes aussi jeunes que moi, qui descendaient en courant au cri de « ils ont tiré ! ». Avec plus de curiosité que de précaution, je continuais jusqu’au bout de la rue. Je tournais à droite et j’empruntais la rue La Estrella. Quelques mètres plus loin, un jeune homme se trouvait allongé par terre, dans une flaque de sang, mort. L’endroit s’est rempli de « gris » ( les « gris » sont les membre de la police espagnole dont l’uniforme, à cette époque, était gris). Ceux qui avaient tiré étaient des argentins appartenant à la triple A, semble-t-il. Peu importe. C’est un de ces sigles qui cachent la même chose et qui réapparaissent quand nécessaire.

Le jeune homme mort s’appelait Arturo Ruiz et avait un frère qui, au début, était de gauche et qui, finalement, s’était rapproché du PSOE et était devenu gardien de prison. Fonctionnaire de prison et homme de confiance au point de céder son bureau de la prison d’Almeria, au petit-matin, pour les conversations secrètes entre des envoyés du Gouvernement et des représentants d’une organisation armée qui N’EST pas ETA. Ce genre de négociations, qui n’existent jamais et qui, si elles existent, sont niées.

Arturo Ruiz est mort un jour de lutte pour l’amnistie et la liberté, et son frère vit pour la réduire. D’ailleurs , dans sa condition de nouveau Directeur du CP de Sevilla II, il vit bien. J

esús Eladio del Rey Reguillo, alias « El Tirillas » (Galons) est nommé nouveau Directeur du CP de Valdemoro. La première image qui me revient en tête est celle de la mutinerie de la 1ère Division, à Herrera de la Mancha, en 1988. La moitié des quelques 40 prisonniers politiques basques a terminé à l’infirmerie et cinq camarades ont été conduits à l’hôpital avec plusieurs fractures. Une image grotesque : Tirillas, un couteau de chasse à la main, à la tête d’un groupe important de gardiens de prison et de gardes civils et parcourant les galeries de la division, de cellule en cellule, signalant qui devait recevoir une ration simple ou une ration double de coups de bâtons.

Manuel Martínez Cano, alias « el Morritos », est nommé nouveau Directeur du CP de Jaen. Provocateur et détonateur de la mutinerie évoquée plus haut. Le seul souvenir agréable qu’un prisonnier puisse avoir de lui est celui de l’avoir vu, enfin, intimidé, aspergé de poudre blanche avec un extincteur activé par un camarade de mutinerie.

Antonio Diego Martín, est nommé directeur du CP de Puerto II. Il est inculpé pour tortures et excès de rigueur à la prison de Sevilla II. Jugé avec l’ancien Directeur de Institutions Pénitentiaires, Antonio Asunción, il n’a jamais été relevé de son travail répressif. Il poursuit son travail à la prison de Melilla. Des prisonniers mis aux fers et attachés aux lits pendant des semaines. Les séances de torture, nus et aspergés d’eau, les cris et les lamentations n’ont jamais entraîné une seule journée de révocation. Au contraire, à l’arrivée de Madame Gallizo, il a eu droit à une promotion.

Il n’y a pas de raison de continuer cette liste. Je suis convaincu. La nouvelle politique pénitentiaire du nouveau Gouvernement de Monsieur Zapatero consiste en la récupération et la promotion des personnages qui ont laissé les plus tristes souvenirs aux prisonniers en général, et au Collectif de Prisonnier€s Politiques Basques en particulier. Ou à maintenir à leur poste ceux qui remplissent déjà les conditions requises.

Les attentes se sont réalisées. A moins que je me trompe et que les tortionnaires soient capables de lutter eux-mêmes contre la torture. L’expérience ne leur fait pas défaut. Et alors, même moi, je serais capable d’imaginer Madame Gallizo autrement que comme elle est.


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