mercredi 3 mai 2006, 17h19
LONDRES (AP) - Malgré le tollé international provoqué par le scandale de la prison d’Abou Ghraïb et les comportements dégradants répertoriés dans d’autres centres de détention américains, les Etats-Unis ne sont pas parvenus à mettre un terme aux tortures et aux mauvais traitements infligés aux prisonniers dans le cadre de leur guerre contre le terrorisme. Et ils permettent même que de telles pratiques prospèrent, affirme Amnesty International.
L’organisation des droits de l’homme, basée à Londres, a fait ces critiques dans un rapport remis au Comité contre la torture de l’ONU, qui se réunit à partir de cette semaine à Genève pour discuter de la manière dont les Etats-Unis respectent la convention des Nations unies contre la torture et d’autres formes cruelles de punition.
"Bien que l’administration américaine continue à assurer qu’elle condamne la torture et les mauvais traitements, ces affirmations contredisent ce qui se passe en pratique", assure Curt Goering, directeur exécutif adjoint d’Amnesty International USA.
"Non seulement l’administration américaine ne prend pas de mesures pour éliminer la torture, mais elle crée véritablement un climat dans lequel la torture et d’autres mauvais traitements peuvent prospérer, notamment en essayant de limiter la définition de la torture", poursuit-il.
Amnesty International exprime également ses préoccupations concernant des violations de la convention sur la torture commises par les Etats-Unis sur leur propre territoire, dont le recours excessif à la force par la police, et les mauvais traitements infligés aux femmes dans le système carcéral, qu’il s’agisse d’abus sexuels commis par des gardiens, ou de ces chaînes auxquelles des femmes enceintes sont parfois attachées.
A l’étranger, dans le cadre de la guerre contre le terrorisme, Amnesty International note qu’aucun haut responsable américain n’a été tenu pour responsable des tortures et mauvais traitements.
En Afghanistan, où les forces américaines sont intervenues quelques mois après les attentats du 11 septembre pour évincer du pouvoir les talibans qui protégeaient des militants d’Al-Qaïda, des centaines de prisonniers restent en détention préventive, sans pouvoir recourir à des procédures légales, souligne l’organisation des droits de l’homme.
Il n’y a plus de conflit armé à dimension internationale en Afghanistan, ni de structure légale reconnue gouvernant les actions des forces américaines dans ce pays, précise Amnesty.
Dans les cas de l’Afghanistan et de l’Irak, les Etats-Unis auraient amélioré les procédures de traitement des détenus depuis le scandale d’Abou Ghraïb. Mais Amnesty affirme qu’elle continue de recevoir des informations faisant état de tortures ou de mauvais traitements sur les prisonniers gardés par des soldats américains.
Ces informations font notamment état de l’utilisation de fusils hypodermiques sur des détenus menottés et aux yeux bandés en Irak en mars 2005, et de privations de nourriture et d’eau pour des prisonniers en Afghanistan, au moins jusqu’à mars 2005, selon le rapport d’Amnesty.