mardi 3 janvier 2006, 15h21
PARIS (AFP) - Le Conseil des ministres a adopté mardi un décret levant à partir de mercredi l’état d’urgence instauré le 8 novembre pour faire face aux violences dans les banlieues, a-t-on appris de source gouvernementale.
L’Elysée avait annoncé lundi soir que le président Jacques Chirac avait décidé de mettre fin à l’état d’urgence à compter du 4 janvier, après avoir discuté de la situation avec le Premier ministre Dominique de Villepin.
L’état d’urgence, une mesure exceptionnelle datant du début de la guerre d’Algérie, avait été décidé par le chef de l’Etat le 8 novembre en pleine crise des banlieues. La loi du 3 avril 1955 permet notamment d’instaurer des couvre-feux et de procéder à des perquisitions sans le contrôle d’un juge.
L’état d’urgence avait ensuite été prolongé par le Parlement à partir du 21 novembre pour une durée de trois mois.
Craignant une nouvelle flambée de violences dans les banlieues à l’occasion du passage à la nouvelle année, les pouvoirs publics ont attendu la fin des fêtes qui donnent traditionnellement lieu à des débordements.
Si la Saint Sylvestre a été marquée par une augmentation sensible (+ 27,6 %) du nombre des violences et des véhicules incendiés, surtout en province, par rapport à l’an dernier, les troubles ont été loin de revêtir l’ampleur des émeutes de novembre, alors que 25.000 policiers et gendarmes étaient mobilisés.
Dans ses voeux au gouvernement, un peu plus tôt, Jacques Chirac a souligné que cette mesure exceptionnelle "était indispensable pour donner aux forces de l’ordre les moyens d’agir". "C’était évidemment une décision de précaution, de protection et une décision strictement temporaire. Au vu de la situation de ces dernières semaines, j’ai décidé d’y mettre fin", a-t-il dit.
Il a également affirmé qu’il fallait une "accélération de l’action" en faveur de l’égalité des chances", à l’école, dans l’accès aux universités et à l’emploi en entreprise et dans la fonction publique.
Partis de gauche, associations et syndicats, hostiles à la prorogation de l’état d’urgence par le Parlement, réclamaient avec insistance sa levée en dénonçant "un régime durable de graves restrictions des libertés publiques".
Alors que le Parti socialiste ne s’était pas opposé à son instauration, son Premier secrétaire, François Hollande, avait affirmé fin novembre que sa prolongation de trois mois était "un mauvais signe, un mauvais symbole et était inutile sur le plan de la sécurité".
Depuis la guerre d’Algérie, l’état d’urgence n’avait été instauré qu’en 1984 en Nouvelle-Calédonie, où il était resté en vigueur pendant six mois en raison de graves troubles dans ce territoire du Pacifique.