lundi 1 mai 2006, 11h08
MOSCOU (AFP) - Les participants à une fête gay et lesbienne ont été assiégés pendant plusieurs heures dans la nuit de dimanche à lundi dans un club de Moscou par des militants d’extrême-droite et des fidèles de l’Eglise orthodoxe.
Plus d’une centaine de personnes, la plupart des jeunes liés à des groupes ultra-nationalistes, s’étaient rassemblés vers 21H30 locales devant le club Renaissance Event (bien Renaissance Event), dans le sud de Moscou, pour dénoncer le "péché" à l’occasion de ce qui devait être la plus grande fête de l’année de la communauté homosexuelle.
Emaillé de violences, le siège a duré près de cinq heures sans que la police n’intervienne pour disperser les assaillants.
Accompagnés de babouchkas (grands-mères) en fichus et portant des icônes, les manifestants ont empêché les invités de s’approcher ou de sortir aux cris de "la Russie sans les pédés", "dehors le zoo !" et jetant bouteilles et trognons de pomme.
Un homme a été roué de coups par trois adolescents et des projectiles ont été lancés contre la boite de nuit.
Vers 02H00 du matin lundi, la majorité des manifestants se sont dispersés et la centaine de personnes restées à l’intérieur du club ont pu sortir.
"Ce devait être l’événement le plus important de l’année. Nous attendions près de mille personnes", a déclaré à l’AFP l’un des organisateurs de la fête, Alexeï Golooussenko.
"Des amis qui venaient à la fête m’ont appelé pour me dire qu’ils se faisaient attaquer par des skinheads et qu’ils ne savaient pas quoi faire," a-t-il ajouté.
Selon M. Golooussenko, "cet acte a été planifié. Les babouchkas sont arrivées en autobus".
Igor Artioumov, qui dirige l’organisation ultra-nationaliste Union de tous les Russes, a indiqué à l’AFP que 134 personnes étaient venues à la manifestation.
"Comme les pédés organisent un festival jusqu’au 9 mai, nous organiserons ce genre d’action à chaque fois qu’ils auront leurs orgies", a déclaré M. Artioumov à l’AFP.
"Nous protestons pacifiquement contre ce péché qui ne doit pas proliférer, contre leurs orgies, contre ces sodomites qui rampent comme des cafards", a-t-il dit.
La trentaine de policiers dépêchés sur place avec deux autobus pour permettre l’évacuation du club n’ont pas cherché à disperser les manifestants.
"La police nous a dit qu’ils n’enverraient des renforts que s’il y avait des blessés, la majorité des policiers devant garder le centre-ville en raison des manifestations prévues pour la fête du Travail", a affirmé M. Golooussenko.
M. Golooussenko affirme qu’au plus fort de l’action il y avait au moins 250 skinheads, ainsi qu’un petit groupe de babouchkas récitant des chants religieux appelant à sauver les pécheurs.
Plusieurs ont jeté des pierres et des oeufs pourris en direction de l’immeuble, tandis que d’autres prenaient des photos ou filmaient les événements sur vidéo.
Trois jeunes sont sortis du club et se sont dirigés vers les autobus en se protégeant la tête avec leurs bras contre des bouteilles et des trognons de pommes lancés par la foule.
Un autre homme, sorti quelques minutes plus tard, a été jeté au sol et roué de coups par trois adolescents avant d’être escorté par les policiers qui n’ont pas cherché à repousser les assaillants.
"Je remercie la police pour leur conduite digne. Je pense qu’ils nous ont compris", a déclaré M. Artioumov avant de quitter les lieux avec le gros des manifestants.
"Nous allons poursuivre le banquet dans un autre club" de la capitale a ajouté un autre manifestant, Miron.