26 - avril - 2006
COLOMBO (AP) - Le Sri Lanka se retrouve au bord de la guerre civile après l’attentat de mardi contre le chef de l’armée. Les forces gouvernementales, dont c’est le premier grand assaut depuis le cessez-le-feu de 2002, continuaient mercredi de bombarder des zones tenues par les séparatistes tamouls.
L’aviation gouvernementale a frappé des bases des Tigres de libération de l’Eelam tamoul (LTTE), selon le porte-parole de l’armée, le général Prasad Samarasinghe, affirmant que des tirs de mortiers des rebelles dans la nuit de mardi à mercredi avaient tué trois civils et avaient blessé onze autres personnes, dont deux marins. Le gouvernement a prévenu que toute nouvelle attaque entraînerait "des représailles coordonnées des forces armées".
Colombo impute aux LTTE la mort de huit personnes dans l’attentat commis par une kamikaze tamoule mardi contre le chef de l’armée, le général Sarath Fonseka, lui-même grièvement blessé.
Un responsable séparatiste, S. Elilan, interrogé par téléphone depuis le district de Trincomalee, bombardé par l’aviation, a démenti pour sa part l’attaque de la nuit. Il a déclaré que les Tigres n’avaient pas riposté à l’intervention de l’armée, qui aurait tué au moins 12 personnes et en aurait forcé au moins 15.000, presque uniquement des Tamouls, à fuir la zone des combats. Il a demandé l’aide du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) pour évacuer trois civils dans un état critique vers des hôpitaux des régions sous contrôle gouvernemental.
La seule route terrestre entre les bastions de l’insurrection dans le Nord et le reste du pays a été fermée par le gouvernement, a expliqué Helen Olafsdottir, porte-parole de l’équipe européenne de supervision du cessez-le-feu. Le responsable suédois du groupe, Ulf Henricsson, a estimé de son côté que la trêve restait en vigueur malgré les combats. "Personne n’a abrogé le cessez-le-feu", a-t-il souligné, admettant toutefois qu’il y avait là "une violation grave de l’accord".
Pour le général sri-lankais Harry Goonetilleke, expert militaire reconnu, le retour à la guerre civile pourrait être évité "si l’opération (de l’armée) était limitée à certaines zones pour effrayer les LTTE et les tenir à distance", sans causer trop de pertes aux rebelles.
Les tensions entre gouvernement et insurrection se sont accrues ce mois-ci alors qu’au moins 89 personnes, dont 43 soldats et policiers, étaient tuées dans divers actes de violence. La semaine dernière, les Tigres se sont retirés des négociations de paix qui devaient débuter lundi dernier à Genève en invoquant des attaques contre des civils tamouls et des différends avec le gouvernement.