Ces deux lettres sont arrivées (novembre 2002) par la Croix Noire [CNA] de Buenos Aires. Elles proviennent d’un camarade anarchiste de Buenos Aires qui a été arrêté après une perquisition de la GEOP [Grupo Especiales de Operaciones Politicas] et du service de renseignement (à la suite des signalements d’un infâme voisin) avec l’accusation d’avoir participé à divers vols et expropriations qui se seraient terminés par la mort de trois sbires, pour la falsification de documents et la détention d’armes de guerre. Diego est encore prisonnier d’un commissariat de Buenos Aires, où il restera jusqu’au procès, qui se déroulera dans 8 mois minimum à dans 3 ans maximum à partir de son arrestation.
Pour la révolte,
Feu aux bagnes et aux commissariats.
Salut les gars, je m’appelle Diego, j’aimerais être avec vous, mais la situation me l’en empêche. Je suis enfermé depuis un certain temps, pour être ce que je suis, pour ne pas tolérer l’injustice d’un état corrompu et répressif -comme n’importe quel état-, la misère causée par les intérêts économiques, la faim, la mort d’enfants, pendant que la cour suprême se moque de nous, dans une impunité totale, et qu’elle protège ses soldats assassins au nom de la patrie, de l’église et de dieu. Aujourd’hui, je me trouve dans une tombe de barreaux et de galeries, contrôlée par des répresseurs et des bourreaux fortement armés puisque notre condition est jugée de " danger maximum ".
Je suis prisonnier depuis le 1er novembre 2002, quand à six heures du matin, la GEOP et le service spécial ont fait brutalement irruption chez moi où se trouvaient encore ma compagne et notre fille de un an. La perquisition a duré des heures, ils ont détruit la maison à la recherche de matériel et d’armes qui puissent me compromettre dans quelques expropriations ; ils sont venus à la suite de la dénonciation d’un voisin " honnête et exemplaire " - une balance. Mais tout ce qu’ils auraient trouvé, ils l’ont fabriqué à l’extérieur de la maison.
Ils m’accusent d’une tentative de vol suivie du meurtre d’un policier d’instruction de Buenos Aires, du meurtre d’un commissaire fédéral à la retraite qui prêta ses services durant la dictature militaire, du meurtre d’un commissaire inspecteur de la police fédérale en activité, de détention d’armes de guerre, de falsification de documents publics, et de nombreux vols au détriment d’institutions de l’état...
Je m’en bat les couilles de tout ça, vu qu’ils n’ont aucune preuve légale contre moi. La plainte pour détention d’armes de guerre demeure, des armes qu’ils ont, comme je le disais, trouvées " hors " de chez moi. Cette plainte s’est compliquée à cause d’une plainte précédente datant d’il y a quelques années pour falsification de documents publics. Cela signifie qu’ils veulent me faire purger la détention préventive qui peut durer de 8 mois à 3 ans. Je suis encore enfermé dans le commissariat en attente du jugement abrégé pour lequel aucune date n’est encore fixée, après quoi, selon la sentence, ils me relâcheront ou ils me transféreront dans un centre d’extermination (pénal), et malheureusement en Argentine comme partout le choix est vaste. Quand je retrouverai ma liberté, je serai plus actif et explosif que jamais et à tous ceux qui choisiront de suivre le chemin de la révolution sociale, de l’expropriation et de la lutte armée je peux dire : vous devez être bien décidés à offrir votre vie à cette lutte, parce que vous devez être pleinement conscients que vous pouvez perdre votre liberté, votre vie et que vous pourrez être torturés pour lâcher des noms de groupes ou de camarades. Mais je suis fort et je ne trahirai jamais mes camarades. Et si vient notre tour, il faudra mourir la tête haute, avec orgueil, avec courage, comme des anti-sbires, comme des anarchistes.
Je vous laisse en vous saluant, avec mes meilleurs souhaits et respect, aux armes camarades, lutter pour l’anarchie, et ne vous rendez jamais...
Libres ou morts, esclaves jamais
Salut et révolution sociale
Diego, un acrata
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De nombreux mois sont passés depuis mon arrestation, de nombreux mois depuis le meurtre d’un camarade expropriateur, dont nous pensons devoir venger la mort.
Notre société est chaque jour plus aveugle, plus misérable et pour contrer la révolte, chaque jour plus autoritaire.
Les programmes télévisuels aux mains des puissants monopoles qui gèrent le pouvoir, et le gouvernement avec ses lois et son appareil assassin de contrôle populaire, envahissent l’esprit de milliers d’âmes soumises au pouvoir. Sa presse alarmiste, démagogique et autoritaire, ses films et ses feuilletons pro-yankee, inondent de terreur l’ignorance des masses écrasées, avec des phrases autorépréssives comme " plus de sécurité ", quand on sait que les crimes les plus atroces de cette société sont commis par des membres de ses propres forces répressives (exemple : les 30.000 disparus, les attentats contre la Amiam [Assemblée mutualiste israélite argentine] et l’ambassade d’Israël, le meurtre du reporter dessinateur José Luis Cabezas, Sebastien Peralta et les 33 morts du 20 décembre 2002, Ezequiel Monti, etc... la liste devient interminable)
Tout cela est occulté par l’hypocrisie du christianisme, de son église, de son dieu.
Alors pour faire face à toute cette corruption il y a les délinquants, " Las Villas " (favelas argentines), les assassins des sbires, qui s’attaquent au résultat du problème et non à ses causes (chômage, exclusion, faim, misère, aucune assistance, et tant de flics au service du pouvoir et de sa corruption, qui tuent celui qui se révèle contre les injustices). Mais tôt ou tard cette situation devra cesser.
Gloire aux héros et aux martyrs de la lutte armée révolutionnaire sociale.
Notre seul choix est succomber ou résister, Vive la révolution,
Hasta la victoria siempre.
" un semeur "
Sources : brochure #4 de TLMD, mai 2003