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Kurdistan de Turquie : la guérilla des femmes.

Kurdistan de Turquie : la guérilla des femmes

Par Sophie DEVILLER à la frontière entre Kurdistan turc et Irak , 1er semestre 2005 (Caucaz.com)

La guérilla du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) compte de nombreuses combattantes dans ses rangs. Des bataillons de femmes qui luttent pour leur émancipation et la reconnaissance de leur identité kurde.

Une vallée encerclée de hautes montagnes, quelque part en Turquie, non loin de la frontière irakienne. Un potager, des tentes militaires dissimulées à flanc de montagne, un terrain de sport improvisé près d’un étroit torrent le long duquel des chèvres broutent l’herbe vert tendre de ce début de printemps. Un petit groupe de femmes discute à l’ombre d’un arbre, une jeune fille exécute une série de pompes à un rythme frénétique. Nilan, longue natte brune, gilet de combat et fusil à l’épaule est ici dans son fief, celui des femmes de la guérilla kurde.

Son cas n’est pas isolé. De nombreuses jeunes filles ont rejoint les montagnes et participent à la lutte armée contre le gouvernement turc. Alors qu’elles n’étaient que quelques dizaines, surtout des intellectuelles, au début des années 1980, elles viennent aujourd’hui de tous les milieux et seraient près de 2.000 sur un total de 5 à 6.000 combattants. Dans ce camp, 90 femmes sont à l’entraînement.

Nilan est née près de la frontière syrienne dans le Dersim, une région qui a abrité, à la fin des années 1930, l’une des révoltes kurdes qui firent vaciller le pouvoir de Mustafa Kemal Atatürk, père de la Turquie moderne.

« J’ai grandi dans cette atmosphère, la révolution était en moi », se souvient la jeune femme. À 17 ans, Nilan rejoint les rangs du PKK, par conviction, mais aussi par amour. « Mon mari était médecin à Diyarbakir. Quand son père est mort, en prison, sous la torture, il est parti se battre dans les montagnes. Je l’ai suivi sans hésitation, sans en parler à ma famille. » En 2003, son époux est tué lors d’un affrontement avec l’armée turque. Nilan lie définitivement son destin à celui de la guérilla.

Le langage des armes

La vie du camp est austère, la discipline sévère. Réveil avant l’aube, sport, cours d’éducation politique, formation militaire pendant l’après-midi. Les combattantes s’exercent au maniement des lance-roquettes et de la Kalachnikov pendant plusieurs semaines, voire plusieurs mois, dans une partie du camp distincte de celle des hommes. Elles sont par la suite affectées à des unités mixtes de combat. Il n’y a pas d’armement lourd. « Nous sommes une guérilla, le mot d’ordre est la mobilité. Nous devons pouvoir lever le camp et nous déplacer le plus rapidement possible », explique Walad.

Sur l’origine des armes, le silence est de rigueur. Elles proviennent sans doute de Syrie, d’Irak ou des anciens pays du bloc soviétique avec lesquels le PKK, parti communiste, a depuis longtemps établi des liens étroits.

La culture physique est aussi essentielle : les combattantes se déplacent la nuit et marchent, pendant des heures, sur les crêtes des montagnes ou sur des pistes impraticables qui plongent au fond de gorges spectaculaires.

Après la proclamation d’une trêve unilatérale par le PKK en 1999, au lendemain de la capture de son chef Abdullah Ocalan, beaucoup de combattantes, comme Walad, sont passées en Irak par peur des représailles. Mais depuis l’intervention américaine, les Etats-Unis qui considèrent les membres du PKK comme des terroristes les chassent du Kurdistan irakien.

Il y a un an, Walad a retraversé la frontière. « L’hiver nous hibernons pendant des semaines dans des grottes ou dans des refuges souterrains car la neige rend toute communication impossible. Au printemps, l’armée turque reprend ses attaques. Nous ripostons en bombardant des postes militaires ou en sabotant des objectifs économiques ». Dernier attentat en date attribué au PKK, l’explosion d’un pipeline dans le sud-est de la Turquie.

Les motifs qui ont poussé ces femmes à prendre les armes ? Quand on leur pose la question, toutes racontent à peu près la même histoire. « Nous ne voulions plus rester à la maison. Alors nous sommes parties dans les montagnes », résume Yücksel, la doyenne des combattantes qui inspire le respect depuis qu’elle a abattu un hélicoptère turc avec sa mitrailleuse, une vieille Douchka russe. Et d’ajouter : « nous nous battons pour notre émancipation au sein de la société turque, mais aussi au sein de nos familles. »

« Sous la pression de l’Union européenne, les femmes kurdes espéraient que tout allait changer, que la langue kurde allait être enseignée dans les écoles publiques, que la situation économique allait s’améliorer et que leurs relations avec les hommes s’en trouveraient meilleures », explique Lerzan, une activiste turque qui milite dans une association des droits de l’homme d’Istanbul. « Elles sont aujourd’hui confrontées à une situation qui se dégrade. Certaines se suicident, d’autres ont décidé de participer à la lutte armée.

Une révolution dans la révolution

Il faut remonter aux années noires du conflit entre le PKK et l’armée turque pour voir apparaître les premières unités de combattantes. Évacuées par milliers de leurs villages dans les années 1990 et retranchées à la périphérie des grandes villes de Turquie, beaucoup de femmes kurdes ne parviennent pas à se fondre dans la vie urbaine. Elles restent souvent sans emploi, à la maison, à s’occuper de leur nombreuse progéniture. En réaction, le PKK crée en 1995 le Mouvement des femmes libres du Kurdistan, une armée intégralement féminine, des groupes de combat au comité central. « Jusqu’à présent, les femmes étaient traitées comme des esclaves. Le Mouvement est une révolution dans la révolution. Sur un plan politique, il raccroche la guérilla à l’ensemble des femmes kurdes », explique Lerzan.

Les combattantes décident désormais des lieux de campement et des stratégies à adopter. Certaines ont même pris les commandes. Le commandant du camp, Gülten, est une femme. Elle a acquis son expérience et ses galons dans les combats. « Au départ, mes hommes étaient plutôt hostiles à cette formule. Puis, ils ont constaté l’efficacité des groupes féminins durant les combats. Désormais, ils me respectent et me craignent même si cela pose encore des problèmes à certains. »

Au milieu de cette forteresse naturelle, à des heures de marche de tout village, le visiteur perd toute notion d’espace et de temps. Nous sommes à la fin du mois de mars et le camp célèbre le Nevroz, la fête du printemps. Des jeunes filles se rassemblent autour d’un feu, l’une récite un poème dédié à la nature, certaines dansent.

« Il s’agit de faire tomber la pression, de penser à autre chose qu’à la guerre », explique Dygül, une toute nouvelle recrue de 18 ans. « Vous savez, la guérilla ce n’est pas qu’une lutte armée. C’est aussi une école de la vie. Moi, j’apprends à lire et écrire depuis que je suis arrivée, cela ne me permettra peut-être pas de trouver un travail, mais au moins, j’aurai plus de liberté. »

Tout pour le chef

Une liberté certes, mais qui semble conditionnée par la pensée de leur leader, Abdullah Ocalan envers qui ces femmes vouent une admiration qui frise le culte de la personnalité. Dans le camp, portraits, banderoles ou simples photos rappellent l’omniprésence du chef emprisonné.

Souvent, on lit ses textes, on se réunit pour écouter de longs exposés sur sa vie. À la lumière vacillante du feu, les langues se délient, certaines l’ont rencontré, d’autres en rêvent, toutes se battent pour sa libération. « Notre mission est de le faire sortir de prison car il est enfermé à cause de nous. Il n’y aura pas de paix en Turquie tant qu’il sera captif », commente Dygül.

Si on leur demande si cet homme peut encore avoir un poids politique depuis l’île où il est emprisonné dans un isolement quasi-total, et si elles n’auraient pas besoin d’un nouveau chef, les yeux se froncent, les lèvres se referment. « Ocalan est notre seul leader. C’est un homme de paix qui a beaucoup travaillé pour la libération de notre peuple. Personne ne peut le remplacer », lance Yücksel.

La plupart de ces combattantes ne réclament plus l’indépendance du Kurdistan. Tout d’abord parce que la situation économique catastrophique du sud-est du pays, marquée par quinze années de guerre, rendrait difficilement réaliste toute aspiration indépendantiste. Mais aussi, comme l’explique le commandant Gülten, car « il faudrait se battre contre la Turquie, la Syrie, l’Irak et l’Iran en même temps, les Kurdes étant présents dans tous ces pays. Cela embraserait tout le Moyen-Orient et nous ne pouvons pas nous le permettre. »

Leur cheval de bataille reste la reconnaissance de leur identité kurde et l’abolition de la constitution de 1980. « Nous voulons avoir les mêmes droits que les Turcs, pouvoir parler notre langue, ne plus être discriminés dans notre travail ou dans notre vie quotidienne. Il faut aussi que la Turquie accepte la création d’une commission de recherche de la vérité sur le modèle de l’Afrique du Sud qui s’attachera à faire toute la lumière sur les vingt-cinqs dernières années. Le gouvernement refuse de reconnaître sa part de responsabilité dans ce conflit. Sans transparence, il n’y aura jamais de paix dans ce pays », tempête une combattante qui a perdu ses trois frères, il y a deux ans. Et de conclure : « la Turquie m’a volé mon enfance, elle a brûlé la maison de mes parents, a détruit nos champs et nos cultures. Il serait temps que nous puissions rentrer chez nous. »

L’exil ou la prison

Mais le retour au village des guérilleros et de leurs familles paraît illusoire. « Mes parents ont tout perdu y compris les actes de propriété. En plus, pour pouvoir rentrer, les autorités locales ont demandé à ma mère de signer un papier stipulant que c’est le PKK qui a brûlé notre maison ! », raconte Walad. Sa voisine renchérit. « Il y a six mois, mes cousins revenus au village ont été arrêtés par la police pour un simple contrôle d’identité. Les soldats ont fait mine de les laisser partir, puis ils ont brûlé leur voiture. Tous les occupants sont morts. »

Leur propre retour, ces jeunes filles y pensent souvent, tout en étant conscientes qu’il leur faudra d’abord passer par l’exil ou la prison. « Le gouvernement refuse toute amnistie bilatérale. Quand les guérilleros font tomber les armes, ils sont emprisonnés et torturés », commente Juldi, la femme-médecin du camp. « La police a reçu des consignes de discrétion et emploie de nouvelles techniques de torture à l’eau ou au sable qui laissent moins de traces. Les conditions de détention restent épouvantables et les grèves de la faim sévèrement punies ». Juldi affirme ne craindre ni les souffrances, ni la mort et conclut avec un profond détachement : « de toute façon, mon décès restera anonyme car l’armée refuse de rendre nos dépouilles à nos familles. »

« La paix des Kurdes passe par les femmes », écrivait Abdullah Ocalan dans son dernier livre. Force est de constater que de plus en plus de femmes kurdes luttent, par les armes, pour leur émancipation et la reconnaissance des droits de leur communauté. Mission vouée à l’échec ou prélude à une reconnaissance effective, seul l’avenir en jugera.

* Sophie Deviller est journaliste indépendante.


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