DIYARBAKIR (Turquie), 17 mars 2006 (AFP) - - Les autorités turques ont renforcé les mesures de sécurité dans le sud-est peuplé majoritairement de kurdes à l’approche du Newroz, la fête traditionnelle du Nouvel An Kurde, dans la crainte de possibles incidents.
Les Kurdes de Turquie, qui constituent une importante communauté de quelque 12 millions de personnes, profitent habituellement de cette fête qui annonce l’arrivée du printemps, le 21 mars, pour réclamer des droits accrus.
Il donne également lieu à des manifestations de soutien aux rebelles armés du Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK, séparatiste), qui combattent depuis 1984 les forces turques qui l’utilisent comme un symbole de leur lutte.
Le ministère de l’Intérieur a récemment publié une circulaire appelant la police à rester sur le qui-vive le 21 mars, qui a été marqué dans le passé par des émeutes sanglantes.
Le porte-parole de la police Ibrahim Caliskan a mis en garde vendredi lors d’un point de presse contre des "actes de provocation" lors de cette journée et les jours qui le précéderont.
Plusieurs milliers d’agents de sécurité doivent être déployés dans les provinces de la région -autrefois sous état d’urgence- pour assurer l’ordre.
Des dizaines de milliers de personnes devraient se rassembler mardi à Diyarbakir, principale ville du sud-est anatolien, pour célébrer le Newroz en compagnie de concerts de chanteurs kurdes populaires.
Elles ne seront pas autorisées cette année à déployer des bannières du PKK.
Les célébrations avaient dégénéré en échauffourées l’an passé entre la police et manifestants dans les villes situées plus à l’ouest comme Mersin (sud) ou Izmir (ouest), qui comptent d’importantes diasporas kurdes.
Les incidents dans les zones kurdes de Turquie se sont multipliés depuis juin 2004, date à laquelle le PKK a mis fin à une trêve unilatérale avec Ankara qui avait duré cinq ans.
Sur son site internet, le PKK a appelé pour cette journée les Kurdes à se "soulever" contre l’Etat turc, à "intensifier" la lutte contre ses forces et à continuer à demander la libération de son chef, Abdullah Öcalan, qui purge une peine à vie depuis 1999 dans une prison du nord-ouest du pays.