lundi 14 novembre 2005, 14h23
PARIS (AFP) - Le gouvernement a approuvé lundi matin, en conseil des ministres, un projet de loi prorogeant à compter du 21 novembre l’état d’urgence pour trois mois au moment où l’accalmie des violences urbaines se confirme et alors que le président Chirac doit s’exprimer dans la soirée à la télévision.
Le projet prorogeant l’état d’urgence, qui avait été décidé le 8 novembre, sera examiné mardi à 16H30 par les députés, a annoncé lundi la présidence de l’Assemblée nationale.
Jacques Chirac fera une déclaration ce lundi à 20H00 sur la crise des banlieues, sa troisième intervention sur ce sujet après celle du dimanche 6 novembre et celle du jeudi 10 novembre.
Lors du conseil des ministres, le président de la République a qualifié la prorogation de l’état d’urgence de "mesure strictement temporaire qui ne s’appliquera que là où elle est strictement nécessaire et en plein accord avec les élus", selon le porte-parole du gouvernement Jean-françois Copé.
La nuit de dimanche à lundi, la 18e depuis le début des violences urbaines, a "confirmé l’accalmie" observée les deux nuits précédentes, au terme d’un week-end moins agité qu’attendu, a estimé le directeur général de la police nationale (DGPN) Michel Gaudin.
284 véhicules ont été incendiés et 115 personnes ont été interpellées en France la nuit dernière (contre 374 véhicules incendiés et 212 personnes interpellées, la nuit précédente).
Sur les 284 véhicules incendiés, 68 l’ont été en Ile-de-France (76 la nuit précédente) et 216 en province (298). Les violences ont touché 120 communes.
M. Gaudin a par ailleurs annoncé que "huit opérations" étaient en cours lundi pour interpeller des auteurs de ces violences urbaines.
Devant le Conseil de Paris, le préfet de police de Paris Pierre Mutz a révélé que depuis le 27 octobre, 217 véhicules avaient été incendiés à Paris, "le nord de la capitale étant un peu plus touché" et qu’une centaine d’interpellations avaient été effectuées.
A l’exception de l’incendie vite maîtrisé d’une station-service, aucun incident particulier n’a été relevé dimanche à Paris, où la police était particulièrement vigilante du fait de messages menaçants diffusés sur des blogs ou par SMS.
A Lyon, où le préfet a pris un arrêté interdisant dimanche dans le centre-ville tout rassemblement susceptible de troubler l’ordre public, l’après-midi a été "calme et aucun incident n’a eu lieu", selon la police. Samedi, des affrontements avaient opposés plusieurs dizaines de jeunes aux forces de l’ordre et un cocktail Molotov avait explosé sur la grande mosquée.
Le préfet du Rhône a décidé lundi de maintenir jusqu’à mercredi matin un couvre-feu imposé aux mineurs entre 22H00 et 06H00, qui touche désormais 13 communes du département, selon un communiqué de la préfecture.
A Toulouse, une voiture enflammée a été lancée dimanche après-midi dans la cour d’une école maternelle du quartier de la Reynerie, causant des dommages dans une salle de classe.
Le retour au calme s’est également confirmé dans la nuit de dimanche à lundi dans le Nord-Pas-de-Calais et en Picardie, avec notamment une baisse du nombre de véhicules incendiés, selon les préfectures et les services des pompiers. Même tendance en Alsace et en Lorraine, avec 9 voitures incendiées à 00H00 contre 13 la veille à la même heure.
En tout, dimanche, les forces de l’ordre avaient interpellé 2.767 personnes depuis le début des troubles et 375 personnes avaient déjà été condamnées à de la prison ferme.
Dimanche, trois jeunes ont été placés en garde à vue à Carpentras (Vaucluse) pour des faits de la nuit précédente. Deux d’entre eux sont soupçonnés d’avoir lancé un cocktail Molotov sur une voiture, un autre aurait participé aux tentatives d’incendie contre un foyer du troisième âge, une école maternelle du centre-ville et un magasin de literie.
Un homme soupçonné d’avoir lancé vendredi soir des engins incendiaires contre la mosquée de Carpentras était toujours activement recherché lundi.
Une quarantaine de villes restent sous couvre-feu en France dans le cadre de l’état d’urgence.