Seize des dix-neuf accusés du groupe d’extrême gauche grec sont rejugés.
Le procès en appel des membres du groupe terroriste grec d’extrême gauche du 17 Novembre (17N), qui a revendiqué vingt-trois assassinats entre 1975 et 2000, s’est ouvert, vendredi, dans la prison de haute sécurité de Korydallos, dans la banlieue sud d’Athènes.
Dans le box des accusés, seize des dix-neuf personnes jugées en première instance, dont six purgent des peines un total de cinquante-cinq fois la perpétuité plus vingt-cinq années de réclusion chacun prononcées le 17 décembre 2003, à l’issue de neuf mois et demi d’un procès hautement médiatisé. Il y a là le présumé « cerveau » du groupe, Alexandros Giotopoulos, 61 ans, dit « Lambros », né à Paris et fils d’un dirigeant trotskiste grec, cultivé et beau parleur, ancien résistant contre la junte des colonels (1967-1974), jugé être « l’instigateur moral ». A ses côtés, Dimitris Koufontinas, 47 ans, dit « Lucas », apiculteur, désigné comme le chef « opérationnel » du mouvement qui a revendiqué « la responsabilité politique » des actions du 17-Novembre et qui aurait participé à la plupart d’entre elles.
Tous deux se lancent dans des déclarations solennelles, le premier pour nier toute participation aux actes qui lui sont reprochés en mettant en cause « l’opportunisme politique » et le « chantage de l’étranger », le second pour dénoncer le caractère « politique » d’un procès qui vise à l’anéantissement non seulement des « hommes, mais aussi des idées et des valeurs de la gauche révolutionnaire ».
Ce procès pourrait permettre de répondre aux nombreuses questions qui n’ont toujours pas été élucidées : les actuels accusés sont-ils les seuls protagonistes d’une organisation qui a défié gouvernements et services secrets grecs et étrangers pendant vingt-sept ans ? 17-Novembre était-elle une organisation purement autochtone, ou avait-elle des ramifications et des soutiens à l’étranger, comme certains l’ont prétendu en relevant la longue présence de Ghiotopoulos en France ? Les accusés d’aujourd’hui ont-ils de véritables motivations politiques, bien peu évidentes dans leurs discours, ou bien ont-ils été manipulés ? Ce procès en appel pourrait durer jusqu’au printemps.