lundi 2 janvier 2006, 18h00
PARIS (AFP) - Quatre des six militants basques jugés lundi à Paris pour association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste ont reconnu leur appartenance à l’organisation séparatiste ETA et annoncé qu’ils n’assisteraient pas à la suite de leur procès.
Au nom de ses co-prévenus détenus, Ainhoa Mugica Goni, 35 ans, considérée comme une dirigeante de l’organisation et membre présumée des commandos Donosti (Saint-Sébastien en basque) et Madrid, l’un des plus meurtriers de l’ETA, a lu une déclaration en français dans laquelle elle appelle également le gouvernement français à s’impliquer pour mettre fin au conflit au Pays basque.
"Le gouvernement français aussi doit prendre ses responsabilités et agir dans la bonne direction pour que, dans le futur, le Pays Basque ne reste pas comme un problème interne de l’Etat français", a-t-elle déclaré, ajoutant : "Le gouvernement français aussi doit participer au processus qui donnera fin au conflit".
"Vous prétendez nous juger pour appartenance à l’ETA mais ce n’est pas nécessaire d’organiser cette farce et nous vous le disons sans ambiguïté, oui, nous appartenons à l’ETA et nous sommes fiers", a affirmé Ainhoa Mugica Goni.
Comparaissent à ses côtés Juan Antonio Olarra Guridi, 38 ans, accusé d’avoir été le chef militaire du groupe terroriste ainsi qu’Oscar Celarain Ortiz, 31 ans et Andoni Otegui Eraso, 31 ans, soupçonnés par la justice espagnole d’avoir participé à des assassinats et des attentats à la voiture piégée pour le compte d’ETA.
"Ce procès est inscrit dans une dynamique répressive et d’anéantissement de l’identité basque, du peuple basque", selon Ainhoa Mugica Goni. "C’est pour ça qu’à partir de demain nous ne serons pas là", a-t-elle affirmé.
Seuls deux des prévenus qui comparaissent libres dans ce dossier examiné par la 16e chambre du tribunal, présidée par Jean-Claude Kross, devraient donc être présents pour le reste des audiences : Bruno Josié, 32 ans et sa compagne, Saroia Galarraga, 25 ans, eux-aussi accusés de participation à une association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste.
Originaire de Saint-Pée-sur-Nivelle (Pyrénées-Atlantiques) et de nationalité française comme son ami, Saroia Galarraga est considérée par l’Espagne comme responsable de l’infrastructure des commandos de l’ETA en France.
S’exprimant au nom du groupe terroriste, Ainhoa Mugica Goni a fait référence à la proposition de dialogue politique formulée en novembre 2004 par le parti basque interdit Batasuna, bras politique de l’ETA, en affirmant : "Il est temps d’essayer des voies qui mettront fin au conflit".
"Il n’y a pas de baguette magique : le droit à l’autodétermination et la territorialité, ajoutés à la garantie d’un processus démocratique, sont des concepts incontournables afin de surmonter le conflit", a-t-elle dit.
A la fin de leur déclaration, les prévenus ont été applaudis par le public qui a entonné le chant traditionnel basque "Eusko gudariak gera" (Nous sommes les combattants basques, chant des combattants anti-franquistes de la guerre de 1936-39)
Le procès doit se poursuivre mardi par l’examen des faits