ATHENES (AFP) - Six membres du groupe terroriste grec du 17-Novembre, dont Alexandre Giotopoulos, le cerveau de l’organisation, et Dimitris Koufontinas, son chef opérationnel, ont été condamnés mercredi à Athènes à la prison à vie par une cour spéciale, à l’issue d’un procès-fleuve de plus de neuf mois.

M. Giotopoulos, un Grec de 59 ans né à Paris, et M. Koufontinas, un apiculteur de 45 ans, ont été condamnés respectivement 21 fois et 13 fois à la prison à perpétuité.

Quatre autres membres du groupe se sont également vu infliger des peines de prison à vie. Savvas Xiros, fils d’un pope orthodoxe et l’un des principaux exécutants du groupe avec M. Koufontinas, a été condamné à six reprises à la prison à vie, son frère Christodoulos Xiros à dix, Vassilis Tzortzatos quatre et Heraklis Kostaris une.

Les neuf membres restant du groupe ont été condamnés à de lourdes peines de prison. Cinq ont écopé de 25 ans de prison, tandis que les quatre autres se sont vu infliger de 8 à 17 ans de prison.

Mais pour l’un d’eux, Costas Telios, 38 ans, l’un des trois repentis du groupe, condamné à 25 ans de prison, la cour a finalement décidé de le laisser libre jusqu’au procès en appel.

Les deux autres repentis Patroclos Tsélendis et Sotiris Kondylis ont aussi été condamnés à 25 ans de prison ferme, sans toutefois bénéficier de cette même mesure de clémence.

M. Giotopoulos, qui a toujours clamé son innocence et dénoncé une machination anglo-américaine contre lui, a qualifié la décision de "ridicule". "Ce sont les Américains qui ont dicté cette décision. Rien n’a été prouvé par cette Cour", a-t-il lancé.

"Nous ferons appel et tous les condamnés feront appel", a affirmé à l’AFP un des avocats de M. Giotopoulos, Me Costas Chrissikopoulos. L’avocat des frères Xiros, Giorgos Agiostratitis, a pour sa part estimé que "les appels ne seront pas jugés avant la fin de 2004, après les JO" qui se dérouleront l’été prochain à Athènes.

La cour a pratiquement suivi le très sévère réquisitoire du parquet, ont souligné plusieurs avocats de la défense.

Le procureur Christos Lambrou a aussi fait appel notamment contre l’acquittement de deux des accusés, Angéliki Sotiropoulou, 40 ans, la seule femme inculpée, et Yannis Sérifis, militant syndicaliste d’extrême gauche de 65 ans, qui ont été libérés la semaine dernière.

Alexandra Athanassiadis, fille de l’industriel Alexandros Athanassiadis, assassiné en 1988, s’est dite "satisfaite" des sentences. "Tous les membres du 17-N ne sont pas dans la salle", a-t-elle toutefois assuré, alors que le journal Ta Néa affirmait que la police recherchait toujours sept personnes dont les empreintes ont été retrouvées dans les caches du groupe.

A l’issue de la lecture des verdicts, un petit groupe de jeunes a crié "Vive les combattants". "Tant qu’il y aura des tanks en Irak, aucun Anglais ne dormira tranquille", ont-ils lancé avant d’être expulsés sans incident.

Le 8 décembre dernier, 15 des 19 accusés au procès avaient été jugés coupables par la cour des différentes charges qui pesaient sur eux. Le 17-Novembre a notamment revendiqué 23 meurtres de personnalités étrangères et grecques entre 1975 et son démantèlement en 2002.

La cour avait à se prononcer sur les actions du groupe après 1983, les autres étant prescrites, y compris le meurtre en 1975 du chef d’antenne de la CIA à Athènes, Richard Welch, la première action du groupe.

Le 17-N, à l’idéologie marxiste fortement teintée de nationalisme et d’anti-américanisme, tire son nom de la révolte étudiante contre la dictature des colonels (1967-74) écrasée dans le sang à Athènes le 17 novembre 1973.