LE MONDE | 22.12.05 | 15h36 • Mis à jour le 22.12.05 | 15h36
uelque 400 prisonniers, soit le tiers des effectifs de la maison d’arrêt de la Santé, à Paris, devraient être transférés début 2006 dans d’autres établissements de la région. Vétuste et insalubre, la prison, mise en service en 1867, est devenue dangereuse.
Suivant les conclusions d’un audit commandé en septembre, l’administration pénitentiaire a décidé de fermer les blocs B et C pour des raisons de sécurité. Récemment, des dalles de béton sont tombées des plafonds. Plâtres et peintures se décollent. Les rats prolifèrent.
Cette décision est une mesure d’urgence, dans l’attente d’une rénovation d’ensemble qui doit débuter en 2008. Cofinancée par le secteur privé, celle-ci devrait durer plus de trois ans, selon l’agence de maîtrise d’ouvrage du ministère de la justice. Le chantier devrait coûter au moins 150 millions d’euros. Il devrait aboutir à la reconstruction complète de la partie haute de la prison.
La situation de la maison d’arrêt au coeur de la capitale, la composition de sa population pénale, aux trois quarts étrangère, ainsi que le fort turn-over de son personnel soulèvent de nombreux problèmes techniques et sociaux. Alors que les syndicats jugent les effectifs actuels déjà insuffisants, une partie des surveillants devra suivre les détenus dans d’autres prisons franciliennes.
"On ne peut qu’être d’accord avec la rénovation, que nous demandons depuis des années, car l’état d’insalubrité est incroyable, souligne le syndicat UFAP. Mais nous sommes en discussion sur les détachements de personnels."
Quant aux détenus, leur affectation dans les bâtiments restants sera délicate. En raison de leur nombre, d’abord. L’administration assure que l’établissement ne comptera que 500 à 600 détenus pendant les travaux (contre 1 250 aujourd’hui).
Mais les syndicats parlent d’un effectif global de 900 prisonniers, pour 730 places. "Nous aurons des cellules avec trois ou quatre détenus", affirme Thierry Leroy, représentant de FO, craignant "une situation dramatique".
Le profil des détenus, prévenus ou condamnés, complique aussi la tâche. Au fil du temps, les détenus maghrébins, africains, asiatiques et européens ont été regroupés dans des bâtiments différents. Ils vont devoir davantage cohabiter.
L’état déplorable de ses établissements a contraint l’administration pénitentiaire à s’engager dans un lourd programme national de rénovations et de constructions. Dans les maisons d’arrêt de Lyon, Nancy ou Nantes, des détenus ont obtenu cette année des tribunaux administratifs la désignation d’experts pour dresser le constat de l’insalubrité de leurs cellules.
De 2000 à 2005, les crédits de rénovation des prisons existantes ont diminué de 25 %. Les réhabilitations, trop longtemps différées, atteignent désormais des sommes supérieures au prix des constructions neuves : le coût d’une place rénovée revient à 110 000 euros.
Amorcée, la rénovation complète de la maison d’arrêt de Fleury-Mérogis, établissement qui n’a pas quarante ans, est prévue pour durer douze ans et coûter 380 millions d’euros. Celle des Beaumettes, qui doit débuter en 2006 et s’étaler sur sept ans, a été chiffrée à 185 millions d’euros.
N. G.
Article paru dans l’édition du 23.12.05