lundi 27 février 2006, 7h57
KABOUL (AFP) - Au moins quatre détenus ont été tués et une trentaine blessés ce week-end lors d’une mutinerie dans la plus grande prison d’Afghanistan, près de Kaboul, où sont emprisonnés des centaines de talibans et de membres présumés d’Al-Qaïda, ont indiqué lundi des responsables afghans.
Les forces de l’ordre restaient déployées lundi matin autour de la prison de Pul-e-Charkhi, à la sortie est de la capitale afghane, sans avoir pu pénétrer dans le bloc où les incidents ont commencé samedi soir.
Aucun bilan officiel n’était disponible auprès des autorités qui attendaient de pouvoir pénétrer dans le bloc concerné par les incidents avant de se prononcer. La prison de Pul-i-Charkhi abrite plus de 1.300 détenus, dont quelque 300 militants de l’ancien régime fondamentaliste des talibans et de leurs alliés du réseau Al-Qaïda. En décembre 2004, une mutinerie y avait déjà fait neuf morts : quatre détenus et cinq gardiens.
Des centaines de policiers et soldats encerclent un bâtiment de la prison Pul-e-Charkhi, dans la banlieue de Kaboul, depuis samedi soir quand la mutinerie a débuté, apparemment dans une aile de la prison occupée par des talibans et des membres d’Al-Qaïda. La police, elle-même soutenue par un second cordon de soldats, a fermé les portes de l’établissement pénitentiaire. Les forces de sécurité n’avaient pour l’instant pas l’intention de pénétrer dans le bâtiment, où règnerait le chaos, a précisé le responsable de la sécurité sous couvert de l’anonymat.
Les mutins, armés pour certains de barres de métal démontées de sommiers de lit ou d’autres meubles, avaient dimanche jeté depuis les fenêtres du bâtiment des matelas enflammés et des meubles en bois, a-t-il expliqué. Certains criaient "Mort (au président afghan Hamid) Karzaï", "Mort (au président américain George) Bush" ou encore "Mort à l’Amérique", a-t-il ajouté.
Les émeutes auraient débuté samedi soir dans l’aile réservée aux détenus politiques, qui héberge environ 300 talibans et membres d’A-Qaïda, avant de se répandre aux cellules occupées par des criminels de droit commun, a expliqué le porte-parole de la Commission indépendante afghane des droits de l’homme, Nader Nadeery.
Certaines informations de presse expliquaient le soulèvement par la résistance des détenus à endosser de nouveaux uniformes, qui distinguent les détenus politiques des droit commun. D’autres informations faisaient état d’une tentative d’évasion organisée par des taliban. Les mutins n’ont pas d’exigences précises, a précisé M. Nadeery, qui a été appelé pour faire office de médiateur. "Ils ne sont d’accord sur rien... ils veulent simplement être libérés", a-t-il déclaré. Parmi les mutins figure Gangleader Timur Shah, condamné à vingt ans de prison pour l’enlèvement de la coopérante italienne Clementina Cantoni, libérée en juin après 24 jours de captivité.
Sept taliban s’étaient échappés il y a un mois de la même prison, avec l’aide présumée de gardes. En décembre 2004, une mutinerie y avait déjà fait neuf morts : quatre détenus et cinq gardiens.