samedi 12 novembre 2005, 9h08
PARIS (Reuters) - Des incidents ont de nouveau éclaté vendredi, pour la 16e nuit consécutive, en région parisienne et en province, notamment à Saint-Quentin (Aisne) où un policier a été grièvement brûlé au visage par l’explosion d’un cocktail Molotov.
Un homme masqué circulant à scooter a par ailleurs lancé en début de soirée deux engins incendiaires contre la mosquée de Carpentras (Vaucluse), dont l’un a explosé contre la porte de l’édifice à l’heure de la prière, a-t-on appris auprès de la Direction de la police nationale.
Jacques Chirac a condamné cette "agression" et exprimé sa "solidarité avec la communauté musulmane de la ville". "Toute la lumière sera faite" sur cet acte, a-t-il assuré dans un communiqué.
A 4h00, la Direction générale de la police nationale recensait 384 véhicules brûlés sur l’ensemble du territoire.
Au total, 463 véhicules ont été incendiés en France, dont 111 en Ile-de-France, dans la nuit de jeudi à vendredi.
A 2h00 samedi, les forces de l’ordre avaient procédé à 119 interpellations contre 120 la veille à la même heure.
En Ile-de-France, à Maisons-Alfort (Val-de-Marne), six cocktails Molotov ont été jetés dans la cour d’un commissariat. Une école maternelle a été partiellement endommagée par un incendie à Savigny-le-Temple (Seine-et-Marne). A Rambouillet (Yvelines), un magasin de papiers peints et un magasin de meubles ont été incendiés.
En province, quatre mineurs ont été interpellés à Rennes (Ille-et-Vilaine) après l’incendie d’une école maternelle qui est "fortement dégradée ".
A Amiens (Somme), où un couvre-feu est en vigueur, une trentaine de personnes ont plongé dans le noir une partie des quartiers Nord de la ville après avoir " neutralisé " un transformateur EDF. Des échauffourées les ont opposées aux forces de l’ordre.
Dans l’Aisne, à Saint-Quentin, un policier a été brûlé au deuxième degré au visage par l’explosion d’un cocktail molotov qui avait été placé dans un véhicule en feu.
A Toulouse, treize véhicules avaient été brûlés et deux mineurs interpellés vers minuit, a-t-on appris à la préfecture de Midi-Pyrénées.
UN POLICIER ÉCROUÉ POUR UNE "BAVURE"
La sécurité a été renforcée à Paris pour le week-end du 11 novembre de crainte de "descentes" de casseurs.
Le préfet de police a décidé d’interdire les rassemblements "de nature à provoquer ou entretenir le désordre" dans la capitale de samedi 10h00 à dimanche 08h00, à la suite d’appels à des "actions violentes" sur internet et via des SMS.
Les lignes de transports en commun menant à Paris, en particulier le réseau RER, font l’objet d’une surveillance renforcée.
Au total, quelque 3.000 hommes sont mobilisés dans la capitale pour ce long week-end qui fait figure de test pour les forces de l’ordre.
A Paris, Bordeaux et Toulouse, notamment, la vente au détail de carburants a été interdite pour empêcher la fabrication éventuelle d’engins explosifs.
Vingt-cinq départements métropolitains sur 96 ont été autorisés à instaurer un couvre-feu pour les mineurs de 21h00 à l’aube jusqu’au 20 novembre inclus, aux termes du décret réactivant la loi du 3 avril 1955 sur l’état d’urgence.
Cette mesure exceptionnelle est désormais appliquée dans des communes de six départements : Alpes-Maritimes, Somme, Seine-Maritime, Loiret, Eure et Landes, où le préfet a pris un arrêté en ce sens vendredi.
Un policier a été placé vendredi en détention provisoire et quatre autres ont été placés sous contrôle judiciaire pour des violences sur un jeune homme lundi à La Courneuve (Seine-Saint-Denis), a-t-on appris de source judiciaire.
Huit policiers avaient été suspendus pour cette "bavure", filmée et diffusée sur France 2. Les trois autres policiers ont été remis vendredi en liberté.
Le syndicat de police Alliance s’est insurgé vendredi contre une sanction " disproportionnée ".
"C’est vrai que dans cette affaire, il y a une erreur qui a été commise. Il est tout à fait normal que le collègue soit sanctionné mais de là à être mis sous mandat de dépôt, c’est incompréhensible", a déclaré sur France Info le porte-parole d’Alliance, Jean-Luc Garnier.
"Les collègues ne comprennent pas. C’est disproportionné. Il faut raison garder", a-t-il ajouté.
Quelque 300 personnes se sont rassemblées vendredi devant le Mur de la Paix au Champ-de-Mars, à Paris, à l’appel du collectif "Banlieues Respects" pour demander le retour à la paix dans les quartiers. Une marche silencieuse est prévue samedi à Toulouse.