jeudi 11 mai 2006, 22h24
KATMANDOU (AFP) - Deux chefs rebelles maoïstes népalais ont été libérés jeudi, le gouvernement de Katmandou ayant abandonné les accusations qui pesaient sur eux, dans un nouveau geste d’apaisement visant l’opposition.
Le ministre de l’Intérieur a en outre appelé les maoïstes à cesser leurs actions, alors que les rebelles ont enlevé le week-end dernier cinq civils dans l’ouest du Népal selon la police.
Matrika Yadhav et Suresh Ale Magar sont sortis de la prison située près de la capitale, poing levé, salut traditionnel des rebelles maoïstes, et ont entonné des slogans de la rébellion. Un petit groupe de 150 partisans les attendait.
MM. Yadhav et Magar avaient été arrêtés à Lucknow, dans le nord de l’Inde, début 2004 puis extradés au Népal où ils étaient poursuivis pour le meurtre d’un haut responsable policier. Ils étaient en attente de procès.
Les deux hommes avaient souhaité rester en prison tant que tous les autres cadres maoïstes n’étaient pas libérés. Mais leur chef suprême, Prachanda, leur a ordonné de sortir, a raconté Yadhav devant la presse.
Magar a salué les initiatives du nouveau gouvernement par intérim mais a déclaré que les maoïstes poursuivraient leur combat avec pour objectif de faire tomber le roi Gyanendra.
Yadhav est le chef rebelle en charge de la région des plaines centrales de Terai. Magar est membre du comité central de la rébellion.
Quelque 1.200 maoïstes sont en détention au Népal dont une centaine à Katmandou, selon des chiffres de l’organisation de défense des droits de l’homme Informal Sector Service.
Les rebelles maoïstes avaient réclamé au nouveau gouvernement népalais une libération de tous leurs prisonniers, pour créer un environnement propice à des négociations de paix.
Selon la police, ils ont cependant enlevé le week-end dernier cinq civils dans l’extrême ouest du Népal, mais ont libéré cinq policiers enlevés mardi.
"Les policiers enlevés ont été relâchés avec leurs armes et sont entrés en contact avec leur poste de rattachement", a déclaré un officier des services centraux de la police à Katmandou jeudi.
Lors d’une séance du nouveau Parlement, le ministre de l’Intérieur Krishna Prasad Sitaula a appelé les rebelles à cesser leurs actions violentes dans les vastes territoires qu’ils contrôlent.
"Les activités des cadres maoïstes comme les actions militaires, l’extorsion de fonds et les enlèvements entravent le processus de dialogue. Nous demandons aux maoïstes de cesser immédiatement ces activités", a déclaré le ministre. "Ils doivent aussi cesser de créer une atmosphère de terreur et de peur", a-t-il ajouté.
Le gouvernement issu de partis d’opposition auxquels les maoïstes ont apporté leur soutien, a été formé à la fin du mois dernier après l’abandon des pleins pouvoirs par le roi Gyanendra. Le monarque a cédé après des semaines de manifestations populaires qui ont fait 19 morts.
Les maoïstes ont décrété un cessez-le-feu le 27 avril, à la suite de la formation du gouvernement, qui a accepté de lancer un processus de révision de la Constitution, exigence clef de la rébellion.