ATHENES (AP) - De violents incidents provoqués par des protestataires réclamant la libération de membres présumés de l’organisation terroriste du 17-Novembre ont éclaté dimanche à Athènes, lors d’une manifestation pro-démocratique visant à commémorer le soulèvement étudiant contre la junte des colonels qui avait été réprimé dans le sang en 1973.
Un petit groupe de protestataires présents au milieu de plus de 10.000 manifestants a mis le feu à des magasins et s’en est pris aux policiers anti-émeutes à coups de pierres et d’engins incendiaires. Les forces de l’ordre ont usé de gaz lacrymogène et arrêté une dizaine d’assaillants.
Plusieurs centaines d’anarchistes et de sympathisants autoproclamés avaient en effet profité de l’événément annuel pour dénoncer les arrestations de membres présumés du groupe du 17-Novembre -qui tire son nom de la révolte des étudiants contre la dictature- et auquel sont attribués 23 assassinats et des dizaines d’attentats depuis 1975.
Au moins quatre commerces ont été incendiés tandis que d’autres magasins et des maisons étaient la cible d’actes de vandalisme, selon la police. Les émeutiers ont érigé des barricades à l’aide de chaises installées sur des terrasses de cafés près de l’ambassade des Etats-Unis. Les agents gardant la mission diplomatique ont été pris sous un envoi de projectiles, dont des pierres et des engins incendiaires de fabrication artisanale. Aucune information faisant état de graves blessures n’a été diffusée.
Plus de 5.000 policiers avaient été déployés tout le long du parcours que devaient emprunter les manifestants. Des unités anti-émeutes bloquaient tous les axes autour de l’ambassade des Etats-Unis, traditionnel objectif du défilé en raison du soutien des Américains à la junte qui dirigea la Grèce de 1967 à 1974.
Les violences avaient baissé d’un cran ces dernières années au cours de la marche -emmenée par le Parti communiste grec-, mais les autorités étaient en état d’alerte cette année en raison de l’arrestation de 18 membres présumés du 17-Novembre et d’un sentiment anti-américain né de la croisade lancée par Washington contre l’Irak. Certains manifestants ont d’ailleurs scandé "Non à la guerre en Irak" ainsi que d’autres slogans hostiles au président américain George W. Bush.
A Thessalonique, dans le nord du pays, quelque 6.000 manifestants se sont rassemblés devant le consulat américain et ont brulé un large drapeau américain ainsi qu’une effigie du chef de la Maison blanche. Aucun incident n’a été rapporté.
Au moins 23 personnes avaient été tuées et des centaines d’autres blessées en 1973 lors de l’intervention des soldats à l’Université Polytechnique d’Athènes en vue de réprimer le soulèvement étudiant. Le bilan des morts n’a jamais été établi avec précision et selon certains, il serait beaucoup plus élevé.