mardi 24 janvier 2006, 19h06
PORT HARCOURT, Nigeria (Reuters) - Un groupe armé a attaqué au Nigeria des bureaux de la compagnie pétrolière Agip, filiale du groupe ENI, et onze personnes ont été tuées, apprend-on de sources proches des services de sécurité et du gouvernement.
A Milan, la direction d’ENI a confirmé que ses installations avaient été attaquées. Elle avance un bilan de neuf morts et d’un certain nombre de blessés.
Le groupe ENI, qui a procédé à l’"évacuation temporaire" de son personnel et de ses sous-traitants, ajoute que "la situation est actuellement maîtrisée".
On ignore si cette attaque, survenue à Port Harcourt, est due à l’organisation qui détient quatre étrangers en otages et a revendiqué une série d’attentats ces dernières semaines sur des installations pétrolières.
"Il y a eu un raid massif contre les bureaux d’Agip à Port Harcourt. Neuf policiers et deux autres personnes ont été tués", a-t-on appris de source gouvernementale.
Le groupe, composé d’une trentaine d’hommes armés de fusils d’assaut AK-47, est arrivé dans les locaux de la compagnie à bord de deux vedettes rapides. Il s’est opposé à la police au cours d’une longue fusillade et a réussi à dévaliser une banque, a-t-on ajouté de même source.
Otages : les négociations se poursuivent, mais la situation reste confuse
NIGERIA - 23 janvier 2006 - AFP
Les autorités nigérianes poursuivaient lundi des discussions indirectes avec les militants séparatistes du Delta du Niger (sud), qui retiennent en otage depuis douze jours quatre expatriés du secteur pétrolier et ont menacé de lancer de nouvelles attaques.
Le porte-parole de l’Etat de Bayelsa, Ekiyor Welson, a indiqué que des responsables de cet Etat et du gouvernement fédéral ont rencontré dimanche des responsables locaux de la région du Delta du Niger, où les otages sont sans doute détenus.
"Maintenant, les anciens et les chefs de la jeunesse négocient avec les garçons (les ravisseurs présumés, NDLR). D’après les signaux que nous recevons, il se passe quelque chose de positif, d’ici la fin de la semaine le problème sera résolu positivement", a-t-il assuré. Les émissaires doivent revenir lundi pour rendre compte de leur mission, a-t-il expliqué.
Les ravisseurs, membres supposés d’un groupe revendiquant l’autonomie et le contrôle des ressources pétrolières de cette région du Delta riche en pétrole, ont menacé vendredi de tirer à la roquette sur des installations ou d’attaquer des camions-citerne, tout en démentant être entrés en contact avec les autorités fédérales.
Celles-ci avaient affirmé vendredi avoir établi un premier contact avec ces ravisseurs et les otages - un Américain, un Britannique, un Bulgare et un Hondurien -, enlevés par un groupe d’hommes armés le 11 janvier lors de l’attaque d’une plate-forme pétrolière du géant anglo-néerlandais Shell, au large de l’Etat de Bayelsa (sud).
Des sources officielles et industrielles ont indiqué à l’AFP que la confusion régnait quant à l’identité des ravisseurs, et au moins cinq groupes ont revendiqué les enlèvements, dont un se présentant comme le Mouvement d’émancipation du Delta du Niger (MEND).
Il demande le paiement par Shell de 1,5 milliard de dollars aux Ijaws, et la libération de deux dirigeants de la communauté Ijaw, une ethnie du Delta forte de 14 millions de personnes, l’ex-gouverneur de Bayelsa, Diepreye Alamieyeseigha, et le chef séparatiste Mujahid Dokubo Asari.
L’épouse de ce dernier a déclaré dimanche que le gouvernement se devait de libérer son mari pour sauver la vie des quatre expatriés pris en otages depuis le 11 janvier, assurant qu’il n’est pas le commanditaire de la prise d’otages, mais qu’il est le mieux placé pour permettre leur libération.
Lundi, dans un courrier électronique envoyé à l’AFP, un porte-parole du groupe a déclaré que les otages ne seront libérés qu’après satisfaction des revendications, et qu’ils sont en assez bonne santé. "Il ne leur arrivera du mal que si l’armée nigériane tente d’intervenir", a-t-il ajouté.
L’attaque meurtrière le 15 janvier d’une station de pompage de la compagnie anglo-néerlandaise Shell, à Benisede, toujours dans le Delta du Niger, avait déjà accentué la crise. L’affrontement avait fait deux morts parmi les employés civils et une dizaine de blessés, tandis que l’armée a fait état de "cinq morts et neuf portés disparus" dans ses rangs.
La crise dans le Delta du Niger, principale zone de production pétrolière du Nigeria, couplée aux incertitude dues à la crise du nucléaire en Iran, également producteur de brut, a provoqué une flambée des prix du baril, qui frôlent les 70 USD sur les marchés internationaux.
Le Nigeria est le premier producteur de pétrole d’Afrique et le sixième exportateur mondial avec 2,6 millions de barils par jour en moyenne.