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Publiée le 7 septembre 2006

- Basque


Le prisonnier politique Basque Iñaki de Juana Chaos en grève de la faim illimitée depuis 32 jours (communiqué Askatasuna)

Toujours en prison deux ans après la fin de sa peine, il est déterminé à mener sa lutte jusqu’au bout

Le prisonnier politique basque de Donostia Iñaki de Juana Chaos, qui se trouve actuellement à la prison d’Algeciras soit à plus de 1200 kilomètres d’Euskal Herria, a entamé une grève de la faim illimitée le 7 août dernier pour que soit mis fin à la situation dans laquelle il se trouve.

La peine à laquelle Iñaki avait été condamné dans l’État espagnol a pris fin le 25 octobre 2004, après 17 ans derrière les barreaux. Malgré cela, deux ans plus tard, il est toujours en prison. En effet, à l’époque où il aurait du être libéré, et dans le cadre d’une vaste campagne médiatique lors de laquelle le Ministre de la Justice espagnol López Aguilar avait déclaré "qu’il chercherait de nouvelles accusations" pour que les prisonniers politiques basques ne soient pas remis en liberté, il a été de nouveau placé en prison préventive sur la base de deux articles d’opinion publiés dans le quotidien GARA (traductions à suivre). Le Procureur de l’Audience Nationale espagnole se base sur ces deux textes pour accuser Iñaki "d’appartenance à une organisation armée" et de "menaces terroristes" et pour demander contre lui une nouvelle peine de 96 ans de prison.

Pour comprendre ce cas juridique, il faut le resituer dans le contexte du durcissement toujours plus intense des mesures d’exception, législations antiterroristes et autres changements législatifs développés par les États français et espagnols et visant notamment à condamner de fait des citoyens basques à la prison à vie. De nombreux autres prisonniers basques se trouvent également dans la ligne de mire de ces mesures spéciales, les exemples les plus connus en étant ceux d’Unai Parot dans l’État espagnol et de Filipe Bidart à qui l’État français refuse toujours jusqu’à maintenant la liberté conditionnelle à laquelle il a légitimement droit.

Le Collectif des prisonniers politiques basques connaît bien et depuis très longtemps ces procédures exceptionnelles, souvent contraires aux lois mêmes des États qui les mènent. Cependant, le processus de résolution du conflit actuellement en cours donne une lumière particulière à la cruauté des décisions politiques qui sont à l’origine de ces aberrations juridiques.

Iñaki de Juana a été arrêté et torturé en 1987. Il a connu depuis, dans le cadre de la politique de dispersion des prisonniers politiques basques, plus de dix prisons espagnoles. Et il risque aujourd’hui d’être recondamné à une perpétuité de fait pour deux lettres parues dans un journal. Il est en grève de la faim depuis 30 jours pour demander sa libération, et il est extrêmement déterminé à mener sa lutte jusqu’au bout.

Euskal Herria, le 7 septembre 2006

À suivre, une traduction des deux articles en question :

Publié dans GARA 1-12-2004

LE BOUCLIER

Je regarde la télévision. J’écoute la radio. Je lis des journaux et des revues et le bombardement est intensif et permanent. L’ennemi a grandi. Arrestations en Iparralde et en Hegoalde. Rafles dans les États français et espagnols. Informations empoisonnées qui cherchent à inoculer le virus de la méfiance.

El Lobo, un simple mouchard que la police a pressé avant de le jeter à la décharge des inutilisables (comme tous les mouchards) est récupéré aujourd’hui et élevé à la catégorie de héros de l’infiltration et des services secrets ; à celle de personnage de films et de reportages où il s’exhibe en fanfaronnades romanesques à coups de chèques et de scénarios.

Manœuvres de découragement. Fuites organisées dans la presse de correspondance et de conversations, totales ou partielles, mais dans tous les cas intéressées et manipulées, même si je reconnais que nous n’avons pas à leur faciliter le travail.

Dispersion dans les prisons : pénitentiaire et interpénitentiaire. Les mauvais traitements, les tortures renouvelées avec les époques mais permanentes dans les formes et aussi anciennes que la répression politique. Les agressions. La souffrance pour nos familles et amis. Les compagnons malades dont la gravité de la situation fait l’objet de chantage.

Oui, l’offensive est dure, sur tous les fronts et incontestable. Peut-être l’ennemi s’aventure-t’il à penser qu’il peut nous achever ? Qu’il peut en finir avec le Mouvement de Libération Nationale Basque ? Qu’il va réussir à faire plier un peuple, ou au moins à rendre ses pas silencieux en ne le laissant marcher que sur de la moquette ?

Je n’ai pas besoin d’être devin pour pouvoir crier avec toute ma force et ma conviction, en une expression politiquement incorrecte : vous êtes faits ! Allez vous faire foutre avec tout ce que vous avez fait avant parce que vous ne gagnerez pas. Ou peut-être ne vous êtes-vous pas encore rendus compte que nous avons un bouclier indestructible qui n’est autre que la raison ?

Comme tout pouvoir totalitaire, fasciste ou néofasciste, le gouvernement actuel du PSOE, comme son prédécesseur et ceux d’avant, se voit obligé de réécrire l’histoire de façon permanente ; de manipuler et de mentir, créant des bons et des méchants à sa convenance, dépassant de très loin les limites de la célèbre fiction orwellienne. Et ceci comme stratégie de guerre dans le seul et proclamé objectif de notre assimilation, d’obtenir le renoncement à nos principes, valeurs et droits, et notre intégration au système.

Juges prévaricateurs, politiciens corrompus, professionnels de la torture, matons sans scrupules : vous êtes ennuyeux, lassants, prévisibles. Vous ne méritez aucun respect ni considération, pas la moindre chose qui mériterait de changer le ton de cette lettre.

Mais cela mérite une explication. Totalitaire l’attitude de Zapatero ? Fascistes ces beaux yeux bleus et ce sourire angélique ? Celui-là même qui a sorti les soldats d’Irak ? Celui qui va modifier les lois sur l’avortement, le divorce et autres pour contenter une "gauche domestiquée" ? Eh bien oui, tout cela est sans le moindre doute du totalitarisme, car en prenant Euskal Herria comme point de référence, ce qui ne saurait être différent pour les Basques, celui qui promulgue des lois d’exception, celui qui crée ou maintient en vigueur les tribunaux d’exception, celui qui protège la torture, poursuit et réprime les droits d’association, d’expression, de presse ; celui qui interdit la participation politique et électorale ; et celui qui fait tout cela pour réduire une nation au silence et nier son droit à l’autodétermination est un fasciste de manuel, séparons nous des fioritures de langage.

Techniquement, j’ai fini le 25 octobre 2004 de purger la peine intramuros qui m’a été imposée par le système juridique et pénitentiaire sous le Code Pénal de 1973, code franquiste incomparablement plus "mou" que son héritier actuel. Depuis ce jour, je ne suis pas sorti de prison, officiellement parce que le juge Gómez Bermúdez, autre étoile météorique née de la souffrance basque, a des "doutes" sur la peine accomplie. Et une fois encore, le mépris dans lequel la loi est tenue par ses propres serviteurs ne manque pas de m’étonner, qu’ils ne perdent jamais cette capacité ! Que nous la refusions et la combattions est normal, mais que ceux qui en vivent la méprisent est un indicateur supplémentaire de leur fonction.

Cependant, les termes d’illégalité, de prise d’otage... ne peuvent pas être employés dans mon cas. Et le fait qu’ils le soient pour ma défense me déplaît, parce que nous sommes 700 a être retenus en otage et de façon illégale, et certains depuis plus longtemps que moi, et extramuros c’est toute une partie de la société qui ne s’est pas pliée qui l’est également. En fin de compte, ce sont des centaines de milliers de Basques qui sont aujourd’hui au régime pénitentiaire, dans l’attente de la nuit où des uniformes viendront cogner à leur porte et leur notifier la répression pour leur mauvais comportement.

Le ministre López Aguilar a été beaucoup plus clair. De Juana ne peut en aucun cas être libéré et il n’y a rien à dire de plus. Motif ? Il ne donne aucun signe de "resocialisation". Cependant, et heureusement, de resocialisation il n’y a aucun signe non plus chez l’immense majorité des 700 prisonnières et prisonniers, ni dans une grande partie de la société basque.

Parce que resocialiser dans le sens utilisé par l’ennemi implique la défaite et l’acceptation des contre valeurs si magnifiquement défendues par tous les López Aguilar, Zapatero et Gómez Bermúdez. Mais ils devraient se poser une question : si 700 compagnons ayant fait et ayant encore à faire des milliers d’années de prison ne donnent aucun signe de "resocialisation", ne serait-ce pas à cause d’un défaut dans le "traitement pénitentiaire" ? Ce défaut est que nous possédons le bouclier de la raison. Et que rien n’est insurmontable, ni personnellement, ni politiquement, sauf l’intériorisation de l’échec.

Dans tous les processus il y a des hauts et des bas. Les apparences sont trompeuses aussi. Politiquement, le bruit ne signifie pas la force, le silence ne signifie pas la faiblesse. Nous allons gagner. Nous lisons l’histoire d’autres processus victorieux, pas des perdants. Nous comparons l’acceptation de notre discours politique par une partie de la société basque, maintenant et il y a 25 ans. Et le reste est facile : travail, sacrifice, apprendre des erreurs et ne pas mettre de bâtons dans les roues de notre propre bicyclette.

Il y a des années, j’ai entendu un compagnon très apprécié crier avec force "Enlevez vos mains sales d’Euskal Herria". Oui, enlevez-les, parce que tout autre chemin n’implique que de la souffrance. Ou l’avenir finira par montrer, sans le moindre doute, que vous les y perdrez.

Iñaki de Juana Chaos

Publié dans GARA le 30-12-2004

GALLIZO

Le 14 décembre dernier, Madame Margarita Uria s’est adressée au président du Gouvernement au cours de la Commission d’Investigation sur les évènements du 11 mars pour l’interroger, entre autres choses, sur des questions pénitentiaires déterminées. Après un préliminaire de louanges rougissantes à Madame Mercedes Gallizo, cette membre de la Commission a interrogé Monsieur Rodriguez Zapatero exclusivement sur la filtration de certaines images et d’une lettre aux médias. Madame Margarita Uria n’a pas posé de questions sur la torture et les mauvais traitements. Ni sur la mort et la maladie de prisonniers. Elle n’a vu aucun intérêt à l’isolement et à la communication. Ni aux accidents. Et elle a encore moins parlé de la dispersion, peut-être parce qu’on aurait pu lui répondre que cette politique avait été une des principales batailles de son propre parti. Un PNV légitimant la répression et la plus cruelle des politiques pénitentiaires, pas seulement en ce qui concerne la création théorique et la couverture apportée à la mise en pratique, mais aussi comme protagoniste avec ses propres assesseurs à la Direction Générale de l’Administration Pénitentiaire.

Ni à Madame Margarita Uria ni à aucun des parlementaires qui arborent les droits de l’Homme comme bannière de combat n’est venue l’idée de s’intéresser aux humiliations et agressions sexuelles vécues par certaines des femmes arrêtées lors des dernières opérations policières. Cela n’intéresse pas Madame Uria, ni en tant que parlementaire, ni même en tant que femme. Elle ne pose pas de question à ce sujet, parce qu’elle sait que le fait d’être arrêté en tant qu’etarra présumé dans une opération policière à grosse couverture médiatique est un motif suffisant pour ne plus avoir aucun droit, y compris celui de ne pas être torturé. L’hypocrisie traditionnelle dit "celui qui vole un voleur a cent ans de pardon". Les nouveaux référents de la citoyenneté disent "violenter un agressé n’est pas une double violence, ce n’est que justice et silence". Mais cela nous le savons tous, y compris cette membre de la Commission qui chante les louanges de Madame Gallizo.

Et parmi tant d’éloges de personnes de bien (pas comme moi qui suis Basque et rouge, plus divers autres mots en iste), je me suis demandé si je me trompais. Sois positif Iñaki ! me suis-je dit. Je me suis imaginé que les murs de béton étaient en chocolat. Que l’acier était fait de cheveux d’ange. Que les trois prisonniers retrouvés morts hier matin dans les prisons de Langraitz et de Zuera étaient des personnages en pain d’épice. Mais, c’est curieux, je n’ai pas réussi à imaginer Madame Gallizo autrement qu’elle n’est réellement, comme l’étaient ses prédécesseurs.

Quand le PSOE a gagné les dernières élections générales, certains espoirs sont nés parmi ceux qui y sont enclins, que ce soit par naïveté ou par nécessité. Illusions qui, en politique, finissent avec le temps par se révéler fausses. Il s’est passé la même chose avec la nomination de Madame Gallizo à la Direction Générale de l’Administration Pénitentiaire. Bien qu’au début les nombreux relais dans les directions des prisons aient pu être pris comme des préalables à des changements plus significatifs, la relation nominale entre ces promotions me confirme dans la conviction que le seul horizon de justice dans les prisons est la démolition de leurs murs. Aussi utopique que paraisse cette espérance, elle est beaucoup plus réaliste, loin de toute hypocrisie, que prétendre ou espérer que le béton et l’acier enferment les droits de l’homme en lieu et place de la violence et de la souffrance.

Dans cette prison d’Algeciras, Madame Gallizo a destitué le directeur Miguel Angel Rodríguez, alias l’Avaleur de sabres. Un professionnel cultivé, qui réagissait immédiatement en entendant le nom d’un prisonnier politique basque. Et qui tenait un discours élaboré : les résolutions judiciaires des etarras, je m’en bats les couilles. Une vieille connaissance du Collectif des prisonniers politiques basques, qui n’a pas été destitué pour l’accumulation de plaintes et d’irrégularités dont il faisait l’objet. Ni même pour cette petite chose consistant à, de façon présumée, mettre la main dans la caisse du centre pénitentiaire de Puerto II et pour laquelle il a été mis en examen. Il a été destitué parce qu’il n’appartient pas au même parti que Madame Gallizo. On pouvait aller jusque là !

Je mets la télévision. Ils parlent du festival de cinéma à Huelva. À côté de l’acteur Imanol Arias, lui faisant tous les honneurs et bavant presque sur lui, il me semble reconnaître un visage de triste souvenir. Il a les cheveux blancs et a l’air d’avoir beaucoup vieilli, bien que ce ne soit pas à cause de sa conscience qui le perturbe. En tout cas, ce sera la punition pour tous ses abus. Je ressens une sotte consolation à vérifier à cette occasion que le tortionnaire à l’air plus mal en point que les personnes qu’il a torturées. Il n’y a aucun doute. Ce visage est gravé dans nos mémoires à force de coups, de mauvais traitements et de faim. C’est Francisco Sanz. Sous-directeur de la prison de Malaga. Directeur du Salto del Negro, de Puerto II, aujourd’hui du Centre Pénitentiaire de Huelva, où il s’est arrangé pour que des prisonniers remettent un prix cinématographique dans le cadre de ce festival. Mais il bave sur l’acteur Imanol Arias et la première chose qui me vient à l’esprit devant cette image est de me demander si l’acteur a remarqué la marque de la matraque et l’humidité du sang en lui serrant la main. Il semble qu’au CP de Huelva il n’y a pas eu de changement de directeur.

La liste des nouveaux noms est longue, jusqu’à 21 et 10 de plus par changement d’affectation. Certains d’entre eux me font chercher dans ma mémoire. C’était en 1977 je crois, parce la seule archive sur laquelle je peux compter, mon cerveau, n’est pas un disque dur. En tout cas, c’était dans les années qui ont suivi la mort du général Franco, quand la société débordait d’espoir et que les partis politiques conspiraient pour la détruire. J’étais à Madrid un de ces nombreux jours de manifestation pour l’amnistie et la liberté. J’ai laissé la Gran Vía derrière moi. Je suis monté par la rue de los Libreros, et à la hauteur de l’Hôtel Darde aujourd’hui disparu, je suis tombé sur un groupe de jeunes comme moi qui descendaient en courant et en criant "ils ont tiré". Avec plus de curiosité que de prudence, j’ai continué jusqu’au bout de la rue. J’ai tourné à droite en prenant la rue de la Estrela, et à quelques mètres de là, il y avait un jeune étendu sur le sol, mort dans une mare de sang. Tout était plein d’uniformes gris et il me semble que ceux qui avaient tiré étaient des Argentins du Triple A. Qu’est-ce que ça peut faire ! Un de ces sigles qui cachaient tous la même chose, et qui réapparaissent à chaque fois que c’est nécessaire.

Le jeune qui avait été tué s’appelait Arturo Ruiz et avait un frère qui était de gauche au début, et qui a fini au PSOE et maton. Fonctionnaire de prison de confiance, et tellement qu’il prêtait à l’aube son bureau à la prison d’Almería pour que puissent avoir lieu les conversations secrètes entre des envoyés du Gouvernement et des représentants d’une organisation armée qui N’EST PAS ETA. De ces négociations qui n’existent jamais, et qui si elles existent sont niées. Arturo Ruiz est mort un jour de lutte pour l’amnistie et la liberté et son frère vit pour rogner celle-ci. Et il vit très bien comme nouveau directeur du CP de Sevilla II.

Jesús Eladio del Rey Reguillo, alias el Tirillas, nommé nouveau directeur du CP de Valdemoro. Et la première chose qui me vient à l’esprit est la mutinerie du module I de Herrera de la Mancha en 1988 lors de laquelle plus de la moitié de la quarantaine de prisonniers politiques basques étions passés par l’infirmerie et cinq compagnons s’étaient retrouvés à l’hôpital avec des os brisés. Une image grotesque de Tirillas avec un couteau de poche à la main à la tête d’un groupe nourri de matons et de gardes civils, parcourant les couloirs du module de cellule en cellule et indiquant qui devait recevoir simple ou double ration de coups.

Manuel Martínez Cano, alias el Morritos, nommé nouveau directeur du CP de Jaén. Provocateur et détonateur de la mutinerie déjà citée et dont le seul souvenir agréable qu’il ait pu laisser à un prisonnier est son image, apeuré et couvert de la poudre blanche venant de l’extincteur tenu par un compagnon lors de cette même mutinerie.

Antonio Diego Martín, nommé directeur du CP de Puerto II et mis en examen pour tortures et sévérité injustifiée à la prison de Sevilla II. Jugé en compagnie de l’ex-directeur général de l’Administration Pénitentiaire, Antonio Asunción, il n’a jamais été écarté de son travail répressif, exerçant jusqu’à aujourd’hui à la prison de Melilla. Les prisonniers attachés aux lits pendant des semaines. Les séances de torture, nus et aspergés d’eau, les plaintes et les hurlements, n’ont jamais mérité un seul jour de suspension de sa charge. Au contraire, ils ont mérité une promotion à l’arrivée de Madame Gallizo.

Pourquoi continuer la liste. Je suis convaincu. La nouvelle politique pénitentiaire du nouveau Gouvernement de Monsieur Rodríguez Zapatero consiste à récupérer ou à promouvoir les personnages de triste souvenir pour les prisonniers en général et pour le Collectif de Prisonniers Politiques Basques en particulier. Ou a maintenir dans leur charge ceux qui remplissent ces conditions.

Les espoirs ont été comblés. Ou peut-être que je me trompe et que les tortionnaires sont capables de lutter contre la torture. Ce n’est pas l’expérience qui leur manque. Et alors, je serais même capable d’imaginer Madame Gallizo autrement qu’elle n’est. -

Iñaki de Juana Chaos


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