dimanche 1 janvier 2006, 19h40
PARIS (AFP) - La Saint Sylvestre, fêtée cette année en France sous le régime de l’état d’urgence décrété pendant les émeutes de novembre, a été marquée par une dispersion et une augmentation sensible du nombre de véhicules incendiés, surtout en province.
Avec 425 véhicules brûlés sur la totalité du territoire (333 l’année précédente), le bilan définitif montre une hausse (27,6 %) des violences et incendies par rapport à l’an passé, en dépit de la présence de 25.000 policiers et gendarmes (21.000 l’an passé) et l’appui de plusieurs hélicoptères.
Le directeur général de la police nationale (DGPN) Michel Gaudin a souligné dimanche "la très, très grande dispersion" de ces incendies qui ont touché 267 communes (132 l’année précédente) dans 53 départements (41) et ont abouti à 362 interpellations (dont 169 à Paris).
En province, c’est dans le Bas-Rhin qu’il y a eu le plus de véhicules incendiés (38), dont 19 à Strasbourg qui détient cette année le "record" pour une seule et même commune, suivie de près par Toulouse où 18 véhicules ont brûlé et où une école a fait l’objet d’une tentative d’incendie dans le quartier de la Reynerie.
Le Nord est le deuxième département de province le plus touché, avec 22 véhicules incendiés, soit quatre de plus que l’an dernier. "C’est quasiment identique à l’an passé, ce qui est très satisfaisant compte-tenu des événements de novembre", a déclaré le directeur départemental de la sécurité publique du Nord qui attribue ce résultat à "la présence renforcée" des forces de l’ordre.
Si en province les chiffres sont en légère augmentation, en Ile-de-France, au contraire, le réveillon a été marqué par une légère diminution du nombre de dégradations, avec 177 véhicules incendiés (190 il y a un an).
Le département le plus touché reste la Seine-Saint-Denis, berceau des trois semaines de violences urbaines au cours desquelles 10.300 véhicules avaient été incendiés dans toute la France.
La nuit a été relativement calme dans ce département, où soixante véhicules ont été été incendiés (contre 75 l’an dernier), dont deux à Clichy-sous-Bois, et où les affrontements entre jeunes et forces de l’ordre ont été quasiment inexistants.
D’ailleurs, dimanche soir, douze mineurs et jeunes adultes sur les treize interpellés durant la Saint-Sylvestre en Seine-Saint-Denis devaient être relâchés dans la soirée, a-t-on appris de source policière.
Huit des treize jeunes avaient été interpellés à Aulnay-sous-Bois et placés en garde à vue dans les locaux de la Sûreté départementale. Repérés par les policiers à proximité d’un véhicule en flammes, ils avaient pris la fuite à la vue des forces de l’ordre en abandonnant un sac contenant un bidon d’essence.
Leur culpabilité n’ayant pu être établie, les huit jeunes, dont six mineurs, devaient être libérés dimanche soir. Cinq autres jeunes interpellés à Sevran pour des dégradations sur un véhicule de pompiers devaient aussi être remis en liberté.
Dans les Yvelines, quatre jeunes de la communauté des gens du voyage étaient toujours en garde à vue dimanche soir. Ils ont été arrêtés samedi peu avant minuit à Triel-sur-Seine après une course-poursuite d’une quinzaine de minutes au cours de laquelle la police a dû tirer plusieurs fois sans faire de blessés.
Le ministre de l’Intérieur Nicolas Sarkozy a survolé dans un hélicoptère de la gendarmerie une partie de l’Essonne, où la nuit a été "calme" avec 15 feux de véhicules.
A Paris, les festivités à l’occasion du passage à l’an 2006 se sont déroulées sans incident notable, hors des heurts qui ont blessé 13 gendarmes mobiles près de la Tour Eiffel.
Comme l’an passé, une foule compacte de 500.000 personnes s’est réunie sur les Champs-Elysées pour se livrer au rituel des embrassades, explosions de pétards et photos-souvenirs.