samedi 11 mars 2006, 0h16
PARIS (AFP) - Emblème de l’université française et haut lieu des événements de Mai 68, la Sorbonne est devenue vendredi le symbole de la mobilisation contre le CPE avec son occupation par des centaines de personnes alors que plusieurs dizaines d’autres universités étaient toujours le théâtre de divers mouvements anti-CPE.
Nicolas Sarkozy, en visite aux Antilles, a décidé d’anticiper son retour en métropole en raison de l’agitation estudiantine, notamment à la Sorbonne, a-t-on appris dans son entourage à Fort-de-France.
Des étudiants continuaient de pénétrer vendredi peu avant 23H00 dans la Sorbonne occupée, en montant sur des échafaudages de chantier à partir de la place de la Sorbonne jusqu’à une fenêtre ouverte au troisième étage.
Trois mini barricades ont été érigées vendredi soir boulevard Saint-Michel. L’une au niveau de la place de la Sorbonne peu après l’invasion de l’"Alma mater" la plus ancienne et la plus réputée de France. La deuxième barricade a été installée en face de la place de la Sorbonne et la troisième a été installée à une vingtaine de mètres de la deuxième.
Huit universités (Clermont-Ferrand II, Grenoble II et III, Lille III, Montpellier III, la Rochelle, Rennes II et Paris X) étaient bloquées vendredi soir et 26 autres "perturbées à des degrés divers", sur 84 en France, selon le ministère de l’Education nationale.
La coordination Ile-de-France des étudiants grévistes, réunie vendredi soir à huis-clos à Paris X-Nanterre a appelé à la mobilisation générale pour la manifestation nationale du samedi 18 mars, a annoncé un des participants à la réunion.
La Sorbonne, occupée depuis deux nuits, a été envahie peu avant 17H00 par plusieurs centaines de personnes qui ont pénétré dans le bâtiment en passant par des fenêtres au rez-de-chaussée. Ils "organisaient leur plan de défense" en vue de passer la nuit à l’intérieur de l’université.
Le sénateur PS de l’Essonne, Jean-Luc Mélenchon, qui était entré dans la Sorbonne, a été contraint d’en sortir rapidement après avoir été "bousculé" par quelques étudiants qui lui ont interdit de prendre la parole, selon de nombreux témoignages recueillis par l’AFP.
A l’intérieur de la Sorbonne occupée, les jeunes se sont réunis en assemblée générale dans un amphithéâtre et ont brandi leurs cartes d’étudiants pour répondre au rectorat qui avait affirmé un peu plus tôt qu’il s’agissait d’ "étudiants radicaux, agitateurs, intermittents du spectacle et sans-papiers".
A Paris X Nanterre, une étudiante en droit handicapée d’une jambe a été "bousculée et blessée" par des étudiants grévistes vendredi matin, selon le service de sécurité de l’Université. Les étudiants grévistes ont démenti cette information. "Nous démentons toute implication car il s’agit d’un accident", a affirmé Eloïse Mary, porte-parole du comité de mobilisation anti-CPE de l’université de Nanterre.
M. de Robien a vivement condamné cet incident. "Je sais que les étudiants fautifs auraient été identifiés. Ceci est inqualifiable. Il faut arrêter ces mouvements qui peuvent être dangereux", a-t-il déclaré.