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Historique du PKK

HISTORIQUE DU PKK (Parti des Travailleurs du Kurdistan)

La naissance

Le contexte historique

Les Kurdes, peuple du Moyen-Orient, ont vécu jusqu’au siècle dernier avec une large autonomie sous le règne des empires féodaux de la région. En raison de l’importance stratégique de sa situation géographique et de ses richesses naturelles, le Kurdistan fut envahi par les armées occidentales pendant la première guerre mondiale. A la fin de la guerre, les articles 62 et 64 du traité de Sèvres de 1920 prévoyaient l’autonomie ou l’indépendance pour les Kurdes sur un territoire grand comme deux départements français, alors que le Kurdistan fait 500.000 km². Mais, le traité de Lausanne signé trois ans plus tard, après la victoire des kémalistes contre les Grecs et les Alliés grâce à l’appui massif des Kurdes auxquels Mustafa Kemal avait promis le respect de leurs droits, a balayé tous ces espoirs. Avec l’accord des puissances occidentales, le Kurdistan fut divisé entre la Turquie, l’Iran, l’Irak et la Syrie.

La réaction des Kurdes ne s’est pas fait attendre. Dès 1925 avec le soulèvement d’un chef religieux kurde, Cheikh Said, s’est ouverte une période de révoltes incessantes qui s’est terminée par celle du Dersim (Tunceli) en 1937. Mais, en raison même de cette division frontalière, de l’absence de structures politiques modernes, du manque d’alliés extérieurs et d’aide logistique, les Kurdes ont été vaincus à chaque fois et les révoltes ont été noyées dans le sang. Le nombre de Kurdes massacrés pendant cette période est estimé à 150.000 personnes et celui des déportés à plusieurs centaines de milliers.

Alors a débuté une période de silence qui a duré jusqu’à la fin des années 50. Ce fut une période d’assimilation forcée pendant laquelle le mot "Kurde" fut interdit : on parlait officiellement des "Turcs des montagnes". Les noms des villes, villages et localités kurdes furent changés et remplacés par des noms en turc. Il était même interdit de donner aux enfants des prénoms kurdes.

Le premier événement qui a rompu le silence fut l’arrestation en novembre 1959 de 49 intellectuels kurdes, parmi lesquels Yasar Kaya, Musa Anter, Sait Kirmizitoprak, accusés d’avoir conspiré pour la création d’un Etat kurde. Ceux-ci furent libérés après le coup d’Etat du 27 mai 1960 qui entraîna l’exécution du premier ministre Adnan Menderes et de deux de ses ministres, dont le kurde Fatih Rustu Zorlu qui était aux affaires étrangères. C’était le premier gouvernement d’opposition après le multipartisme en Turquie qui fut introduit après la seconde guerre mondiale.

Cependant, la renaissance kurde est amorcée sous l’influence du développement du mouvement kurde en Irak, après que le Général Kassem ait pris le pouvoir en 1962. Encouragés par l’ouverture démocratique de la constitution de 1960 qui fut d’ailleurs jugée "trop démocratique" par les putschistes de 1971, les Kurdes se sont permis quelques libertés culturelles. C’est pendant cette période que parurent de nombreuses revues politiques et culturelles autour desquelles s’est ouvert un débat sur la question kurde.

La réaction des nationalistes turcs ne s’est pas fait attendre. En avril 1967, la revue Otuken a publié un article anti-kurde auquel ont répondu sur un ton aussi dur les associations étudiantes de 19 villes kurdes dans un contre article. A l’appel de ces associations, les premières manifestations de masse ont eu lieu le 3 août 1967 dans toutes les villes kurdes et des dizaines de milliers de personnes y ont participé.

La réponse fut violente : le président du PDKT (Parti Démocratique du Kurdistan de Turquie), premier parti clandestin kurde qui a été créé le 11 juillet 1965 à Diyarbakir, Faik Bucak, député d’Urfa fut assassiné. Ce parti demandait l’autonomie du Kurdistan de façon implicite, afin de ne pas tomber sous le coup de l’article 125 du Code pénal turc. A la suite de ce meurtre, la répression et les arrestations se sont multipliées.

Le POT (Parti Ouvrier de Turquie), parti légal en Turquie, avait obtenu 15 sièges lors des élections de 1965, et quatre d’entre eux étaient occupés par des Kurdes bien que ce parti ne reconnaissait leur origine. Cependant, après l’élection de Mehmet Ali Aslan, un Kurde, à la présidence du POT en 1970, le parti a voté une résolution dans laquelle il reconnaissait l’existence des Kurdes en ces termes : "le peuple kurde existe à l’Est". Malgré cela, de nombreux Kurdes, parmi lesquels Mahmut Kilinc et Mehdi Zana, quittèrent le POT et fondèrent le DDKO (Foyers Culturels Révolutionnaires de l’Est). Ce fut le début du divorce entre les Kurdes et la gauche turque.

Mais l’événement le plus sombre de cette période de l’histoire, c’est la mort du Dr Sivan (Sait Kirmizitoprak). Cet intellectuel kurde qui parlait le français croyait en la nécessité de la lutte armée avec 10 ans d’avance sur le PKK. Il fonda le PDK-T et se rendit en Irak pour obtenir le soutien de Barzani, le leader kurde du Kurdistan d’Irak, et pour déclencher la lutte armée. Informé, Sait Elci, Président du PDKT, se rendra également en Irak pour demander au Dr Sivan de changer le nom de son parti, en raison de la similitude de leurs appellations. Il sera tué par le Dr Sivan qui sera lui-même à son tour exécuté par le PDK-I. C’est le début des règlements de comptes inter-kurdes.

Cette période fut interrompue par le coup d’Etat militaire turc du 12 mars 1971. Toutes les organisations de gauche sont dissoutes et la répression s’abat de nouveau sur les Kurdes. Des centaines d’entre eux sont arrêtés et emprisonnés, accusés de "diviser le territoire national". Les militants kurdes radicalisés par la répression, après de longues discussions dans les prisons, décident de créer leurs propres partis.

De leur côté, des mouvements clandestins turcs comme le THKP-C (Le Parti de Libération du Peuple Turc) et le Safak se lancent dans l’action directe en enlevant un consul israélien et des techniciens américains. Cette action aboutit à la condamnation à mort et à l’exécution de Deniz Gezmis, Yusuf Aslan et Huseyin Inan, dirigeants de ces groupes et leaders de la jeunesse étudiante.

Ainsi, au début des années 70 se créent plusieurs partis kurdes qui se réclament tous du marxisme et auxquels adhère cette jeunesse kurde formée dans les organisations de la gauche turque.

"Riya Azadi" (La Voie de la Libération) fut créée en décembre 1974 et compte parmi ses membres Mehdi Zana, Ziya Acar et Kemal Burkay qui en devint le secrétaire général. De son vrai nom PSK (Parti Socialiste du Kurdistan), ce parti affirmait : "seul un parti révolutionnaire peut diriger la lutte de libération nationale du peuple kurde" et poursuivait : "les forces principales qui réaliseront la libération de notre peuple sont les ouvriers et les paysans pauvres du Kurdistan... cette force révolutionnaire doit être un parti de la classe ouvrière qui aura pour guide le marxisme-léninisme". Trouvant utopique un Kurdistan réunifié, ils proposent la création d’une fédération turco-kurde, en refusant l’idée d’une autonomie. Cependant, l’idée de l’indépendance du Kurdistan n’est pas écartée.

Rizgari (Libération) fut fondée par Mumtaz Kotan, Serafettin Kaya et Rusan Aslan. Mais cette formation, d’inspiration plus nationaliste, ne se transforme en parti politique qu’en 1987. Ce mouvement prône l’indépendance des quatre parties du Kurdistan (Irak, Iran, Syrie, et Turquie). Il critique sévèrement l’Union Soviétique qui n’apporte aucun soutien à la lutte des Kurdes, mais soutient au contraire le Baas en Irak.

KAWA est le courant maoïste du mouvement kurde fondé en 1976 dans un village de la région de Siverek. Ses militants accusent l’URSS de social-impérialisme, d’armer l’Irak contre les Kurdes et d’aider la Turquie. Mais ce mouvement est partagé entre les pro-Chinois (tiers-mondistes qui donnent la priorité à la lutte contre l’URSS) et les pro-Albanais (dont la priorité est l’indépendance du Kurdistan). Finalement, l’organisation se divise en 1978 et 5 de ses dirigeants sont tués par les forces de sécurité. Ce parti a pour objectif la création d’un Kurdistan libre et estime que la seule voie pour y parvenir est la lutte armée.

Abdullah Öcalan

C’est pendant son année passée à Istanbul qu’il fait connaissance avec la gauche turque et les idées marxistes. Il participe à une conférence donnée par Mahir Cayan, leader du THKP-C fin 1971 et c’est là qu’il entend pour la première fois parler de la question kurde. A Ankara, il rencontre des militants du THKP-C. C’est ainsi que commencent sa sympathie pour ce parti et ses idées de gauche, mais surtout son apprentissage de la question kurde.

C’est à cette période que les leaders de la jeunesse étudiante et du THKP-C, Deniz Gezmis, Yusuf Aslan, Huseyin Inan sont jugés et condamnés à mort par les tribunaux militaires. Pour les sauver, une autre figure importante du mouvement, Mahir Cayan, organise l’enlèvement d’Américains et d’Israéliens, mais il sera tué avec ses compagnons à Kizildere dans le centre de la Turquie, le 30 mars 1972. Les sympathisants du THKP-C à l’Université organisent une manifestation de protestation contre ce massacre, début avril, à laquelle Öcalan participe. Le 7 avril, la police convoque les manifestants pour les interroger et les arrête. Öcalan restera en détention pendant 7 mois et Deniz Gezmis et ses deux compagnons seront exécutés. Début décembre 1972, Öcalan lui est libéré. Il explique : "L’un des mes camarades de détention, Dogan Firtina, était le fils d’un officier. Si je ne me trompe pas, il devait être juge au tribunal militaire. Je ne sais toujours pas si son père a eu une influence à ce sujet. Baki Tug (le juge d’instruction) demandait 7 ans de prison, mais il n’avait qu’un seul témoin et ce n’était pas suffisant pour nous condamner".

Après sa libération, Öcalan rejoint les militants du THKP-C à la Faculté et commence à travailler activement en tant que sympathisant. C’est à cette époque qu’il fait la connaissance de Haki Karer et Kemal Pir qui sont deux militants du THKP-C. Jusqu’en 1976, Öcalan restera un fidèle sympathisant de ce mouvement. Pendant les années 1974 et 1975, il est membre d’ADYÖD (Association de l’Enseignement Supérieur d’Ankara), dont la disparition en 1975 donnera naissance au Dev-Yol (Voie Révolutionnaire) et au Dev-Genc (Jeunesse Révolutionnaire) qui seront les plus puissantes organisations de la gauche turque d’avant 1980.

Le groupe idéologique d’origine

Öcalan, Mehmet Hayri Durmus, Kemal Pir et Haki Karer, alors qu’ils étaient étudiants décidèrent de fonder leur propre association en 1975. C’est Mehmet Hayri Durmus qui en rédigea le manifeste, bien qu’Öcalan prétendit plus tard en avoir inspiré les grandes lignes. La première manifestation publique du nouveau groupe idéologique se déroule en mai 1976 à l’occasion de la mort de Fevzi Arslansoy, membre de Halkin Kurtulusu (Libération du Peuple), tué par des militants de l’extrême droite. Son groupe prend l’initiative d’amener sa dépouille à Suruc (dans la région natale d’Öcalan) pour son enterrement. Certains d’entre eux seront arrêtés par les forces de sécurité.

Le groupe qui prend alors le nom de UKO (L’armée de Libération Nationale) décide de se disperser à travers la région kurde pour tâter le terrain politique. Öcalan, lui, restera à Ankara. Après un travail de propagande qui durera pendant tout l’hiver, une série de réunions est organisée dans les principales villes kurdes - Agri, Kars, Dersim, Bingöl, Diyarbakir et Antep - pendant les mois d’avril et de mai 1977. A chacune des réunions auxquelles participe Öcalan en tant qu’orateur, assisteront une cinquantaine de personnes.

C’est pendant la réunion d’Antep que le groupe compte sa première perte. Haki Karer est assassiné par une mystérieuse organisation, Sterka Sor (Etoile Rouge) dont on entend parler pour la première fois le 18 mai 1977, date de cet assassinat. Le groupe organise des obsèques auxquelles les forces de sécurité répondent par l’arrestation de Mustafa Karasu et de Kemal Pir. Öcalan qui devait les rejoindre n’ira pas, guidé par ses "pressentiments" et enverra d’autres personnes pour contrôler les lieux. Ainsi, il échappera à l’arrestation.

Pendant les années 1977 et 1978, s’ouvre un débat pour savoir si un nouveau parti doit être créé ou pas. Pendant ce temps, Mehmet Hayri Durmus rédigera le programme du futur parti sous le nom de "La voie de la révolution du Kurdistan".

La fondation du PKK et ses débuts

C’est lors d’une réunion dans le village de Fis près de Diyarbakir, le 27 novembre 1978, à laquelle participeront une quinzaine de personnes dont Abdullah Öcalan, Kesire Yildirim, Sahin Donmez et Cemil Bayik que le PKK est créé officiellement. Cette réunion sera le premier congrès du parti. Öcalan est élu secrétaire général.

L’idéologie du PKK mêle lutte des classes et nationalisme. Le nom de sa revue Serxwebun (L’indépendance) dont le rédacteur en chef est Mazlum Dogan, indique clairement l’objectif final du PKK. Ce qui fait la spécificité de celui-ci par rapport aux autres partis, c’est l’importance qu’il accorde à la lutte armée. Parallèlement à la formation politique de la population, il faut par la "violence révolutionnaire" contre l’appareil d’Etat montrer aux paysans que "le pouvoir colonial est faible et qu’il est possible d’agir contre lui".

Le programme du PKK est le fruit de longues discussions entre ses fondateurs. De ces discussions résultera le manifeste du parti qui est publié sous le nom de "La voie de la révolution du Kurdistan". Il proclame la fondation du PKK en ces termes : "Depuis des siècles, le peuple du Kurdistan a mené une guerre de libération contre la domination étrangère et ses collaborateurs locaux. Pour élever le combat au niveau d’une guerre de libération nationale en le combinant avec la lutte des classes, le PKK a été fondé. C’est la nouvelle organisation du prolétariat du Kurdistan". Ce document est rédigé par Mehmet Hayri Durmus. Il commence par une analyse historique, économique et sociale du Kurdistan et de la société kurde, dont voici les conclusions : "Le peuple Kurde existe, il a une histoire, une langue, une culture spécifiques. Le Kurdistan est une colonie internationale. Les Kurdes sont victimes d’une assimilation accélérée d’où l’urgence d’une révolution nationale. L’exploitation des terres est caractérisée comme semie-féodale. Les colonialistes et les féodaux kurdes exploitent la paysannerie et le prolétariat. Le Kurdistan est tenu dans un état de sous-développement".

Le Parti commence à se structurer dans des ensembles de provinces du Kurdistan de Turquie : 1) Gaziantep, Kahramanmaras, Malatya ; 2) Elazig, Tunceli, Bingöl ; 3) Urfa, Diyarbakir, Mardin. A la tête de chacun de ses ensembles, un secrétaire, membre du comité central ; sous lui, des comités régionaux, puis provinciaux et locaux.

Donc, il faut une révolution nationale sous l’avant garde du prolétariat et de son parti pour la création d’un Kurdistan réunifié, indépendant et socialiste. Pour cela, il faut : organiser et mener la lutte du peuple kurde, libérer le Kurdistan de l’impérialisme, du colonialisme et des féodaux collaborateurs, établir la dictature du prolétariat dans un Kurdistan indépendant et unifié, et enfin, réaliser une société sans classe.

Paradoxalement, la force motrice de la révolution c’est la classe ouvrière qui est presque inexistante au Kurdistan, dont l’économie dans les années 1970 s’appuie encore sur l’agriculture et l’élevage. Mais le PKK en appelle aussi aux opprimés, aux paysans exploités, à la jeunesse qui a perdu son identité et aux femmes asservies. Les alliés extérieurs et naturels de la révolution du Kurdistan sont les pays socialistes, les mouvements de libération nationale, et les mouvements de la classe ouvrière des pays capitalistes.

La violence révolutionnaire est la méthode de lutte et doit être employée aussi bien contre l’Etat turc que contre les bourgeois et les féodaux. Les forces révolutionnaires très faibles au début attireront des recrues par la violence politique. L’utilisation de la violence politisera la population et lui donnera le courage de s’opposer aux forces de sécurité. La guerre d’indépendance sera menée par les tactiques de la guérilla sur le modèle vietnamien et elle se déroulera en trois étapes : la défense stratégique, la balance des forces, la période de la stratégie offensive.

L’organisation passe très rapidement à l’action pour occuper le terrain en usant de méthodes discutables pour imposer son autorité. Ses membres se dispersent à travers tout le Kurdistan où ils distribuent un tract de deux pages qui annonce dans une langue de bois rebutante la création du PKK. Dans les discussions qui opposent les militants du PKK à ceux des autres organisations, les premiers utilisent un langage très dur qui provoque immédiatement la réaction de leurs interlocuteurs. Les attaques armées des membres du PKK contre les propriétaires terriens et contre l’armée déclenchent des opérations des forces de sécurité dont les autres organisations kurdes et turques font les frais. Celles-ci accusent alors ceux du PKK d’être des provocateurs.

C’est à cette époque qu’Öcalan prit le surnom d’Apo, ou "oncle", surnom vraisemblablement inspiré de l’Oncle Ho Chi Minh, ainsi que l’appellation "Apocular" (les disciples d’Apo). Les paysans kurdes (99 % de la population et analphabètes à 75 %) n’arrivaient pas à réaliser ce qu’est un parti. Pour eux, la seule autorité c’était l’Etat et "l’Aga" (le propriétaire terrien). Pour se faire connaître, il fallait donc s’identifier à une personne, un seigneur. C’est ainsi que doit être relié le terme "Apocular". A cette époque, les structures tribales sont intactes.

Les forces de sécurité passent alors à l’action et procèdent à des arrestations dans la région d’Elazig. Elles arrêtent entre autres Sahin Donmez, membre du comité central.

C’est ces arrestations et les aveux de Dönmez sous la torture qui vont inquiéter Öcalan. Il quitte clandestinement la Turquie fin juin 1979 pour se réfugier en Syrie, et ce n’est qu’une fois en sécurité qu’il préviendra de sa fuite les autres dirigeants de l’organisation.

La première décision pour l’arrestation d’Öcalan serait prise, selon celui-ci, fin 1979 après les événements de Siverek. Le PKK qui a déclaré la guerre aux féodaux collaborateurs décide de commencer par le chef de la tribu des Bucak, Celal Bucak, député d’Urfa. L’attaque échoue, il n’est que blessé. Ce sera le début d’une guerre entre les militants du PKK et les hommes de Celal Bucak, qui fera plusieurs dizaines de morts dans les rangs du PKK.

Le coup d’Etat de 1980 et la répression

Le contexte du coup d’Etat de 1980

Les années 70 se sont caractérisées par la naissance de nombreuses organisations clandestines ou semi-clandestines qui pour la plupart n’ont pas hésité à prendre les armes pour la promotion de leurs idées. L’Etat dans un premier temps répond à ces organisations de gauche en armant celles de l’extrême droite, comme les "Loups Gris" dont le successeur sera le MHP de Devlet Bahceli. Ainsi, petit à petit s’installe une ambiance de terreur dans toute la Turquie. Chaque jour des dizaines de militants sont tués de chaque côté. A ceci s’ajoutent les attentats contre des personnalités politiques, des dirigeants syndicaux comme Kemal Türkler, président du DISK, et des massacres de civils.

Le massacre de Maras du 24 décembre 1978, qui visait principalement les Alévis, sera le plus sanglant. Les obsèques de deux enseignants membres d’un syndicat de gauche, tués par des militants de l’extrême droite, seront l’occasion d’un massacre planifié : pendant 3 jours, l’armée observera sans intervenir. Le bilan officiel fera état de 113 morts, mais selon les témoignages, c’est plus de 1.000 civils qui seront exécutés le plus souvent à l’arme blanche.

Le chaos est total. La gauche communiste se prépare avec ses centaines de milliers de militants armés à la révolution, et l’extrême droite croit que l’heure est arrivée pour prendre le pouvoir et pour la réalisation du projet pan-turc.

C’est dans ce contexte que les généraux turcs décident de prendre le pouvoir par un coup d’Etat, le 12 septembre 1980. Un jour avant le jour j, le pentagone informera le président américain en ces termes "A Ankara, les enfants vont passer à l’acte".

La répression et la résistance dans les prisons

Le 12 septembre 1980, la Turquie et principalement le Kurdistan se réveilleront au bruit des bottes et des chars. Dans toutes les villes et les villages kurdes des dizaines de milliers de personnes sont arrêtées et regroupées dans des écoles, des stades ou tout simplement sur une place publique et soumises à des tortures et humiliations collectives. Ceux qui sont considérés comme militants ou meneurs sont conduits dans les prisons où la torture devient lourde et systématique. Selon les témoignages des rares journalistes et avocats qui ont pu assister aux procès devant le tribunal de sûreté de l’Etat de Diyarbekir, la plupart d’entre eux, comme Mazlum Dogan membre du comité central du PKK, avaient de la peine à marcher.

L’ancien maire de Diyarbekir, Mehdi Zana, était lui aussi détenu. Il témoigne dans son livre "La prison n° 5" de ses conditions de détention qui rappellent celles qu’ont pu subir ceux de Tazmamart au Maroc.

Après une période de confusion, les détenus décident de résister en organisant une grève de la faim pour protester contre leurs conditions de détention. En avril 1981, ils entreprennent une grève totale (ils ne boivent que de l’eau) qui durera 44 jours. Ils arrêtent la grève lorsque la direction de la prison leur promet des conditions de détention meilleures, mais ces promesses ne seront jamais tenues.

Au lieu d’améliorer les conditions de détention comme elles l’avaient promis, les autorités durcissent la torture de jour en jour. Le 21 mars 1982, Mazlum Dogan allume symboliquement trois allumettes pour célébrer le "Newroz", le nouvel an kurde, et se pend dans sa cellule : les autorités voulaient le forcer à faire une confession publique. Il sera suivi par quatre autres de ses camarades : Ferhat Kurtay, Necmi Onay, Mahmut Zengin et Esref Anyik qui vont s’immoler par le feu dans leur cellule le 18 mai 1982. L’atmosphère et les tortures devenant insupportables, les détenus commencent une nouvelle grève de la faim le 14 juillet 1982. Quatre cadres du PKK en mourront : Akif Yilmaz, Ali Cicek et Mehmet Hayri Durmus succombent au bout de 46 jours. Kemal Pir mourra au bout de 57 jours.

Après ces évènements, les conditions de détention s’amélioreront légèrement, mais une nouvelle grève de la faim sera déclenchée le 1er septembre 1983.

La naissance et l’ascension de la lutte armée (1984-1993)

La naissance de la lutte armée

Le coup d’Etat militaire de 1980 balayait ainsi toutes les organisations kurdes en Turquie. Le PKK gardait 200 militants au Liban, le KUK 400 au Liban également, et le DDKD en avait dans le Nord de l’Irak. Ces deux derniers partis décidèrent de dissoudre leurs structures militaires, considérant que les bases d’une révolution étaient décimées par le putsch.

En Syrie, le PKK établira très rapidement des relations avec les Palestiniens par l’intermédiaire des Kurdes syriens.

En 1979, des hommes du PKK essuyèrent une défaite armée contre une tribu kurde d’Urfa, les Bucak. Le Parti prit conscience du peu de formation militaire de ses militants. La direction de l’organisation décida alors d’en envoyer une centaine dans la Bekaa. Ils échapperont ainsi aux rafles et seront entraînés dans les camps du FPLP, avant de lancer les premières attaques contre les forces de sécurité turques en 1984. En 1982, lors des attaques d’Israël contre le Liban, le PKK se battra aux côtés des Palestiniens et perdra 12 combattants, ce qui confortera son établissement dans la Bekaa.

En avril 1980 : le PKK et l’ASALA avaient fait une conférence de presse commune, à Saida (Liban-sud). Les deux groupes annonçaient qu’ils coopèraient désormais contre l’Etat turc.

Au Liban, le PKK se renforcera de la plupart des militants d’origine kurde de TIKKO (Armée ouvrière-paysanne communiste turque), branche armée des maoïstes de Turquie.

En 1981, le camp de Helwé est fondé au Liban sur un terrain fourni par le FDLP. A partir de mars 1986, le camp prendra le nom d’ « Académie militaire Mahsun Korkmaz », du nom du premier président du Front de libération nationale du Kurdistan, ERNK, tué ce mois-là par l’armée turque. Helwé se trouve situé à l’est d’Anjar, à quelques kilomètres de la frontière syrienne. En temps normal, 300 jeunes Kurdes y résident pour des stages de deux mois (combattant) ou de quatre mois à un an (officier ou spécialiste).

Le parti y tiendra son deuxième congrès qui prendra la décision de lancer des actions de guérilla contre la Turquie.

La décision de commencer la lutte armée étant prise, le PKK établit des contacts avec le PDK d’Irak, et conclut avec lui un accord de coopération pour permettre l’ouverture de camps dans la zone contrôlée par le PDK au Nord de l’Irak. C’est de ces bases que les premières attaques partiront le 15 août 1984 contre des installations militaires dans les villes frontalières d’Eruh et Semdinli.

La première réaction des dirigeants turcs est la ligne politique traditionnelle. Ils déclarent que c’est l’oeuvre d’une "poignée de bandits qui ont échappé au coup d’épée" et qu’en 24 heures ils seront éliminés. Pour leur part, les autres organisations kurdes et la gauche turque crient à la provocation du MIT qui veut créer les prétextes d’une nouvelle répression, mais l’avenir les démentira. Le délai de 24 heures que les Turcs s’étaient donné pour "éradiquer ces bandits" sera reporté à une semaine, à un mois, à un an...

La stratégie du PKK qui consiste en trois étapes principales - la "défense stratégique", "l’équilibre stratégique" et "l’offensive stratégique" - est très simple. L’organisation estime que "les révoltes réprimées dans le sang des années 1920 et 30 et la répression de la junte de 1980 ont semé la peur parmi la population du Kurdistan". Celle-ci ne croit pas à une solution par les armes et pense que la guérilla ne tiendra pas longtemps.

Ainsi, la première tâche que le PKK se fixe est de démontrer à la population paysanne et pauvre qu’il est possible de s’opposer à l’Etat et à ses forces de sécurité en leur infligeant des pertes, tout en minimisant les siennes propres par des actions dont les risques seront minimes. L’armée ne pouvant capturer les guérilleros se retournera contre la population, ce qui la convaincra d’avoir une défense et d’apporter son soutien à la guérilla.

Les premières attaques du PKK pendant la deuxième moitié de 1984 et pendant l’année 1985 visent cet objectif. D’août 1984 jusqu’à mi-1985 c’est un succès.

En août 1984 débute officiellement la lutte armée du PKK au Kurdistan de Turquie. Création des « Brigades de Libération du Kurdistan » (HRK), commandées par un état-major de 10 personnes. Trois des « unités de propagande armée » du HRK, intitulées « 21 mars », « 14 juillet » et « 18 mai » ( 40 combattants armés) attaquent désormais les villages considérés par le PKK comme « collabos ». Les combats entre guérilleros du PKK et militaires turcs reprennent également : attaque de deux gendarmeries et d’un mess d’officiers, à Eruh et Semdinli.

Face à ces attaques la Turquie et l’Irak se reconnaissent un droit de poursuite des guérillas kurdes le long des 230 km de leur frontière, dans une zone de 10 km de profondeur. L’armée turque en profite immédiatement pour frapper en Irak. Selon son 2éme bureau, il y a à ce moment-là 1700 guérilleros du PDK et 400 du PKK dans la région

Certes, le nombre d’actions de la guérilla est limité, mais ses pertes sont peu nombreuses. Öcalan qui est alors le chef unique et qui contrôle entièrement l’organisation décide d’enfoncer le clou et donne l’ordre aux unités d’entreprendre des actions qui pourraient infliger plus de pertes à l’armée.

Les actions ambitieuses de la fin de l’année 1985 seront un échec sérieux non seulement du fait de changement de tactique de façon prématurée, mais également parce que dès mai 1985, l’Etat met en place un système de "gardiens de villages". Ceux-ci, souvent enrôlés de force, apporteront des renseignements précieux à l’armée qui n’hésitera pas à déployer les grands moyens. L’organisation va subir des pertes importantes par rapport à ses faibles effectifs et il ne restera presque plus d’unités dans le Kurdistan turc.

Le troisième Congrès du PKK et l’instauration de la guérilla

C’est sur ce constat que s’ouvre le 3ème congrès du PKK en 1986 dans la plaine de la Bekaa au Liban. Öcalan fait adopter par le congrès le projet d’instauration d’une guérilla structurée. C’est la phase de la "défense stratégique". Conformément à la nouvelle stratégie, toute forme d’existence de "l’Etat colonialiste turc" sera prise pour cible. Parmi les cibles énumérées dans les actes du congrès, il y a notamment les militaires et la police, les gardiens de villages, les informateurs, les collaborateurs, les bâtiments publics et les autres possessions de l’Etat, mais également les fonctionnaires et parmi eux les instituteurs.

Les unités recevront l’ordre d’expulser du Kurdistan les fonctionnaires, y compris les enseignants qui sont qualifiés d’instruments de la propagation de la culture et de la langue du colonisateur au détriment du kurde.

Finalement, la création de l’ARGK (Armée de Libération Nationale du Kurdistan) est décidée. Une autre branche du mouvement dont la fondation est officiellement décidée pendant ce congrès est l’ERNK (Front de Libération du Kurdistan) qui est l’aile populaire et se veut civile. Cependant, l’histoire officielle du PKK fait remonter la création de l’ERNK au 21 mars 1985.

Dès le printemps 1986, le PKK lance des unités formées plus sérieusement et mieux armées dans des attaques surprises dans les régions le long de la frontière iraquienne.

Les contre-mesures des autorités

Les autorités décident de répondre aux attaques par la terreur. Elles créent le 19 juillet 1987 le poste de "gouverneur d’état d’urgence" pour la surveillance des 11 provinces kurdes les plus sensibles. Le premier "super-gouverneur" sera Hayri Kozakcioglu, doté de pouvoirs spéciaux si larges que certains le qualifieront de roi sans trône.

Sous la coordination de Kozakcioglu, les forces de sécurité vont être réorganisées. La stratégie est définie par la Direction de la Guerre Spéciale (OHD) qui dépend de l‘Etat Major des Armées. Petite à petit, des unités spéciales sont formées dans l’armée et la police et le nombre de gardiens de villages est multiplié. Ce sont ces unités, en première ligne des opérations de l’armée, qui souvent massacreront les villageois refusant de prendre les armes pour devenir "gardiens de village" ou simplement refusant de dénoncer les guérilleros.

Parallèlement, les autorités ont entrepris une propagande sur le plan interne et externe en dénonçant le PKK comme une organisation "sanglante" et "terroriste" responsable de massacres de civils et qui n’épargne pas plus les femmes que les enfants. Elles brûlent les villages avec la complaisance de la presse qui ne s’est jamais souciée de la véracité des communiqués du super-gouverneur.

C’est seulement après des massacres particulièrement troublants et qui ont fait des dizaines de morts que certains journalistes turcs et des défenseurs des droits de l’homme kurdes se sont intéressés à la question et se sont risqués à vérifier ces informations. Ils ont alors dénoncé le fait que la plupart des massacres attribués au PKK étaient commis par les forces de l’ordre parce que les villageois n’acceptaient pas de prendre les armes.

Au fur et à mesure que les actions de la guérilla vont se multiplier et se répandre dans les régions kurdes, la riposte des autorités va se durcir. Le chef d’état-major Necip Toruntay déclare le 17 août 1989 : "Les forces armées turques feront tout pour combattre le terrorisme séparatiste qui a pour objectif de détruire l’existence de la nation et l’intégrité territoriale du Pays [...]. Nous nous battrons contre les fusils avec des fusils, nous y sommes obligés". Cette déclaration de guerre accélérera la destruction et l’évacuation forcée des villages.

Devenu président, Turgut Özal, après la réunion du Conseil National de sécurité du 28 mars 1990 qu’il présida, parle d’un "plan visant l’intégrité territoriale de la République turque". Il annonce une "zone de sécurité" dépeuplée le long de la frontière avec l’Irak.

Son premier ministre Yildirim Akbulut adopte le décret anti-terreur 413 le 10 avril 1990. Celui-ci est suivi de la loi anti-terreur promulguée en 1991, puis par plusieurs directives secrètes.

Le 30 septembre 1992, après la réunion du Conseil National de Sécurité à Diyarbakir, le premier ministre Suleyman Demirel déclare que si une solution politique était possible, elle serait déjà mise en œuvre... En fait, les militaires auraient été très clairs : "Ou vous acceptez notre solution, ou il n’y a pas de solution du tout". La solution des militaires qui était déjà mise en application depuis 1990 consistait en un certain nombre de mesures dont voici l’essentiel :

- Premièrement, application stricte et sévère de la loi anti-terreur.

- Deuxièmement, il s’agissait d’interdire les organisations légales kurdes. Dans un climat de terreur et après de nombreuses attaques et meurtres, les partis politiques, les journaux, les associations et les syndicats kurdes furent interdits et dissous.

- Le troisième point visait la destruction des villages : alors que depuis 1984, seuls les villages de quelques zones précises avaient été vidés de leurs habitants, à partir de 1990 l’évacuation forcée des villages fut planifiée et toutes les régions subirent une politique de dépeuplement. Aujourd’hui, on estime ainsi que plus de 3.500 villages ont été rayés de la carte.

- La quatrième étape consistait à stopper tout mouvement populaire. Dans ce sens, toutes les manifestations furent réprimées dans le sang : des centaines de civils furent tués et 30 villes et villages bombardés.

- La cinquième étape visait à faire disparaître tous les leaders et intellectuels locaux dirigeant des organisations politiques. Pour cela, des unités de la Contre Guérilla telles le JITEM (renseignements de la gendarmerie), les "équipes spéciales" et même le Hezbollah furent utilisées. Entre 1990 et 1995, près de 4.000 personnes furent assassinées et les responsables n’ont jamais été arrêtés.

- Le sixième volet de la stratégie consistait au déplacement massif des populations rurales. Durant cette période, 5 millions de Kurdes ont été forcés à l’exode, le but étant de les intégrer à la société turque et de les assimiler.

- Le dernier volet consistait à provoquer des affrontements entre le PDK et le PKK pour entraver le fonctionnement de l’administration autonome kurde en Irak. Cela ne fut pas difficile, car le PKK ayant des visées sur le Kurdistan d’Irak avait imposé un embargo sur le PDK en prétextant la collaboration de celui-ci avec la Turquie.

Ainsi, se sont évanouis les espoirs nés de la reconnaissance par Demirel de la "réalité kurde" lors de son meeting à Diyarbekir avant les élections du 20 octobre 1991.

"Serhildan" : l’intifada kurde

Pendant longtemps, les familles kurdes ont eu peur d’aller chercher la dépouille de leurs fils ou filles tués dans les accrochages avec les forces de l’ordre. Les guérilleros tués étaient soit enterrés dans des fosses communes par l’armée, soit par des équipes municipales dans les cimetières communaux du lieu où ils avaient été abattus.

Pour la première fois fin 1989, des familles kurdes ont osé aller chercher leurs morts. Au fur et à mesure que cette pratique s’est généralisée, les forces de sécurité turques ont commencé à réagir par les armes. Ainsi, à plusieurs reprises les militaires n’ont pas hésité à tirer sur la foule faisant plusieurs dizaines de morts.

Cependant, la population avait vaincu sa peur. Les funérailles étaient l’occasion de défier les forces de l’ordre par l’organisation de manifestations ou fermetures de magasins. C’est lors des festivités du Newroz, nouvel an kurde, les 21 mars des années 1990, 1991 et surtout 1992, que les manifestations et les massacres furent les plus violents.

Plus que les actions de la guérilla, c’est ces mouvements populaires qui inquiétaient les dirigeants turcs et qui ont motivé le recours à des mesures de plus en plus dures.

Ainsi, tout au long de l’année 1992, le Kurdistan fut endeuillé par de nombreux "incidents" qui firent plusieurs centaines de morts parmi les civils. Les premiers éclatent le 21 mars lors des célébrations du Newroz à Cizire et à Nusaybin et se répandent rapidement dans tout le Kurdistan, faisant 92 morts selon la Fondation des Droits de l’Homme.

Plus grave encore, les incidents de Sirnak du 18 août 1992 qui ne feront officiellement que 14 morts. Pendant plusieurs jours, la ville est soumise au feu des mortiers, roquettes, canons des chars de l’armée, sans que la présence de combattants du PKK n’ait jamais été démontrée. L’un des chef des gardiens de village de Sirnak, Ali Han Tatar, appelant au téléphone un général pour lui demander pourquoi l’armée tirait sur sa maison, s’entend répondre : "Le fils d’un cochon est aussi un cochon, le fils d’un serpent est un serpent, et vous êtes tous des Kurdes !"[1] En réalité, ces opérations feront plus d’une centaine de morts civils, et amèneront Abdullah Öcalan à déclarer "Si Cizre nous appartient aujourd’hui, c’est à moitié grâce à nos efforts. Mais l’autre moitié, la Turquie nous l’a apportée sur un plateau d’argent."

Pendant sa grande période, les forces du PKK étaient de 15.000 hommes environ auxquels il convient d’ajouter plusieurs milliers de miliciens et quelques 5.000 membres actifs en Europe.

Entre 1984 et 1990, ses forces armées étaient principalement basées dans les régions de Hakkari, Van, Siirt et Mardin. Des unités plus petites de guérilla étaient établies à Diyarbakir, Bitlis, Dersim, Kars, Agri, Adiyaman et Maras. A partir de 1990, Diyarbakir, Dersim et Bitlis comptèrent parmi les régions les plus actives. Des unités plus petites opéraient dans toutes les régions des villes de Malatya, Antep, Maras, Erzurum, Kars et Agri. Après 1995, la guérilla fut étendue dans les régions de la mer Noire et de la Méditerranée.

Le 4ème Congrès du PKK de 1990

C’est sur fond de grands bouleversements que se réunit le 4ème congrès du PKK. L’Union soviétique est en décomposition et la coalition conduite par les Américains s’apprête à punir l’Irak pour avoir envahi le Koweït. L’Irak ayant retiré toutes ses forces dans le Sud du pays, le Nord est sous le contrôle des Kurdes et le PKK en contrôle les montagnes. Les armes laissées par les forces irakiennes constituent des réserves importantes et les soulèvements populaires dans le Kurdistan fournissent des combattants en grand nombre.

Pour le PKK l’heure est venue. Le congrès décide de la création d’un gouvernement du Botan-Bedinan (à cheval sur la frontière Irak-Turquie) sous la direction du parti. Il décide de déloger le PDK de cette région, s’il le faut par la force.

L’organisation estime que le temps des actions de guérilla avec de petites unités est révolu. Désormais, c’est des corps de plusieurs centaines d’hommes qui doivent agir pour déloger l’armée des postes frontaliers et des casernes. C’est la "guerre des mouvements". Les premières attaques connaissent un succès inespéré, mais les mesures prises par les autorités, notamment la suppression des petites casernes et postes de gendarmerie montreront les limites de la "guerre des mouvements". L’organisation va continuer à opérer avec des troupes composées jusqu’à 300 combattants, sous la houlette d’Öcalan et au prix de pertes très importantes.

Les relations avec les partis kurdes d’Irak, le PDK et l’UPK

La coopération

Vu de loin le PKK est différent du PDK de Massoud Barzani et de l’UPK de Jelal Talabani. Les Partis kurdes irakiens ont une structure féodale avec à leur tête un chef incontesté et ils n’ont pas d’idéologie spécifiquement définie.

Le PKK va établir des relations avec le PDK dès le début de l’année 1980 du fait que ce parti contrôle toute la région frontalière avec la Turquie. L’UPK est lui implanté plus au Sud, le long de la frontière avec l’Iran.

Le premier accord entre le PDK et le PKK, aux termes duquel le PKK est autorisé à installer des camps dans les zones sous le contrôle de Barzani, est signé en 1981. Les deux organisations publient un communiqué commun, lorsqu’en 1983 la Turquie masse des troupes à la frontière.

Mais la lutte armée lancée par le PKK en août 1984 contre la Turquie va inquiéter Massoud Barzani qui ira voir Öcalan à Damas à deux reprises en septembre 1984 et en mars 1985. Cette inquiétude s’explique par le fait de la dépendance de la zone kurde par rapport à la Turquie : le seul poste frontière ouvert est en effet turc. Selon les clauses de l’accord, le PKK ne devait pas lancer d’attaques près de la frontière, afin d’éviter de donner aux Turcs un prétexte pour lancer des attaques extra frontalières et pour imposer un embargo économique. La rupture aura lieu fin 1985, après qu’au mois de juin de la même année des militants du PKK dont un membre du comité central auront été tués par les hommes du PCI, allié du PDK.

Profitant de l’occasion, l’UPK de Jelal Talabani noue ses premiers liens avec le PKK, qui devient un allié de plus en plus fort. Les deux organisations signent même un protocole le 1er mai 1988, sans que cela aboutisse à quelque chose de concret.

Le 4 janvier 1991 en pleine préparation de la guerre du golfe par les alliés, Abdullah Öcalan, Jelal Talabani, Sami (Front du Kurdistan d’Irak) et un dirigeant du PDK iranien se réunissent à l’académie militaire du PKK dans la Bekaa pour fonder le "Congrès National".

Mais, la défaite de l’Irak et le passage sous contrôle du PDK et de l’UPK du Kurdistan irakien va changer les données. Comptant sur les promesses des Américains, les Kurdes lancent un soulèvement populaire pour renverser Saddam Hussein. Cependant, lorsque celui-ci va lancer ses gardes républicaines et ses hélicoptères contre les Kurdes, les Américains ne bougeront pas. Hantés par l’idée que l’armée irakienne va utiliser des armes chimiques comme en 1988, trois millions de Kurdes vont fuir leurs villes et villages et se masser aux frontières de la Turquie et de l’Iran.

Devant l’ampleur de la tragédie et sous la pression de l’opinion publique mondiale, les alliés vont établir une zone de sécurité au nord du 36ème parallèle qui sera sous la protection des Nations Unies. Naît alors une lueur d’espoir pour les Kurdes irakiens qui organisent des élections en mai 1992 et forment un gouvernement à Erbil.

Le PKK pense que l’heure des Kurdes est venue pour proclamer un Kurdistan indépendant et que Talabani et Barzani se plieront aux exigences des Turcs et des Américains. Ce dont le PKK ne tient pas compte, c’est de la situation dans laquelle se trouve au printemps 1991 des centaines de milliers de civils Kurdes qui sont condamnés à la famine si les Turcs bloquent la frontière, car au Sud l’embargo de Saddam est total. Pour éviter ceci, dès juin 1991 Jelal Talabani se rend à Ankara pour rassurer le président turc Turgut Özal.

Les négociations hasardeuses des chefs kurdes irakiens avec Saddam, sans aucune garantie, vont radicaliser les positions du PKK qui pense que les éléments de la force d’intervention rapide prêtent main forte aux troupes turques dans leurs opérations contre la guérilla. Le PKK dénonce le rapprochement avec la Turquie et en riposte crée sa branche irakienne, le parti "Azadi".

Une dernière tentative de l’UPK fin 1991, pour trouver une solution échouera du fait de l’intransigeance du PKK. Le PDK attaque alors Azadi, arrête ses membres, interdit ses publications et supprime des chefs de tribus favorables au PKK.

Le PKK riposte par le blocus du poste frontalier de Habur en juillet 1992. Le trafic de centaines de camions par jour devient nul après que le PKK ait menacé de mort les conducteurs et brûlé quelques camions. Soumis à un embargo par le Sud depuis le printemps, le Kurdistan irakien se trouve menacé d’asphyxie.

La guerre kurdo-kurde (octobre 1992) en Irak

Exacerbé par l’embargo imposé par le PKK et soucieux de plaire aux Américains et aux Turcs en espérant en tirer un soutien pour son entité fédérale, le parlement kurde d’Erbil lance un ultimatum au PKK le 4 octobre 1992 : ce dernier doit retirer ses forces de la zone frontalière avant le 6 octobre, ou il sera délogé par la force.

Les dernières tentatives pour convaincre le PKK de quitter la région ne serviront à rien. Osman Öcalan, le frère du chef du PKK qui commande toutes les forces au Nord de l’Irak accepte les propositions de l’émissaire envoyé par les Kurdes irakiens, mais Abdullah Öcalan furieux refuse tout compromis, et ordonne à ses combattants de passer à l’action. Il pense que ses hommes feront une bouchée des peshmergas. Les combats commencent avant l’expiration de l’ultimatum le 5 octobre dans la région de Zakho à la frontière et à Hakurk, près des trois frontières.

L’armée turque ne perdra pas de temps pour intervenir. Dès le 8 octobre 1992, l’aviation turque commence à pilonner les positions du PKK. Le 16 octobre l’armée lance une opération "limitée" pour "empêcher l’infiltration des terroristes du PKK", mais les Turcs ajoutent que leurs forces ont pénétré jusqu’à 30 kilomètres à l’intérieur de l’Irak et que cette opération "n’a pas de lien avec l’opération des peshmergas". Le PKK poursuit les combats, malgré un nouvel ultimatum qui expire le 17 octobre 1992.

Constatant que ses forces sont encerclées des tous les côtés, Osman Öcalan, malgré l’opposition de son frère, accepte les décisions du Parlement d’Erbil et négocie les conditions de reddition le 25 octobre 1992. En effet, à Hakurk les guérilleros étaient complètement encerclés, à Batufa et Haftanin la situation n’était guère différente et la nouvelle offensive de l’armée turque du 22 octobre rendait plus difficile encore la situation.

Le cessez-le-feu intervient le 27 octobre 1992, après la signature de l’accord de reddition par Osman Öcalan et Fuat Masum qui prévoit le regroupement des forces du PKK dans des camps éloignés de la frontière avec la Turquie.

Le gouvernement d’Erbil refusera de rendre ses prisonniers à la Turquie et en contrepartie le PKK lèvera l’embargo le 18 novembre 1992.

La deuxième guerre du PKK contre le PDK

Abdullah Öcalan n’a jamais supporté cet échec et s’en est vengé à la première occasion. Profitant des combats entre l’UPK et le PDK, il donne l’ordre d’assaut à ses forces le 26 août 1995 contre les positions du PDK. A peu près deux mille hommes du PKK lancent des offensives ponctuelles et se retirent après quelques heures de combat.

Une autre raison à cette offensive que le PKK a appelée le "deuxième 15 août" (en référence au déclenchement de la lutte armée contre la Turquie) est les négociations de Dublin sur la situation du Kurdistan d’Irak dont le PKK, la Syrie et l’Iran ont été écartés. Même si le PKK a crié au complot américain, il est probable que les Syriens aient demandé la contrepartie de plusieurs années de bons et loyaux services et de leur protection.

En décembre 1995, les deux organisations parviendront à un cessez-le-feu et le "deuxième 15 août", pourtant proclamé avec pompe fut oublié...

Le fonctionnement du PKK

La structure

A l’origine, l’organisation du parti (comité central, bureau politique, secrétaire général) est calquée sur celle des autres partis turcs de gauche. Mais, au fur et à mesure que l’organisation se développe, la structure se complique.

Les informations ci-après sur la structure du parti sont les dispositions théoriques prévues par les documents écrits de l’organisation.

Aujourd’hui (ndlr : en 1999. Depuis, si les appellations ont changée pour des besoins juridiques et de représentativité, le principe reste d’actualité), l’organisation comprend un corps politique principal qui est le parti lui-même : l’ERNK (Front de Libération Nationale du Kurdistan) créée le 21 mars 1985 et l’ARGK (l’Armée de Libération Nationale du Kurdistan) créée en 1986 et qui a succédé aux HRK (Unités de Libération du Kurdistan) sont le corps exécutif du mouvement.

La structure centrale du Parti

La structure centrale du parti comprend : le Président, Abdullah Öcalan, le Conseil de Présidence de 7 membres, le Comité Central de 50 membres et le Conseil Disciplinaire Central.

La plus haute instance officielle de décision du parti est le Congrès qui se réunit ordinairement tous les quatre ans. Il peut cependant être réuni de façon extraordinaire : au cas où le Président le demande ou quand les 2/3 des membres du Comité Central votent sa réunion. Des délégués de toutes les organisations du parti sont présents. Leur nombre dépend de l’importance de celles-ci au sein de la structure. Les membres des organes centraux du parti sont délégués de plein droit.

Le Congrès a théoriquement le pouvoir de modifier le programme et les statuts et de décider de la politique du parti pour les quatre années à venir. Les décisions sont prises à la majorité des 2/3.

Lorsqu’il faut prendre des décisions d’orientation générale et qu’il est impossible de réunir le Congrès, le Président peut convoquer la Conférence du parti, instance qui n’a à priori pas le pouvoir de changer le programme et les statuts.

Entre deux Congrès, c’est le Président qui, avec la participation du Conseil de Présidence, dirige les activités courantes de l’organisation et prend les décisions ponctuelles. Il est responsable de l’exécution du programme et des objectifs fixés par le Congrès. Il y a un partage des tâches entre les membres du Conseil de Présidence.

Le Comité Central est théoriquement chargé de contrôler l’activité du Conseil de Présidence au même titre que le Président. Les membres du Conseil de Présidence sont élus pour 4 ans par le Comité Central parmi ses membres. C’est la plus haute instance tactique qui se réunit tous les ans, mais le Président peut convoquer des réunions d’urgence. La demande de 2/3 des membres peut de même provoquer sa réunion. Les décisions de cette instance sont prises à la majorité absolue.

Le Conseil disciplinaire central est chargé de veiller à la bonne application des décisions et à la discipline de l’organisation. Il travaille sous la direction du Président du Parti et doit informer le Comité Central de ses conclusions. Cette instance n’a pas un pouvoir législatif et ne peut que recommander des sanctions telles que la suspension ou l’expulsion définitive ou temporaire des membres. Les décisions du Comité Central sont soumises à l’approbation du Président.

La structure provinciale du parti est à l’image de la structure centrale. Le Congrès provincial se réunit tous les 2 ans à une date fixée soit par le Président du Parti, soit par le Comité Central. Les décisions de ces instances sont soumises à l’approbation du Comité Central et du Président qui ont le pouvoir de les invalider. Les comités provinciaux dépendent du Comité Central et se réunissent tous les quatre mois. Les comités locaux dépendent des comités régionaux. Des Conseils disciplinaires existent au niveau provincial et travaillent en relation avec le Conseil disciplinaire central.

La structure d’ensemble

Les organisations dépendent d’une structure hiérarchisée pyramidale semblable a celle du parti. Toutes travaillent en coordination et à tous les niveaux hiérarchiques avec les régions et les provinces.

Les combattants de l’ARGK ne portent pas de galons mais des uniformes facilement identifiables. Ils travaillent selon l’ordre de formation de l’ancien bloc de l’Est 3-3, constituant des unités allant de la section au régiment. La plus haute instance de l’ARGK est son Conseil Militaire Central. Les unités de l’ARGK fonctionnent avec une discipline très stricte réglée par une dizaine de manuels. En principe, l’age minimum pour s’engager dans l’ARGK est fixé à 16 ans mais des enfants plus jeunes se trouvent à peu près dans toutes les unités.

L’ERNK regroupe l’ensemble des organisations légales et semi légales telles que les associations de jeunes, de travailleurs, de femmes, de religieux, de paysans, d’intellectuels et d’étudiants. Elle est hiérarchisée de la même façon que le parti. Toutes les organisations de l’ERNK ont une structure propre, ceci toujours en théorie. En fait, les organes du parti et de l’ERNK sont confondus en Europe. Les organisations civiles de masse au sein du PKK n’existent très souvent que sur le papier ou n’ont aucune activité propre spécifique. Tout est organisé et dirigé par les comités "clandestins" de l’ERNK.

Les tâches de cette dernière ont été fixées en 1989 : transférer des recrues au Kurdistan pour servir dans les rangs de l’ARGK, développer des relations avec d’autres mouvements révolutionnaires, fournir des efforts de propagande au niveau international, collecter de l’argent et des informations pour le PKK, organiser la population pour la révolte et la guerre totale.

En réalité, la séparation entre les membres du PKK, de l’ARGK et de l’ERNK est théorique. En pratique tout est confondu. Il n’y a aucune preuve de l’appartenance d’une personne a une de ces organisations. Le parti ne délivre pas de cartes de membre et ne tient pas de liste de ses membres. Donc tout le monde est membre et personne ne l’est. C’est pourquoi il est relativement facile au parti de prendre de la distance vis a vis d’une personne lorsque celle-ci est a l’origine d’un dérapage ou même lorsqu’elle est arrêtée en flagrant délit lors de l’exécution d’une mission.

Le recrutement des militants

Du fait de l’oppression des Kurdes et du sous-développement dans lequel ils se trouvaient, la plupart des cadres ont jugé qu’il serait plus facile de trouver une base populaire au Kurdistan, d’autant que malgré 30 ans d’assimilation les Kurdes revenaient sur le devant de la scène, ce qui était signe d’une forte identité et d’une certaine volonté de lutter.

Lassés par les discussions idéologiques stériles, les fondateurs du PKK décidèrent de s’implanter dans les couches sociales les plus défavorisées, notamment les paysans. En effet, il suffisait d’évoquer la résistance de leurs pères et grands-pères qu’ils avaient encore tous à l’esprit. La peur de l’Etat était dans tous les coeurs, mais les actions que le PKK lancera avec succès contre l’extrême droite, contre les propriétaires terriens et contre la police leur donneront confiance rapidement.

Cependant, le coup d’Etat militaire de 1980 a semé de nouveau la peur parmi la population et il devint plus difficile de recruter des militants d’un certain niveau.

Le PKK décida alors de changer de politique de recrutement après le début de la lutte armée en 1984, et d’accorder la priorité au recrutement de jeunes.

Encore aujourd’hui, la grande majorité des recrues du PKK a entre 15 et 20 ans

L’arrestation d’Ocalan en 1999 et après...

En 1999, suite à un accord entre la Syrie et la Turquie, le PKK et surtout Ocalan sont priés de quitter la Syrie. Ocalan, ayant évolué sur des positions pouvant concilier Turcs et Kurdes, entamera une longue errance entre diverses capitales dont plusieurs européennes. Soumis à d’énormes pressions américaines (et turques et israéliennes dans une moindre mesure), les gouvernements européens ne feront rien pour accorder un statut quelconque au leader kurde. Ocalan est finalement arrêté alors qu’il quitte l’ambassade de Grèce au Kénya. Ramené en Turquie, il est depuis enfermé dans une île prison et s’est vu condamné à mort ; peine commuée depuis en prison à vie.

Une période de flottement a suivie l’arrestation d’Ocalan. Un certains nombres de ses déclarations ayant été vraisemblablement manipulées par les autorités turques.

Changeant plusieurs fois de noms (en 2001 il devient le KADEK ou Congrés du Kurdistan Libre et Démocratique) et d’objectifs, le PKK n’en restait pas moins l’espoir des Kurdes de Turquie dont la situation n’avait que peut évoluée.

Désormais renommé Kongra Gele Kurdistan (Congrés du Peuple du Kurdistan), sa branche armée prend elle le nom de Hezen Parastina Gel (Forces de Défense du Peuple). Son idéologie passe par la doctrine du Confédéralisme Démocratique du Kurdistan (Koma Komalen Kurdistan) adoptée au printemps 2005. Le nouveau drapeau représente un soleil rouge frappé d’une étoile rouge le tout sur fond vert.

« L’amnistie » (« loi de réintégration sociale) proclamée sur l’impulsion des États-Unis par le parlement au début du mois d’août 2003 à l’égard des maquisards qui se rendraient et accepteraient de « collaborer » s’est avérée être un « échec complet » : plusieurs milliers de « repentants » étaient attendus, seuls 140 s’étaient rendus lors de la levée de l’amnistie en février 2004.

Le reste des forces du PKK se sont à partir de 1999 repliées en Irak au nord de la ville de Soulemaniye tenue par l’UPK, dans les montagnes du Kandil qui forment la frontière avec l’Iran. Ces bases restent sous la menace d’une intervention américaine que demande sans cesse les autorités turques.

La direction sur le terrain est assurée par Murat Karayilan.

L’année 2005 a vu une spectaculaire augmentation du nombre des accrochages entre armée turque et HPG. Ces dernières s’infiltrent par petits groupes très mobiles, tendent des embuscades avec des mines télécommandées et le Kongra Gel mobilise à nouveau les masses kurdes lors de manifestations monstres. Des accrochages ont également lieu avec l’armée iranienne (été 2005) et de nombreux combattants kurdes viennent désormais aussi bien de Turquie que d’Iran, Syrie, Irak de la diaspora.


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