Anarchistes Anarchistes
  - (1996) Procès Marini
  - (1996) Quatre de Cordoba
  - (2001) Quatre de Luras
  - (2003) Opération "Black-Out"
  - (2003) Quatre de Valence
  - (2003) Six de Barcelone
  - (2004 - 2005) Opération Cervantes
  - (2004) Enquête sur les COR
  - (2004) Quatre de Aachen
  - (2005) Opération "Nottetempo"
  - (2005) Opération Fraria
  - (2006) Emeutes Forum Social Européen d’Athènes
  - (2006) Operation "Comitato Liberazione Sardegna"
  - (2006) Opération du 9 Février
  - (2006) Opération du Quatre Mai
  - Anonima Sarda Anarchici Insurrezionalista
  - Autres
  - Azione Rivoluzionaria Anticapitalista
  - Brigadas de la Cólera
  - Brigata 20 luglio
  - Cellule Armate per la Solidarietà Internazionale
  - Cellule contro il Capitale, il Carcere, i suoi Carcerieri e le sue Celle
  - Cellule Insorgenti Metropolitane
  - Cooperativa Artigiana Fuoco e Affini (occasionalmente spettacolare)
  - Federazione Anarchica Informale
  - Fuerzas Autonómas y Destructivas León Czolgosz
  - Individus
  - Justice Anti-Etat
  - Narodnaja Volja
  - Nucleo Rivoluzionario Horst Fantazzini
  - Solidarietà Internazionale

Anti-Fascistes Anti-Fascistes
  - Pedro José Veiga Luis Pedro
  - Stuart Durkin
  - Thomas Meyer-Falk
  - Tomek Wilkoszewski
  - Volkert Van Der Graaf

Anti-Guerres Anti-Guerres
  - Barbara Smedema
  - Novaya Revolutsionaya Alternativa

Anti-Impérialistes Anti-Impérialistes
  - Action Révolutionnaire Populaire
  - Armed Resistance Unit
  - Comando Amazónico Revolucionario
  - Comando Popular Revolucionario - La Patria es Primero
  - Comandos Autonomos Anticapitalistas
  - Fraction Armée Révolutionnaire Libanaise
  - Front Armé Anti-Japonais d’Asie du Sud
  - Front Révolutionnaire de Libération du Peuple (DHKC)
  - Grupos de Combatientes Populares
  - Individus
  - Lutte Populaire Révolutionnaire (ELA)
  - Lutte Révolutionnaire (LA)
  - Movimiento de Accion Popular Unitario Lautaro
  - Movimiento Revolucionario Túpac Amaru
  - Movimiento Todos por la Patria
  - Organisation Révolutionnaire du 17 Novembre (17N)
  - Revolutionary Armed Task Force
  - Revolutionären Zellen
  - Symbionese Liberation Army
  - United Freedom Front

Communistes Communistes
  - Action Directe
  - Affiche Rouge
  - Armée Rouge Japonaise
  - Brigate Rosse
  - Brigate Rosse - Partito Comunista Combattente
  - Cellule di Offensiva Rivoluzionaria
  - Comando Jaramillista Morelense 23 de Mayo
  - Comando Justiciero 28 de Junio
  - Comunisti Organizzati per la Liberazione Proletaria
  - Ejército Popular Revolucionario
  - Ejército Revolucionario Popular Insurgente
  - Ejército Villista Revolucionario del Pueblo
  - Fuerzas Armadas Revolucionarias del Pueblo
  - Grupos de Resistencia Antifascista Primero de Octubre
  - Individus
  - Ligue Marxiste-Léniniste de Propagande Armée (MLSPB)
  - May 19 Communist Organization
  - MLKP / Forces Armées des Pauvres et Opprimés (FESK)
  - Nuclei Armati per il Comunismo - Formazioni Comuniste Combattent
  - Nuclei di Iniziativa Proletaria Rivoluzionaria
  - Nuclei Proletari per il Comunismo
  - Nucleo Proletario Rivoluzionario
  - Parti Communiste des Travailleurs de Turquie / Léniniste (TKEP/L)
  - Parti Communiste Ouvrier de Turquie (TKIP)
  - Parti-Front Populaire de Libération de la Turquie/Avant-garde Révolutionnaire du Peuple (THKP-C/HDÖ)
  - Proletari Armati per il Comunismo
  - Rote Armee Fraktion
  - Tendencia Democrática Revolucionaria
  - Union des Communistes Révolutionnaires de Turquie (TIKB)
  - Unione dei Comunisti Combattenti

Environnementalistes Environnementalistes
  - Anti OGM
  - Anti-Nucléaires
  - Bio-Technologies
  - Earth Liberation Front
  - Etats-Unis
  - Lutte contre le TAV
  - Marco Camenisch
  - Solidarios con Itoitz (Espagne)

Libération animale Libération animale
  - Animal Liberation Front (ALF)
  - Campagne contre Huntingdon Life Sciences (HLS)
  - Peter Young

Libération Nationale Libération Nationale
  - Afro-Américain
  - Amérindien
  - Assam
  - Balouchte
  - Basque
  - Breton
  - Catalan
  - Chiapas
  - Corse
  - Galicien
  - Irlandais
  - Karen
  - Kurde
  - Mapuche
  - Palestinien
  - Papou
  - Porto-Ricain
  - Sarde
  - Tamoul
  - Touareg

Luttes & Prison Luttes & Prison
  - Belgique
  - Contre les FIES
  - Contre les type F (Turquie)
  - Journée Internationale du Révolutionnaire Prisonnier
  - Moulins-Yzeure (24 novembre 2003)
  - Mutinerie de Clairvaux (16 avril 2003)

Manifs & Contre-Sommet(s) Manifs & Contre-Sommet(s)
  - Manifestations anti-CPE (Mars 2006)
  - Sommet de l’Union Européenne de Laeken (14 décembre 2001)
  - Sommet du G8 à Gênes en juillet 2001
  - Sommet européen de Thessalonique (Juin 2003)

Maoistes Maoistes
  - Parti Communiste de l’Inde - Maoïste
  - Parti Communiste des Philippines
  - Parti Communiste du Népal (Maoïste)
  - Parti Communiste du Pérou
  - Parti Communiste Maoïste (MKP)
  - Purba Banglar Sarbahara Party

Répression Répression
  - Allemagne
  - Belgique
  - Espagne
  - France
  - Italie
  - Suisse

Sabotages & Actions Sabotages & Actions
Présentation de l'APAAPA ?
Publiée le 1er janvier 2006

- Basque


Euskadi - D’anciens prisonniers analysent la réalité carcérale actuelle

D’anciens prisonniers analysent la réalité carcérale actuelle

Jon BITORIA, Benantzio SEBASTIAN, Unai ERREA, Jean-François LEFORT - Anciens prisonniers politiques basques

« Le Collectif a la main tendue mais il ne soutiendra pas une pseudo-solution »

Récemment sortis de prison des deux Etats [espagnol et français, ndt], Bitoria, Sebastián, Errea et Lefort ont expliqué à Gara que le Collectif des Prisonniers Politiques Basques est disposé à soutenir un processus de résolution, mais non une « pseudo-solution ». Ils soulignent que pour faire une contribution il est nécessaire que soit reconnu le statut politique du Collectif, comme cela est fait de facto par la négation quotidienne de ses droits dans les prisons. Et ils encouragent les partis et les Etats à « comprendre que les prisonniers peuvent être un sujet actif, non une charge ».

Ils sont sortis de prison dans les deux derniers mois. Pour Jon Bitoria et Benantzio Sebastián, après avoir passé 18 et 20 ans dans des prisons espagnoles. De l’autre côté de la Bidassoa, mais également loin d’Euskal Herria, Unai Errea et Jean-François Lefort ont souffert aussi dans leur chair pendant l’année écoulée de la réalité carcérale qu’ils survolaient quotidiennement, respectivement en tant qu’avocat et porte-parole du mouvement pro-amnistie. Gara a réuni leurs quatre analyses pour essayer de reconstruire le tableau actuel de la politique pénitentiaire et la position du Collectif des Prisonniers Politiques Basques, dans un moment politique important et à peine une semaine et demie d’un rendez-vous crucial : la manifestation de du 7 janvier à Bilbo.

- Avant tout, quelle est la situation que vous avez laissée de l’autre côté des murs ?

Benantzio SEBASTIAN : Plus ou moins la même que toujours. Le PSOE a continué la politique du PP. Par ses paroles, il laisse entendre qu’il est plus souple, mais il n’en est rien. Je donne un exemple : avec le PP, on ne nous infligeait pas de punitions pour avoir fait des protestations, mais maintenant oui. J’ai été voir le chef de la sécurité de la prison de Picassent-III (Valence) peu avant de sortir, et il m’a répondu qu’ils avaient des ordres qui venaient d’en haut et qu’ils n’avaient pas de marge, qu’ils ne voulaient se faire taper sur les doigts. Un autre exemple : ces derniers temps, ils nous changeaient de cellule et de bâtiment. Toujours avec des jolis petits mots, ça oui.

Jon VITORIA : Il y a des choses qui se sont accentuées. Par exemple, les refus de visites pour les amis. A Grenade, ils viennent d’instituer une limite de dix permis de visite ; dans d’autres prisons c’est six, quatre... Pour communiquer avec les gens, il y a sans arrêt davantage de problèmes, et dans le domaine sanitaire ils multiplient les obstacles pour que l’on ne puisse pas voir les médecins de dehors, ce qui est pourtant un droit. Et j’ai vu un grand changement surtout concernant les Cours de Surveillance Pénitentiaire [cours qui peuvent être saisies par les prisonniers qui veulent contester une punition qu’on leur a infligée, type mitard, ndt] : avant, chaque prison avait la sienne, mais depuis la centralisation de cette juridiction, avec Gómez Bermúdez, il n’y a plus une seule décision qui aille en faveur de nos droits.

- Et dans l’Etat français ?

Unai ERREA : La réalité a totalement changé ces quatre dernières années. Quand j’ai commencé à travailler comme avocat, il y avait 60 prisonniers dans l’Etat français et maintenant il y a 160. L’attitude de l’Etat français a toujours été de collaborer, mais maintenant il y a une implication beaucoup plus forte : emprisonnement de plus de gens, renforcement de la dispersion... Ils ont même commencé à éloigner les prisonniers en préventive qui étaient à Paris vers le nord, le sud, l’est et l’ouest, à plus de mille kilomètres [d’Euskal Herria, ndt]. Et ils ont mis beaucoup de prisonniers en isolement sans aucune raison, de manière absolument arbitraire, seulement pour nuire. Concernant les communications, il n’existe aucun critère pour accorder des permis de visite par les juges. Du coup, en général, il y a des permis pour les parents, point, rien plus. Certains ont seulement trois permis.

- Dans ton cas, tu connaissais la situation en tant qu’avocat, mais quelles surprises as-tu rencontrées à l’intérieur des prisons ?

U.E. : Le plus frappant a été de découvrir l’image qu’ont les Basques dans les prisons, sa dignité, le respect qu’on leur porte. Les gens savent qu’ils sont des gens loyaux, conséquents, et qu’ils sont là à cause de leurs idées... Et parfois, pour cette raison précise, il y a une attitude plus dure. Mais Lof peut expliquer cela...

Jean-François LEFORT : Oui. Par exemple, en février les matons ont attaqué notre porte-parole à la Santé, Angel Cruz, et ils l’ont blessé. Nous en avons alors nommé un autre, et celui-ci, ils l’ont transféré. Il y a une attaque continue. Elle consiste à isoler le Collectif, y compris dans ses rapports avec les familles, les amis, Euskal Herria, dans le but de diminuer son importance politique.

- Ces attitudes prouvent donc que le caractère politique du Collectif est reconnu ?

B.S : Les matons dans l’Etat espagnol nous respectent beaucoup plus que les autres prisonniers : ils savent que nous n’entrons pas dans leur jeu, que nous ne fonctionnons pas avec des marchandages. Les prisonniers de droit commun aussi nous respectent. Le PP a essayé de les monter contre nous mais cela n’a presque rien donné.

J.B. : De fait, il est clair qu’ils acceptent que nous ayons nos interlocuteurs, parce que quand il y a des problèmes, c’est eux qu’ils vont voir.

U.E. : Ils savent qu’ils n’ont pas pu casser le Collectif ni le mettre à genoux. C’est pour cela que l’Etat français entrepris un nouveau pas qui avait déjà été franchi par l’Etat espagnol, qui consiste à criminaliser aussi la solidarité extérieure : c’est à partir de là qu’apparaissent les poursuites contre le mouvement pro-amnistie, la détention de Lof, la criminalisation des avocats... Tout cela ils le font parce qu’ils savent qu’ils ne peuvent rien contre le Collectif.

- Il est souvent fait mention de la collaboration entre les deux Etats. Le français apprend de l’espagnol ? Il y a des exemples dans le quotidien des prisons ?

J.F.L. : Je ne dirais pas cela exactement comme ça. L’Etat français a sa propre histoire contre Euskal Herria, il ne fait pas que suivre l’Etat espagnol. Il y a plus de 200 ans déjà, le département basque était rejeté, et donc l’existence d’Euskal Herria. De nos jours ils savent aussi parfaitement qu’ils ont un problème politique, même si de Villepin dit que c’est un conflit interne à l’Espagne. L’Etat français a sa stratégie propre contre Euskal Herria. On voit l’apparition de nouvelles lois qui permettent d’augmenter l’isolement, de centraliser le suivi des condamnations, d’augmenter les peines de prison pour «  collaboration »... Ils disent que c’est pour les islamistes, mais quand on verra les chiffres, on pourra voir que les premiers à en pâtir sont les Basques.

- Peut-on dire que dans la mesure où s’ouvrent des perspectives de solution les deux gouvernements accentuent la pression sur les prisonniers ?

B.S. : Ce qui il est clair c’est qu’ils ne donnent rien, il faut tout leur arracher. Qu’ils arrêtent de parler, qu’ils passent aux actes. Et le premier pas serait d’accorder le statut politique aux prisonniers et de les ramener en Euskal Herria.

J.B. : En voyant les cas d’Iñaki de Juana ou d’Unai Parot, il est très clair qu’ils cherchent à faire des réformes pour empêcher la libération de ces prisonniers. Pourquoi ? Dans quel but ? Ca, ils sont les seuls à le savoir. Ce qui il est clair c’est qu’ils n’ont pas du tout atténué leur politique carcérale.

- Le PSOE, par exemple, paraît plus ouvert qu’avant sur certains sujets comme le dialogue entre les partis. Pourquoi pas sur la question des prisonniers ?

J.F.L. : La répression, les détentions, les tortures, les interdictions de manifestations se poursuivent... Les seuls pas ont été donné par la gauche abertzale. Dans l’autre camp il n’y a que des mots, et en Euskal Herria, des mots, on en a assez entendu.

U.E. : Le PSOE dit, par exemple, qu’il y a une porte ouverte, mais on voit que la Garde Civile continue à écraser des citoyens basques et qu’on allonge les peines jusqu’à la perpétuité. Dans l’Etat français, de Villepin dit que le problème ne le concerne pas, mais en même temps il utilise le mandat d’arrêt européen, et les expulsions illégales, la dispersion continuent... Ce n’est pas par hasard, bien sûr. Il est clair qu’ils cherchent à utiliser les prisonniers comme monnaie d’échange, et c’est pourquoi ils poussent cette situation jusqu’à son paroxysme.

- Et si les choses continuent ainsi, la corde peut-elle se rompre ? Jusqu’à quel point les prisonniers pourront-ils endurer une telle situation ?

J.B. :Le Collectif sait très clairement quelle est sa fonction à l’heure actuelle. Il sait qu’il est important et qu’il veut être un sujet actif dans ce processus. Pour cela ses droits doivent être garantis. Pour pouvoir arriver à une solution, il faut en passer par là.

J.F.L. : En regardant en arrière, cela fait 25 ans qu’ils écrasent les prisonniers mais ils n’ont jamais réussi à casser le Collectif. Il a toujours été une référence dans la lutte pour Euskal Herria et il continuera à l’être. S’il y a une solution, il donnerait sa contribution dans ce domaine. Mais s’il n’y en a pas, il continuerait à travailler en tant que Collectif, comme il l’a fait durant ces 25 dernières années. Les Etats doivent le savoir très clairement. Le Collectif reste un acteur, qu’il y ait un processus de résolution du conflit ou non. S’il n’y en a pas, il continuera à faire face à toutes les situations qui se présenteront.

B.S. : Nous, ceux qui avons eu une longue expérience [de la prison, ndt], avons bien vu comment le Collectif a surmonté la dispersion. Quand nous étions tous ensemble, il y avait plus de tranquillité. Avec la dispersion, ceux qui étaient seuls ont été obligés de se surpasser et à devenir plus forts, sinon, ils se faisaient écraser. La dispersion a fait beaucoup de mal, mais elle a aussi donné beaucoup de force. Est-ce que le processus peut pourrir s’il n’y a pas de mouvements ? Oui, il peut pourrir. Mais il doit être clair que le Collectif sera toujours présent, d’une manière ou d’une autre.

J.B. : La dispersion est une décision répressive, mais aussi est une décision politique. Et politiquement, elle ne leur a rien rapporté. Ca, ils le savent bien, et maintenant ils la poursuivent uniquement pour faire du mal.

U.E. : Le Collectif voit les choses très clairement, il sait quel est le chemin et il ne va pas reculer. Dans ce processus, il y aura des avancées, des reculs, des arrêts, de tout, mais le Collectif ne va jamais reculer.

- Il est difficile de comprendre le processus politique actuel, parfois même de l’extérieur. En prison cela doit être encore plus compliqué...

J.F.L. : Il y a des instruments et il y a des débats. Par exemple, la lutte pour le statut politique, avec des actions tous les derniers vendredis du mois dans les prisons. Nous ne demandons pas la permission aux Etats pour avoir ces instruments, on ne le ferait jamais. Nous avons travaillé avec Udalbiltza, nous avons apporté notre contribution au Forum de Débat National, maintenant au processus Bide Eginez... Et la revendication du statut politique, c’est quelque chose qui doit aussi être travaillé dehors, en Euskal Herria. Pour cela, les acteurs sociaux basques doivent contacter nos interlocuteurs, c’est-à-dire le(s) prisonnier(e)-(s) qui vien(nen)t de son village, de son quartier, pour rompre l’isolement. C’est ainsi que nous construirons le statut politique, même si les Etats ne le reconnaissent pas.

U.E. : Les informations nous arrivent et nous prenons part aux débats. En ce sens, il n’y a aucun isolement.

- Certains se posent des questions sur l’insistance autour de la revendication du statut politique de la part des prisonniers, car ils pensent que des interlocuteurs existent déjà au sein des partis politiques et d’autres organisations, ces gens-là pouvant travailler avec plus de liberté et de moyens du fait qu’ils sont libres. Qu’est-ce que vous leur diriez ?

U.E. : Que dans le Collectif il y a beaucoup de militants, environ 700, et parmi eux il y en a qui ont beaucoup d’expérience politique. Il y a des gens qui comptabilisent 40 années de lutte ininterrompue. Tout ce capital ne peut pas être gaspillé. Et, en tout cas, ce Collectif est aussi légitime qu’un autre pour donner son point de vue.

B.S. : Tous les collectifs sont importants : les prisonniers, les jeunes... Et je suis sûr qu’ils s’entendront tous si le processus avance. Mais pour que le processus avance, il faut encore que l’adversaire en ait envie.

J.F.L. : C’est simple, si on veut faire un processus démocratique tous les groupes et tous les citoyens doivent y prendre part. Même ceux qui sont en fuite, par exemple.

- Dans l’ébauche qui se fait d’un processus de résolution, on parle de deux tables de négociation : l’une entre le gouvernement et ETA, l’autre entre les partis politiques. Dans quel cadre se situerait la contribution du Collectif des Prisonniers ?

B.S. : Il faut comprendre que le Collectif apporte toujours.

J.F.L. : Il suffit de voir par exemple les luttes qui se font dans les prisons. Avec elles, le Collectif montre aussi le chemin. Et il y a une contribution, plus intemporelle, si on veut : sa propre existence est déjà une démonstration claire qu’il y a ici un conflit politique. Autre chose qu’il faut ajouter : dans la rue, tout le monde admet, depuis la gauche abertzale jusqu’aux deux Etats, qu’autour du Collectif il y a un noyau très fort formé par des parents, amis... Que ce Collectif soit pour ou contre un processus de résolution est quelque chose très important : pour les Etats, le fait que le Collectif prenne position est une garantie que le processus avance. En résumé, je dirais que le Collectif est disposé à aider à un processus de résolution démocratique. Mais il n’approuvera pas une pseudo-solution, de type autonomie par exemple.

U.E. : Il est très important, par exemple, de manifester la volonté du Collectif aux Etats. Il leur a dit qu’il est disposé à parler avec eux sur la question du statut politique. Il faudra voir si les gouvernements sont pour ou non. C’est une question qui se pose encore et qui reste à l’ordre du jour.

- Est-ce que dehors tout ce qui peut être fait en faveur des prisonniers est réalisé ? Vous avez des critiques à faire ?

U.E. : Sans aucun doute. Nous voyons maintenant que les syndicats se sont bougés, mais les partis politiques ne l’ont pas fait. Presque tout le poids retombe toujours sur la gauche abertzale.

J.B. : Qu’est-ce que fait le PNV, par exemple ? Et EA ? Ils avancent très lentement. Vu la situation qu’il y a dans les prisons, ce qu’ils font est toujours très lâche. Et quand ils le font, c’est parce que la gauche abertzale les talonne et elle ne leur laisse aucun échappatoire. S’ils se bougeaient, cela serait aussi très important pour avancer vers la solution.

J.F.L. : En plus de la critique, nous devons aussi féliciter tous ceux qui, quel que soit le contexte politique, travaillent dans les villages et les quartiers, les familles... Tout cela est très important pour les prisonnier(e)s et il faut les remercier. La dynamique ouverte avec le texte d’Ibaeta est aussi très importante, parce qu’il prend en considération le caractère politique des prisonniers. Il faut la renforcer, secteur par secteur, village par village. Ce travail permettra une nouvelle fusion de forces puissante.

- Mais il paraît clair qu’Ibarretxe, pour citer un exemple, n’ira jamais dans une prison pour rencontrer des prisonniers politiques basques...

J.B. : Il n’ira pas, mais quand il parle, lui ou tout autre représentant du PNV, il est chaque fois plus évident qu’il y a ici un conflit politique et que les prisonniers sont en prison pour des raisons politiques. Et, en plus, si on veut trouver une solution au conflit politique il faudra parler avec les prisonniers. C’est pourquoi, les reconnaître comme sujet politique actif serait un pas important.

J.F.L. : Nous savons que la clé de la solution est la liberté d’Euskal Herria et non la situation des prisonniers, mais il faut tenir compte de ce point pour trouver cette solution, et il vaut mieux envisager les prisonniers comme un élément actif et non une charge.

Quatre leçons de la prison

Bitoria : « Tu prends des forces de la maison, des amis et des camarades » Emprisonné de 1988 au 18 novembre dernier, pour Jon Bitoria le pire moment a été à Almeria, où on lui on a diagnostiqué de l’anxiété. « A ce moment-là, la force est venue de la maison, des amis et d’un camarade de prison. Avec la lutte, nous avons obtenu qu’ils nous regroupent dans un seul bâtiment, et après quatre mois ils m’ont envoyé à Grenade. Peu à peu je m’en suis sorti ».

Lefort : « Cette fois j’ai compris ce qu’est le Collectif » Pour Jean-François Lefort, c’était le troisième séjour en prison, et en dépit de la dureté de deux longues grèves de la faim (il a perdu environ 20 kilos en seulement une année), il trouve un motif de satisfaction à souligner : « Les deux fois précédentes j’étais seul, et cette fois-ci j’ai compris ce qu’est le Collectif. Cela a été un changement fondamental ; il n’est pas seulement quelque chose qui te donne de la compagnie, mais il te permet aussi d’être actif comme militant ».

Errea : « Il est ridicule que Paris apparaisse ainsi devant le monde » Unai Errea laisse derrière lui huit mois de prison, accusé d’avoir donné des documents à un prisonnier. Au-delà de sa situation personnelle, il sort indigné par l’état des prisons : « Il est ridicule et indigne que l’Etat français continue à se présenter devant le monde comme porte-drapeau des droits de l’Homme. Le rapport de Gil Robles sur ses prisons est là : tu es toute la journée dans la cellule, il y a de la saleté, des mauvais traitements ... ».

Sebastián : « Tous les jours tombe une goutte qui peut tout faire déborder » Il est sorti le 11 décembre de Valence, après 20 années et beaucoup de grèves de la faim ; l’une, à Badajoz, de 49 jours : « Là, après nous avoir observés, ils nous rassemblaient pour que nous nous embrouillions entre nous, mais ils ont raté parce que deux et deux ne font pas toujours quatre. Avec la lutte nous avons cassé cette tactique ». Après toutes ces années, y a-t-il encore des gouttes pour faire déborder le verre ? « Oui, chaque jour. Les matons venaient nous provoquer et je leur disais « allez mec, je ne suis pas né de la dernière pluie » ».

Ramon SOLA Gara - Edition du 29 décembre 2005

Traduction : Mari.


Précédent Haut de page Suivant