jeudi 27 avril 2006, 15h02
KATMANDOU (AFP) - Les rebelles maoïstes ont décrété jeudi un cessez-le-feu unilatéral de trois mois après un mouvement de protestation sans précédent qui a forcé le roi du Népal à rétablir le Parlement dissous en 2002, dont la première séance se tiendra vendredi.
Pendant ce temps, Girija Prasad Koirala, 84 ans, désigné pour être le futur Premier ministre du gouvernement intérimaire par les sept partis politiques à l’origine de la protestation, a dû renoncer à apparaître à un rassemblement public pour raisons de santé.
"Il est à la maison, il ne se sent pas bien", a dit à l’AFP son assistant Balkrishna Dahal, précisant cependant que M. Koirala serait bien présent vendredi au Parlement.
Les maoïstes, qui avaient rejeté l’offre du roi Gyanendra de rétablir le Parlement, ont annoncé jeudi un cessez-le-feu après que l’opposition eut réitéré son engagement de débattre dès vendredi de la convocation d’une Assemblée constituante, demande clé des rebelles.
"Notre parti annonce une nouvelle fois un cessez-le-feu unilatéral de trois mois avec effet immédiat", a déclaré dans un communiqué leur leader Pushpa Kamal Dahal, alias Prachanda.
Prachanda a expliqué que cette décision avait été prise dans le but de "motiver" les leaders des sept partis pour qu’ils convoquent une Assemblée constituante chargée de rédiger une nouvelle Constitution limitant les pouvoirs du roi sur l’armée et la vie politique.
Les maoïstes, en lutte contre la monarchie depuis 1996, vont cesser d’attaquer les forces de sécurité mais ils resteront dans une "position de défense active", a-t-il averti.
Les sept partis et les rebelles avaient conclu en novembre une alliance informelle contre le roi et une entente prévoyant la convocation d’une Constituante tandis que les rebelles s’engageaient à rejoindre pacifiquement la vie politique.
Les rebelles avaient soutenu le mouvement de protestation contre le roi qui a pris les pleins pouvoirs le 1er février 2005. Ils avaient notamment déclaré un cessez-le-feu dans la vallée de Katmandou et, selon des observateurs, aidé à mobiliser les foules.
Prachanda avait déjà levé mercredi un blocus décrété la veille tout en prévenant qu’il pourrait être imposé à nouveau "si la première session du Parlement n’annonce pas l’élection d’une Assemblée constituante et ne prend pas d’autres décisions positives".
Les maoïstes ont prévu de tenir leur premier rassemblement depuis trois ans dans le centre de Katmandou, vendredi, au moment où le Parlement dissous se réunira pour la première fois en quatre ans, selon la presse locale.
"Plusieurs maoïstes m’ont appelé pour m’annoncer qu’ils organiseront un meeting demain", a indiqué à l’AFP Guna Raj Luitel, rédacteur en chef du Kathmandu Post.
L’annonce de la trêve est tombée après l’annonce de la mort d’un policier dans l’explosion d’une bombe à un poste de contrôle mercredi à Nuwakot, à 70 km au nord de la capitale, a indiqué l’agence publique RSS affirmant qu’il s’agissait d’un acte perpétré par les "terroristes".
Au Parlement, c’était l’agitation jeudi, des ouvriers connectant les lignes téléphoniques, réparant les téléphones et nettoyant le bâtiment à la veille de son ouverture.
Environ 200 des 205 députés qui y avaient un siège en 2002 devraient être présents vendredi. Au moins un élu est mort et quatre ont perdu leur siège avoir avoir quitté leur parti au cours des quatre dernières années, selon le Kathmandu Post.
Le président de la Chambre basse, considéré comme un proche du roi, a aussi démissionné.
Au centre de Katmandou, plusieurs milliers de personnes se sont rassemblées pour écouter les discours de leaders politiques.
La foule, qui brandissait des drapeaux de partis, a signifié aux responsables qu’elle les surveillait. L’une des pancartes disait : "Ne répétez pas le passé. Ecoutez les Népalais souverains, pas le meurtrier Gyanendra".
Le roi a finalement cédé lundi soir après 19 jours de grève générale illimitée, de manifestations quotidiennes et la mort d’au moins 15 manifestants.