KATMANDOU (AFP) - Le gouvernement népalais et les maoïstes ont annoncé mercredi avoir trouvé un accord sur le contrôle de leurs armes et de leurs forces sous supervision de l’Onu, relançant le processus de paix et ouvrant la voie à l’entrée des rebelles dans un cabinet intérimaire.
"Nous sommes tombés d’accord sur une lettre demandant à l’Onu son aide pour superviser et contrôler les armes et armées des deux parties", a annoncé le ministre de l’Intérieur Krishna Prasad Sitaula lors d’une conférence de presse conjointe avec les rebelles.
Selon l’accord conclu, les rebelles confineront armes et soldats dans leurs camps situés en dehors des villes tandis que l’armée népalaise restera dans ses casernes.
Cette annonce doit permettre de relancer le processus de paix engagé après que le roi Gyanendra eut renoncé en avril aux pleins pouvoirs qu’il s’était arrogés en février 2005.
Elle a été faite après une rencontre entre le chef des rebelles, Prachanda, et le Premier ministre, Girija Prasad Koirala.
"En trouvant un consensus, nous sommes entrés dans un nouveau processus de l’accord de paix", a déclaré le porte-parole des rebelles, Krishna Bahadur Mahara, citant Prachanda.
"La rencontre entre le chef rebelle et le Premier ministre a permis de dissiper les malentendus qui s’étaient présentés ces derniers jours. Nous en sommes arrivés à un conclusion positive et cela est très important", a ajouté M. Mahara.
Les sept principaux partis politiques et les rebelles, en lutte contre la monarchie depuis 1996, s’étaient alliés contre le roi et avaient été à l’origine du mouvement populaire qui l’avait obligé à céder.
Dans la foulée, le nouveau gouvernement avait été formé, une trêve conclue et il avait été décidé de convoquer une Assemblée constituante comme le demandent les rebelles depuis longtemps.
Les deux parties avaient ensuite conclu le 16 juin un accord historique de partage du pouvoir, prévoyant la rédaction d’une Constitution provisoire et la formation d’un nouveau gouvernement intérimaire avec des maoïstes.
Elles étaient aussi convenues de demander l’aide de l’Onu pour superviser le contrôle des armes.
Le gouvernement a depuis souhaité que cette dernière question soit réglée avant l’élection d’une Constituante prévue avant avril 2007. Mais les discussions avaient achoppé et la semaine dernière le gouvernement et les rebelles n’étaient pas parvenus à s’entendre, ralentissant le processus de paix.
Une mission de l’Onu, venue en reconnaissance, avait expliqué avoir noté "un manque de confiance" sur certains points et appelé les deux parties à trouver une solution.
Un autre sujet a suscité dans le même temps le fort mécontentement des rebelles : le rôle futur du roi au Népal. M. Koirala a estimé qu’il faudrait lui laisser une place dans la démocratie alors que les maoïstes réclament l’établissement d’une République.
Lundi, les rebelles avaient accusé le gouvernement de vouloir les "pousser à nouveau vers la guerre", qui a déjà entraîné la mort de plus de 12.000 personnes.
"Les négociations de paix en sont à un stade extrêmement crucial et sur le point de se solder par un échec. Le gouvernement tente de faire capoter le processus de paix en se rapprochant du roi", avait mis en garde le numéro 2 des maoïstes, Baburam Bhattarai.
Mercredi, par ailleurs, le gouvernement et les maoïstes ont rejeté un projet de Constitution provisoire incomplet présenté par le comité de rédaction.
Le texte a été rejeté car il ne faisait pas état des questions cruciales des armes, du rôle du roi et d’un organe alternatif au Parlement, "les partis et les maoïstes n’ayant réussi à trouver une entente commune", a indiqué le chef du comité de rédaction, Laxman Prasad Aryal.
L’accord de juin prévoyait que la Constitution provisoire serait prête 15 jours plus tard.