Communiqué de presse du 20 février 2006
DEPUIS CE MATIN À NANTES : OCCUPATION DES ARBRES D’UN CHANTIER DE CONSTRUCTION DE PRISON POUR MINEURS
Contact : 06 78 89 73 30
Quelques dizaines de personnes se sont installées ce matin en haut des
arbres et sur le terrain du chantier du futur Etablissement Pénitentiaire
pour Mineurs d’Orvault afin d’en empêcher la construction imminente.
Une diffusion massive de l’information est organisée dans toute la ville
au moyen de tracts et affiches...
Ci-dessous vous trouverez le tract présentant plus précisément les raisons
et formes de cette action. Plus de textes sont à consulter sur
http://nantes.indymedia.org/article.php3 ?id_article=7713
D’autres informations seront régulièrement disponibles sur le site
http://nantes.indymedia.org/
Pour nous rejoindre, de l’avenue du bois Raguenet, avant l’arrêt Fenaison
du bus 87, passez par le mini square sur la droite jusqu’à la forêt ;
trouvez un des sentiers qui permettent de la traverser, vous verrez
ensuite des débuts de travaux, nous sommes là, un peu sur la gauche. Un
petit plan est également dessiné sur
http://nantes.indymedia.org/IMG/pdf/tract.pdf
POURQUOI OCCUPER LE CHANTIER D’UNE PRISON ?
Quelques dizaines de personnes occupent les arbres situés sur le terrain
du futur E.P.M (Etablissement Pénitentiaire pour MineurEs) d’Orvault, dans
la banlieue de Nantes, afin d’en empêcher la construction.
Nous voulons nous opposer de manière déterminée aux violences de l’état et
de l’économie, celles qui détruisent nos vies : l’incarcération, la
misère, la ghettoïsation, les politiques sécuritaires et racistes, le
salariat...
DES PRISONS POUR MINEURES AUX POLITIQUES DE « TOLÉRANCE ZÉRO »
Le gouvernement prévoit la construction de 7 Etablissements Pénitentiaires
pour MineurEs de 13 à 18 ans d’ici fin 2006. Ils fourniront 420 nouvelles
places d’incarcération qui s’ajouteront aux 850 existantes dans les
quartiers pour mineurEs des prisons. Les projets actuels d’EPM sont situés
dans les périphéries de Valenciennes, Meaux, Lyon, Mantes-la-Jolie,
Toulouse et Marseille. Quelques autres mesures illustrent ce renforcement
sécuritaire généralisé :
une augmentation des incarcérations : +45% entre 1990 et 2002 pour les
mineurEs et 1320 nouvelles places pour les majeurEs.
la création des Centres de Placement Immédiat (CPI), des Centres
Educatifs Renforcés (CER) et ensuite des Centres Educatifs Fermés (CEF).
Ces centres montrent une évolution de plus en plus disciplinaire, aux
dépens de politiques éducatives. (sachant que l’éducatif peut également
rimer avec normalisation et mise au pas des individuEs).
la soumission des services sociaux à une mission de flicage des
individuEs, avec par exemple, l’obligation des éducateurs/trices à la
délation et la transmission des dossiers à la police.
des pressions sur l’entourage familial avec les suspensions des
allocations et en instaurant la responsabilité pénale des parents de «
délinquantEs ».
le développement des nouvelles technologies pour créer des outils de
contrôle : vidéosurveillance (notamment dans les établissements
scolaires), biométrie, bracelets électroniques, fichage ADN, etc. Le tout
pour un « contrôle permanent ».
la création de nouveaux délits, par exemple la pénalisation d’actes du
quotidien comme le regroupement dans les halls d’immeubles ou la fraude
des transports en commun, jusqu’à la mise en place de couvre-feux.
une présence policière plus forte et plus agressive avec notamment les
Brigades Anti Criminalité (BAC) harnachées de nouvelles armes high-tech,
les contrôles aux faciès, les harcèlements constants, les bavures et
« accidents » meurtriers couverts et cachés.
Il se pose la question de la déviance et de sa gestion. L’état tient pour
responsable les individuEs qu’il considère comme fautifs et les punit. Or,
ce sont les conditions sociales, affectives, économiques qui construisent
une personne, et ce sont ces conditions qui sont à questionner. Comment
peut-on envisager de régler des problèmes en enfermant, brisant et
torturant des individuEs ? Il s’agit d’une logique circulaire qui ne fait
que perpétuer et accroître la violence. La prison instaure la punition en
système, elle existe pour faire peur et préserver l’ordre établi. Elle est
un supplice qui, malgré tous les discours de rénovation et de réformes,
reste essentiellement dégradant et humiliant.
Il faut changer les conditions sociales, économiques, les modes de
relation entre les gens plutôt que de punir les individuEs. Il ne s’agit
pas de se conformer par la répression ou l’éducation aux normes actuelles,
mais il s’agit bien de les changer. Là où règne la domination, nous
préférons construire d’autres rapports entre les individuEs, par exemple
s’attaquer au patriarcat qui entretient des schémas de soumission et de
violence, et y substituer d’autres valeurs que l’homophobie et le sexisme
à tous crins.
Les logiques de profit entérinent une image de la « réussite sociale » :
posséder des biens matériels devient la condition nécessaire pour exister
et faire partie de la catégorie des « gens bien ». Ces logiques
transforment alors en « délinquantEs » celles et ceux pour qui il est
impossible de posséder.
Ce qui est mis sous le terme de « délinquance » s’avère parfois être un
moyen de survie (les inévitables économies parallèles qui sont des moyens
de faire face aux injustices et à la pauvreté : deal, vols, braquages...).
Il s’agit parfois d’actes de violence contre d’autres (coups, racket,
viols...) qui entraînent indéniablement des souffrances, mais que l’on
n’empêchera pas en brisant psychologiquement les dits « coupables », et ce
tant que cette société se structurera dans la compétition,
l’autoritarisme, le machisme.
La « délinquance » n’est souvent que la manifestation de la colère et de
l’opposition aux règles établies. Bon nombre de condamnations sont le
résultat direct des violences et du harcèlement policier, face auxquels
des réactions de défense ou de protection se transforment au tribunal en
« outrage et rébellion ».
Les émeutes d’octobre dernier ont par exemple traduit la révolte de celles
et ceux qui sont parquéEs dans les cités, qui subissent la précarité,
l’humiliation des services sociaux, le racisme, la hargne de l’état, tout
comme celle des bonNEs citoyenNEs. Sachons nous montrer solidaires de
celles et ceux dont la république ne veut pas plutôt que de les juger...
AGIR...
Dans diverses villes, des collectifs se sont formés pour s’opposer à la
construction et à l’existence des prisons. À Nantes, il existe déjà sur la
question des mineurEs un collectif « anti EPM », qui a organisé des
campagnes d’information et une manifestation sur le site. De manière
complémentaire, il nous semble nécessaire d’utiliser des formes d’actions
directes dans nos luttes contre l’enfermement. Occuper le site du futur
chantier, c’est empêcher concrètement le démarrage des travaux. Occuper
les arbres, c’est se mettre en travers des machines et obliger l’état à
une expulsion coûteuse. Par ces modes d’action offensifs, nous voulons
créér un rapport de force face à l’état.
Venez donc soutenir ou participer à cette action, discuter, prendre des
infos (textes, journaux, affiches, etc.) en venant sur place !
Contacts : of-fence@no-log.org