dimanche 14 mai 2006, 9h38
COLOMBO (Reuters) - Une "guerre de faible intensité" oppose à nouveau l’armée sri lankaise aux Tigres de libération de l’Eelam tamoul (LTTE) en dépit d’un cessez-le-feu qui perdure sur le papier, estime le général Ulf Henricsson, chef de la Mission d’observation scandinave au Sri Lanka (SLMM).
"Vous pouvez dire d’une certaine façon que nous sommes déjà en guerre. Nous n’avons pas d’accord de paix, nous avons un accord de cessez-le-feu. De sorte qu’il y a une guerre en cours. C’est une guerre de faible intensité. Vous pouvez dire cela", a dit l’officier dans une interview à Reuters.
Jeudi, les forces gouvernementales ont bombardé le territoire des LTTE, dans le nord de l’île, en réponse à une attaque par les rebelles d’une flottille de la marine. Cette attaque, qui a fait 17 morts, est la plus meurtrière depuis la proclamation du cessez-le-feu, en 2002.
Le gouvernement et les Tigres assurent qu’ils restent attachés au cessez-le-feu, mais avec plus de 270 morts depuis début avril, les analystes estiment que les violences ressemblent à celles qui ont marqué les deux décennies de guerre civile, qui ont fait plus de 64.000 morts. Les observateurs ont évité ces derniers temps d’utiliser le terme "guerre".
Toujours selon les analystes, ce sont les Tigres qui ont déclenché les hostilités avec la récente vague d’attaques, mais, aux yeux de la communauté internationale et de leurs partisans à l’étranger, ils ne veulent pas être considérés comme ceux qui ont rompu le cessez-le-feu.
Le général Henricsson a assuré que ses 60 hommes poursuivraient leur mission en dépit d’une mise en garde des Tigres qui ont prévenu les observateurs internationaux qu’ils naviguaient à leurs risques et périls à bord des bâtiments de la marine sri lankaise.
MISE EN GARDE DE L’UNION EUROPEENNE
"C’est moi qui prends les décisions en la matière, et je pense que leur mise en garde, comme ils disent, est plus ou moins une menace et que (l’attaque navale) constituait une violation patente de l’accord de cessez-le-feu".
"La SLMM continuera-t-elle d’avoir des observateurs en mer ? Oui, nous continuerons. En ce moment précis, mon équipe navale discute de la manière de continuer. Ils nous conseilleront sur la manière de régler ceci. Mais nous continuerons d’aller en mer d’une manière ou d’une autre", a assuré le général.
Les observateurs ont néanmoins suspendu leurs patrouilles avec la marine pendant quelques jours pour informer le personnel et évaluer la situation.
Les Tigres, qui veulent la création d’un Etat tamoul séparé dans le nord et l’est de l’île, se sont retirés sine die des discussions de paix et ils ont menacé de riposter s’ils sont attaqués ou si des navires de guerre pénètrent au large du territoire sous leur contrôle.
La SLMM a irrité les rebelles en leur disant qu’ils n’ont aucun droit sur la mer et que les eaux territoriales sri lankaises tombent sous le contrôle du gouvernement.
"Nous ne sommes pas prêts à abandonner les droits souverains sur la mer que nous avons conquis grâce au sacrifice de notre peuple", a dit le colonel Soosai, chef des marins du LTTE, cité par le site internet pro-rebelles www.tamilnet.com.
L’Union européenne a condamné l’attaque de la marine par les LTTE, mais elle n’a pas inscrit les Tigres sur la liste des organisations terroristes interdites, ainsi que l’ont fait, entre autres, les Etats-Unis.
"Le comportement téméraire des LTTE ces derniers jours ne peut que contribuer à une dangereuse escalade qui entraîne des hostilités croissantes et compromet toute possibilité de futures discussions de paix", dit un communiqué de l’Union européenne.