(Le 12 décembre 2005)
Guerilla urbaine à Rennes
Du torchon Ouest france. lundi 12 décembre 2005
Vingt-quatre heures d’affrontements en ville
La rue Victor-Hugo a le plus souffert des affrontements de samedi entre forces de l’ordre, protégeant la prefecture, et les teuffeurs.
De samedi matin à dimanche matin, les teuffeurs ont manifesté leur colère d’être privés de terrain pour organiser leur rave. Jusqu’à être dispersés au canon à eau. Samedi matin, l’élite de la police intervient
Massés en bas de la place des Lices, les commerçants s’impatientent. Ils attendent le marché dans l’air glacial. « La préfecture nous avait promis que la place allait être évacuée vers 5 h », maugrée un marchand de fruits. Place Saint-Michel, 500 fêtards poursuivent leur tintamarre. Soudain, un vent d’espoir souffle. Le directeur de cabinet de la préfecture a appelé un commerçant. « Ils vont nettoyer la place, se réjouit le marchand. On va pouvoir travailler. » Rue d’Antrain, CRS, gendarmes mobiles et hommes du GIPN se préparent, sous les regards ahuris des jeunes. « L’élite de la police pour quelques teuffeurs, c’est ridicule », soupire une jeune fille. À 5 h 40, les forces de l’ordre se dirigent vers la place Sainte-Anne.
L’évacuation, virile, nécessite quelques minutes. Rue Saint-Michel, une pluie de projectiles s’abat sur les casques et les boucliers. Des grenades lacrymogènes dispersent les plus virulents. Les fêtards se replient vers le Bas-des-Lices. Derrière les CRS, le service de nettoyage avance. Un dernier affrontement a lieu rue de Brest. 6 h 40, le marché s’installe pour de bon. Une heure plus tard, la place est propre. Vers 7 h, les camions de galettes saucisses tournent déjà à plein tandis que la police conduit au commissariat les jeunes interpellés pour des jets de bouteilles.
Samedi après-midi, bataille rangée
La manifestation commence plutôt dans le calme vers 15 h 30. Environ 500 raveurs et sympathisants réclament à grands cris un terrain, devant les grilles de la préfecture, rue Martenot. « Le mot d’ordre, c’est calme et sérénité », sourit l’un d’eux. Une heure après, les premières canettes en verre fusent. Les policiers de faction sont aussitôt rejoints par un escadron de gendarmes mobiles - 75 hommes - pour protéger la préfecture. Des heures durant, manifestants et forces de l’ordre s’affrontent rue Gambetta, rue Victor-Hugo et rue des Fossés. Lacrymogènes contre pierres et canettes, les violences secouent la quiétude des Rennais. Les raveurs se replient place du Parlement. Mais, rejoints par un deuxième escadron de gendarmes et une compagnie de CRS, les forces de l’ordre évacuent la place, vident la rue Victor-Hugo, coupée par six véhicules déplacés par les manifestants, et repoussent tout le monde jusqu’au pont Pasteur. Les affrontements se poursuivent jusqu’à 1 h 30. Une dizaine de vitrines est brisée ainsi que deux arrêts de bus, des conteneurs à poubelles flambent et 25 personnes sont interpellées.
Dimanche matin, le canon à eau
Les manifestants ont naturellement rejoint le quartier Sainte-Anne - Saint-Michel - Les Lices. À la fermeture des bars (exceptionnellement à 2 h), les teuffeurs se rejoignent pour tchatcher, boire ou taper sur les poubelles. Cette fois-ci, les forces de l’ordre ont consigne de ne pas montrer le bout de leur nez : tout le monde dans les camions, bien au chaud. Malmenés par une minorité, vers 4 h 45 place Saint-Michel, alors qu’ils éteignent un énième feu, les pompiers ne bénéficient pas de la protection des forces de l’ordre. Le bruit continue. Vers 6 h, le directeur départemental de la sécurité publique, Christian Loiseau, siffle la fin de la récré. Derrière le canon à eau, qu’on n’a pas vu à Rennes depuis un an, et à l’aide de 53 nouvelles grenades lacrymogènes, 200 gendarmes mobiles et policiers chassent facilement les 100 ou 150 derniers. Jusqu’à la rue de Brest. Et même la rue Papu ! À 7 h dimanche, le calme est revenu.
Auteur : anonymous ( anarchiiiiiiiiiiiiie )