KATMANDOU (Reuters) - Des milliers de Népalais ont tenté dimanche d’envahir un hôpital public, tandis que d’autres ont brûlé des véhicules du gouvernement et ont affronté la police anti-émeutes en dépit d’un couvre-feu visant à empêcher les manifestations en faveur de la démocratie.
Une passante blessée samedi par une balle perdue tirée par l’armée à Narayanghat, à 150 km au sud de Katmandou, est décédée dimanche, a rapporté un médecin. Trois personnes, dont cette femme, ont été blessées à Narayanghat.
"Elle est morte ce matin", a déclaré à Reuters par téléphone le docteur Bhojraj Adhikary.
Samedi, un manifestant a été tué par balle par l’armée à Pokhara, dans l’ouest du royaume, ce qui a accru la colère des activistes à l’origine du mot d’ordre de grève de quatre jours qui a débuté jeudi pour dénoncer l’autoritarisme du roi Gyanendra.
La tension était palpable à Naryanghat, ont précisé des témoins, selon lesquels le couvre-feu n’a pas dissuadé les gens de descendre dans la rue.
A Pokhara, des milliers de personnes ont tenté d’entrer dans l’hôpital où avait été transporté le corps du manifestant tué samedi.
La foule a brûlé des postes des forces de sécurité et s’est confrontée à la police anti-émeutes.
"Des milliers de personnes sont dans les rues. La tension est très forte", a dit Keshav Lamichhane, un journaliste népalais.
L’armée affirme avoir ouvert le feu samedi à Pokhara en situation de légitime défense.
"LE REGIME EST DEJA DEFAIT"
Les sept principaux partis politiques du Népal avaient prévu une grande manifestation contre le roi samedi à Katmandou, mais les importantes mesures de sécurité ont fait que seules quelques petites manifestations ont pu brièvement défier le cessez-le-feu.
"Les gens ne se laisseront pas intimider de la sorte. Cela montre que le régime est déjà défait", a déclaré Arjun Narsinght K.C., dirigeant du Congrès népalais, premier parti politique.
"Nous essaierons encore de défiler vers le centre-ville et de manifester. Nous continuerons jusqu’à ce que nous réussissions. Nos manifestations ne cesseront pas", a-t-il dit à Reuters.
Des activistes sont parvenus à braver le couvre-feu dans certaines parties de la capitale, où ils ont incendié des véhicules du gouvernement et des pneus.
Le ministère de l’Intérieur a lancé une mise en garde.
"Si quelqu’un sort de sa maison en dépit du couvre-feu, le personnel de sécurité fera d’abord une sommation de s’arrêter. Mais si la personne n’obéit pas à la sommation et ne s’arrête pas, le personnel de sécurité pourra même tirer sur elle".
Samedi marquait le 16e anniversaire de l’instauration du pluralisme au Népal.