KATMANDOU (AFP) - Les autorités népalaises ont procédé à une vaste rafle mercredi, arrêtant près de 85 personnes, dont 35 dirigeants politiques, à Katmandou à la veille d’un mouvement de protestation nationale contre le roi qui a pris les pleins pouvoirs il y a plus d’un an.
Les dirigeants politiques ont été arrêtés chez eux à l’aube, selon des opposants, à la veille du début d’une grève de quatre jours et avant une manifestation nationale prévue samedi à l’appel des sept grands partis politiques de concert avec les rebelles maoïstes.
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"Au moins 35 dirigeants ont été arrêtés ce matin. En fonction de la situation, ils peuvent être détenus ou relâchés d’ici mercredi soir", a dit un responsable de la police sous couvert de l’anonymat.
Par ailleurs, quelque 47 personnes ont été arrêtées alors qu’elles manifestaient avec une centaine d’autres, selon des témoins, bravant la décision du gouvernement qui a interdit mardi tout rassemblement public à compter de mercredi.
"Parmi les personnes arrêtées, il y avait 13 journalistes, cinq enseignants, 13 avocats et trois médecins", a déclaré le secrétaire de la Fédération des journalistes népalais, Balaram Baniya, depuis son lieu de détention provisoire.
Le bureau à Katmandou du Haut commissariat des Nations unies pour les droits de l’Homme, qui avait lundi exhorté le gouvernement à autoriser les manifestations pacifiques, tentait d’évaluer la situation.
"Les équipes (...) visitent tous les lieux de détention, toute la journée, pour déterminer le nombre de personnes détenues ainsi que les conditions et les raisons données par les autorités pour les arrestations et détentions", a dit le porte-parole de l’organisation Kieran Dwyer.
Après son coup de force du 1er février 2005, le roi Gyanendra avait pris la tête d’un gouvernement de fidèles, muselé les partis politiques à coups de rafles massives et restreint les droits fondamentaux, dont ceux d’expression.
En janvier, le gouvernement avait arrêté des centaines de militants politiques et défenseurs des droits de l’Homme avant une action de protestation similaire, provoquant les critiques de nombreux pays. Il avait imposé le couvre-feu, coupé les communications des téléphones portables et interdit les rassemblements publics.
Après l’interdiction de tout rassemblement mardi, les partis politiques ont affirmé qu’ils observeraient la grève et manifesteraient contre le roi.
Après les rafles mercredi, ils ont à nouveau affiché leur détermination.
La grève et la manifestation de samedi auront lieu en dépit des arrestations, a affirmé le secrétaire du parti du Congrès népalais, le principal parti d’opposition, Shovakar Parajuli.
"Notre plan sera appliqué comme prévu et nous ne serons pas ébranlés par les mesures de répression du gouvernement", a-t-il dit.
Ce vaste mouvement pour rétablir la démocratie avait été décidé mi-mars par les sept partis politiques et les maoïstes qui ont conclu l’année dernière une alliance souple contre le roi.
Lundi soir, les rebelles, en lutte contre la monarchie depuis 1996, avaient dans ce cadre annoncé un cessez-le-feu unilatéral dans la capitale.
"Après des discussions avec l’alliance des sept partis et la société civile, nous avons décidé de stopper notre offensive dans la vallée de Katmandou à partir de lundi soir afin de créer des conditions favorables permettant au public de participer à la manifestation pacifique", avait expliqué leur chef, Prachanda.