lundi 24 avril 2006, 11h18
KATMANDOU (AFP) - Les rebelles maoïstes ont lancé une nouvelle attaque contre les forces gouvernementales népalaises près de Katmandou où le couvre-feu a été reconduit lundi à la veille d’une nouvelle manifestation massive contre le roi à l’appel des sept principaux partis d’opposition.
L’ambassade des Etats-Unis à Katmandou a demandé lundi aux familles des diplomates en poste et à certains personnels quitter le pays secoué depuis plus de deux semaines par des violentes manifestations contre le pouvoir du roi Gyanendra.
Cinq maoïstes et un soldat népalais ont été tués dans la nuit de dimanche à lundi au cours de l’assaut qui visait un centre de télécommunications et un poste de police dans la localité de Chautara (environ 120 kilomètres au nord est de la capitale), a annoncé lundi un responsable militaire. "Les corps de cinq maoïstes ont été retrouvés lundi matin à l’issue des combats ainsi que celui d’un de nos hommes", a-t-il déclaré sous couvert de l’anonymat.
Les rebelles ont décrété début avril un cessez-le-feu unilatéral à l’intérieur et aux abords de Katmandou, où le couvre-feu diurne a été reconduit lundi. La mesure entre en vigueur à partir de 11H00 (05H15 GMT) jusqu’à à 18H00 (12H15 GMT) avec autorisation pour les forces de l’ordre de tirer à vue sur les contrevenants, a annoncé la télevision d’Etat. Pour obtenir le rétablissement de la démocratie pluraliste suspendue après le dissolution Parlement en 2002, l’opposition a lancé le 6 avril, de concert avec les rebelles, un appel à la grève générale illimitée accompagnée de manifestations quotidiennes.
Dimanche, elles ont été limitées à la périphérie de Katmandou où quelque 10.000 personnes ont défilé contre 200.000 à 300.000 samedi selon des journalistes et diplomates. Les opposants n’ont pas non plus pénétré dans le centre de Katmandou comme ils l’avaient fait samedi. Cependant, la police a de nouveau tiré des balles en caoutchouc pour les empêcher d’approcher le palais royal. Des affrontements ont eu lieu dans quatre quartiers faisant 27 blessés, dont cinq graves, selon des sources hospitalières.
Au moins quatorze personnes ont été tuées et des centaines d’autres ont été blessées par des tirs et charges des forces de l’ordre depuis plus de deux semaines. L’opposition a appelé dimanche à poursuivre la mobilisation et à une nouvelle manifestation massive, mardi, en direction du palais royal. "Nous allons organiser une protestation massive après-demain (mardi) et je demande à l’ensemble du peuple de descendre dans la rue", a déclaré Bamdev Gautam, numéro 2 du Parti communiste du Népal marxiste-léniniste unifié, l’un des sept partis à l’origine du mouvement de protestation contre le roi Gyanendra qui a pris les pleins pouvoirs le 1er février 2005.
Le souverain avait instauré l’état d’urgence, suspendu les droits fondamentaux et limogé le gouvernement de coalition en l’accusant d’être corrompu et incapable de mater la rébellion maoïste engagée dans une guérilla contre la monarchie qui a fait 12.500 morts en dix ans. Depuis, des centaines de militants politiques et défenseurs des droits de l’Homme ont été emprisonnés. Confronté à la plus grave crise de son règne, le monarque a annoncé la semaine dernière la tenue d’élections et proposé à l’opposition de désigner une personnalité pour le poste de Premier ministre.
Mais l’opposition a catégoriquement rejeté son offre jugée tardive et insuffisante. En 1990, un soulèvement populaire pour l’établissement de la démocratie avait également été réprimé dans le sang. Mais des centaines de morts plus tard, le prédécesseur de Gyanendra, son frère Birendra (assassiné depuis), avait finalement introduit le multipartisme.