L’ETA a violemment manifesté sa frustration sur l’évolution du processus de paix ouvert par son cessez-le-feu du 22 mars, dénonçant une "crise" et menaçant de "répondre" à ce qu’elle qualifie d’attaques contre le Pays basque.
"Le processus se trouve dans une situation de crise évidente" en raison de "l’attitude mesquine des partis politiques", assure l’organisation séparatiste basque dans un communiqué remis au journal indépendantiste Gara qui en cite vendredi les principaux passages.
"Si les attaques contre Euskal Herria (Pays basque) se poursuivent, l’ETA répondra", affirme l’ETA, une formulation qui sera interprétée par certains comme une menace de reprendre les attentats.
L’ETA accuse le Parti socialiste espagnol (PSOE) au pouvoir et le Parti nationaliste basque (PNV, au pouvoir au Pays basque) de "dénaturer le processus" et de "s’éloigner des engagements pris".
Le bras politique de l’ETA interdit depuis 2003, Batasuna, s’était dit mercredi "inquiet" concernant’a le processus de paix.
Mais en privé, plusieurs sources fiables dans les milieux indépendantistes estiment que le processus est en bonne voie et assurent même attendre pour août "un geste déterminant et public" du gouvernement espagnol concernant la légalisation de Batasuna ou les prisonniers de l’ETA.
Ces milieux font même état d’"accords pour que se poursuivent officiellement des échanges de durs messages entre gauche indépendantiste et socialistes" espagnols afin de maintenir en alerte leurs bases.
Le communiqué de l’ETA est le premier publié par l’organisation depuis l’annonce solennelle le 29 juin par José Luis Rodriguez Zapatero d’un "dialogue" entre son gouvernement et l’ETA, qui a tué 800 personnes en 38 ans. Le PSOE avait ensuite symboliquement rencontré Batasuna le 6 juillet.
Le maire socialiste de San Sebastian, Odon Elorza a appelé vendredi à ne pas "dramatiser", affirmant que le processus de paix "est vivant et continuera à aller de l’avant". Le processus de paix, que M. Zapatero avait promis "long et difficile" est censé se construire autour de deux axes de négociations : un premier entre l’ETA et le gouvernement sur les prisonniers et le désarmement de l’organisation, et un second entre les partis basques pour définir un nouveau cadre institutionnel pour la région espagnole.
L’ETA, qui revendique l’indépendance d’un grand Pays basque englobant la Navarre et le Pays basque français, reproche au PSOE de vouloir "développer son propre modèle d’Etat et transformer le processus en un simple instrument pour continuer au pouvoir".
Le PSOE vise pour le Pays basque une évolution similaire à celle de la Catalogne, où des négociations entre nationalistes et pouvoir central ont abouti à un nouveau statut dutonomie élargi, entré en vigueur le 9 août.
L’ETA, dont plusieurs membres présumés ont été arrêtés récemment, a également dénoncé dans son communiqué une attitude "répressive" des gouvernements français et espagnol.