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Histoire des Brigades Rouges

Histoire des brigades rouges

Le fond

Le prolétariat italien avait organisé une résistance partisane de grande ampleur lors de la Seconde Guerre Mondiale, ancrée dans les masses, possédant une tradition très forte et très riche. Le P.C.I., parti communiste d’Italie, avait pris un caractère de masse, et les prolétaires étaient organisés solidement. Il n’y eut pourtant pas de révolution dans les années 50. Le P.C.I. suivra en effet Staline et les accords de Yalta, qui partageaient le monde. Ce qui comptait c’était, comme en France, la reconstruction du pays, de l’Etat bourgeois. Ainsi, alors que les " brigate d’assalto " et les travailleurs occupaient les usines et que les patrons s’enfuyaient en Suisse, les dirigeants communistes enjoignirent ceux-ci à revenir et " à prendre leurs responsabilités ". Le prolétariat combatif ne se laissera pourtant pas abattre par le réformisme du P.C.I.. La rupture sino-soviétique amène beaucoup de militants à s’organiser sur des bases révolutionnaires, maoïstes. A cela s’ajoute l’activité d’intellectuels qui, menant des " enquêtes prolétaires ", redéfinissent la classe ouvrière et prônent le sabotage, l’absentéisme, les grèves dures, ceci dans le but de provoquer la crise du système capitaliste, qui ne tombera pas de lui-même. La nuova sinistra, la nouvelle gauche, est formée.

La naissance du CPM

Le 8 septembre 1969 se forme dans cette mouvance de la " nouvelle gauche " un nouveau groupe, le Collettivo Politico Metropolitano (CPM). Issu de groupes ouvriers de grosses entreprises (Sit-Siemens, IBM, Pirelli...), le CPM entend amener de nouveaux fondements pour la lutte révolutionnaire. Dans un texte de décembre 69, intitulé " Lutte sociale et organisation dans la métropole ", le CPM prône l’autonomie ouvrière, c’est-à-dire " le mouvement de libération du prolétariat de l’hégémonie globale de la bourgeoisie ", la rupture totale avec les institutions. Le CPM ne prône pas la fédération de groupes de base, " d’associations spontanées, sporadiques et apolitiques ", mais la construction d’une organisation révolutionnaire, avec des structures illégales selon le principe léniniste, et visant le renversement de l’Etat. La propagande du CPM diffère donc des groupes prônant l’organisation de groupes armés pour l’éventualité d’un coup d’Etat, comme les Groupes armés partisans de l’éditeur Feltrinelli, qui se veulent issus de la résistance des années de guerre (Les Groupes d’Action Partisane de Feltrinelli agissent sur le principe d’une résistance de type tiers-mondiste (en treillis dans les montagnes) proposant une phase préventive (contre la radicalisation en cours de l’Etat) puis de confrontation directe (avec les forces armées) ; Feltrinelli trouvera la mort en dynamitant des pylônes électriques le 15 mars 1972). Il s’agit ici de mener une guerre populaire, de classe. En juillet 70, le CPM prend le nom de sa revue, Sinistra Proletaria, (Gauche Prolétarienne). Le 17 septembre 1970 les brigades rouges apparaissent en revendiquant l’incendie d’une voiture d’un manager de Siemens - c’est le CPM qui en est à l’origine. En avril 71 la revue change de nom et devient " Nuova Resistenza " (Nouvelle Résistance) avec comme symbole un marteau et une faucille entrecroisé d’un fusil.

1970/1973 : la naissance des BR

Les BR sont donc nées de l’activité théorico-pratique du CPM, et ne forment au départ qu’un petit groupe, avec lequel les membres des plus grandes organisations sympathisent. Le groupe Lotta continua, l’une des plus grandes organisations de l’époque, ira jusqu’à proposer aux br de devenir son bras armé. Mais les br ont d’autres conceptions. Elles mènent ainsi de 1970 à 1973 ce qu’elles appellent la propagande armée. Se concentrant sur les grandes usines, notamment à Milan et Turin (Fiat), les BR distribuent des listes d’indics et de chefs qui doivent être " frappés de la vengeance prolétaire " en raison de leurs liens avec les patrons. Ce fut en 1970 le début d’une série d’actions systématiques consistant en ce que les prolétaires faisaient eux-mêmes de temps en temps : bastonnade des capi (contremaîtres), sabotages, etc. En automne 70 les BR menèrent des actions contre les fascistes et les provocateurs dans les usines, contre les cadences et pour la remise en cause du lien entre hausse de la productivité et hausse des salaires. Après avoir incendié la voiture du chef de la sécurité de Pirelli (27.11.70) et du chef du personnel (8.12.70), elles incendient huit poids lourds de chez Pirelli, afin de " présenter la facture " aux patrons pour les licenciements. Dans leur sixième communiqué les BR affirment que les patrons sont allés trop loin pour qu’un compromis soit encore possible. Des techniques de sabotage furent diffusées, montrant par là que les BR avaient des gens sur place. En septembre 71 sortit le premier texte programmatique, sous la forme d’une auto-interview (de la même manière donc que les Tupamaros uruguayens, coutumiers du fait). Les BR y expliquent qu’il est nécessaire de choisir la stratégie de la lutte armée pour le communisme, critiquent les politiques " défensives ", et affirment ne pas être un " bras armé " mais un " point de rencontre " des révolutionnaires. Les actions continuent alors jusqu’à l’enlèvement le 3 mars 72 d’Idalgo Macchiarini, top manager de chez Siemens et responsable de l’organisation du travail. Les BR le gardent 20 mn pour un procès symbolique puis le libèrent (sous conditions !). Dans un tract les BR le traitent de " fasciste en chemise blanche ". C’est le début des slogans à la BR : " Frapper et s’enfuir [Che Guevara] ! Rien ne restera impuni ! En frapper un pour en éduquer cent ! ". Cette action fut populaire dans l’extrême-gauche, un peu de la même manière que les actions " violentes non armées " de la Gauche Prolétarienne en France. Ce genre d’action est directement anti-autoritaire, aisément compréhensible par tout travailleur, ne nécessite pas de connaissance idéologique au préalable. Néanmoins la gauche officielle et les patrons attaquent les BR dès le départ, et les diffamations sont nombreuses. De faux attentats " BR " sont effectués, et la répression fut grande. Cela, et les affrontements entre manifestants et la police à Milan lors de la manif du 9 mars 1972, poussent les BR à passer dans la clandestinité totale. " Ce fut l’offensive du pouvoir mené le deux mai contre l’organisation qui enleva tout doute au fait que la clandestinité soit une condition sine qua non à la survie d’une organisation politico-militaire opérant à l’intérieur des métropoles impérialistes ". Les BR attaquèrent alors des banques et organisèrent de nouvelles colonnes. Le 26.11 et le 17.12.1972 les BR incendient les voitures des responsables de la sécurité et de la surveillance de chez FIAT à Turin. Le 11 janvier 1973 elles pillent un bureau du syndicat fasciste la CISNAL à Turin également, et le 15 janvier 1973 à Milan le bureau d’une union d’entreprises liée à la démocratie-chrétienne. L’hiver fut rude : affrontements très violents de manifestants contre la police à l’occasion d’une réunion du parti fasciste le MSI, et licenciements massifs à la FIAT de Turin où presque 200 000 travailleurs se sont mis en grève. Le 12 février 1973 les BR enlèvent alors Bruno Labate, secrétaire de la CISNAL de Turin, et l’enchaîne dans l’usine avec un panneau rempli de slogans, ceci après l’avoir interrogé pendant quatre heures. Pas un seul ouvrier rentrant dans l’usine ne le libérera. En mars 1973, à la FIAT de Mirafiori, l’usine fut occupée et défendue une semaine par les travailleurs contre la police et les fascistes. C’est ce qu’on a appelé le " parti de Mirafiori ", le mouvement offensif et spontané des travailleurs. Même si avec les accords passés par les syndicats la tension retomba. Les BR répondirent à cette dépendance ouvrière par un papier théorique, à nouveau sous la forme d’un auto-interview.

1973/1974 : les BR se multiplient

Pour les BR les prolétaires veulent mettre à bas la bourgeoisie, mais ne savent pas comment. Il s’agit de résoudre cette contradiction par trois lignes d’offensive : " guerre au fascisme ; résistance dans les usines ; résistance contre la militarisation du régime ". De son côté le système met en avant la " Repubblica conciliare ", la République de la conciliation. Les BR tentent dans cette période de toucher la base du P.C.I. qui, si elle est sincère, " comprendra certainement quel choix il faudra faire " pour la prise du pouvoir. La direction du P.C.I., qui développe le compromis historique, est par contre considérée comme ennemie. De la même manière, les BR considèrent l’URSS comme un social-impérialisme. En 73/74 le groupe d’extrême-gauche " Lotta Continua ", sorte de gauche prolétarienne de masse, disparaît peu à peu. Potere Operaio, mouvement fondateur du principe d’autonomie de la classe ouvrière, se dissout. Les NAP, Noyaux Armés Prolétariens, se forment dans les prisons, et mènent des actions conjointement avec les BR (les Noyaux Armés Prolétariens avancent de manière totalement spontanéistes en utilisant une violence tout azimut sans ligne politique définie. Leur base est constituée du sous-prolétariat (détenus, chômeurs, marginaux...)). Le 28 juin 73 Michele Mincuzzi, ingénieur de chez Alfa Roméo, est enlevé, interrogé puis libéré. Ici ce sont encore les cadences qui sont attaquées. Le 10.12.73 c’est le chef du personnel de FIAT qui est enlevé. La convergence patronat/syndicat/PCI est ici attaquée de plein fouet. Les BR le gardent huit jours et émettent des revendications très précises (réintégrations des licenciés, dévoilement des indics, informations dans la presse quant à l’action, etc.). Le futur maire de Turin parle alors des BR comme de " personnes cliniquement malades et droguées ", l’Avanti parle de " néo-fascistes " et les trotskystes, toujours à la pointe de l’anti-communisme, affirmant qu’il s’agit d’un " complot des services secrets ". Après cette phase caractérisée par la propagande armée, considérée par les BR comme un " début ", la lutte sur le terrain de l’usine cède la place à l’attaque contre l’Etat. L’attaque au coeur de l’Etat doit être au niveau de l’antagonisme prolétaire. De fait, début 74, les BR se sont élargies aux villes industrielles. Les groupes les plus forts sont : - la colonne milanaise, avec ses trois brigades (Sit siemens, Alfa Roméo, Pirelli), - la colonne Vénétie, avec des brigades à Padoue et Porto Maghera, - la colonne turinoise chez FIAT dans les sections Meccanica, rivalta, presse et lingotto, - la colonne de Gênes, avec au moins une brigade.

Les BR sont composées d’ouvriers. La prose BR est entièrement prolétaire, avec une vision du monde très communiste années 50, même si à la fin des années 70 les analyses vont s’affiner et être extrêmement modernes. Les BR ont en ce début de la phase d’attaque au coeur de l’Etat monté de fortes structures, grâce aux nombreux sympathisants.

Le 18 avril 74, le jour où Agnelli est nommé patron des patrons, les BR enlèvent à Gênes le procureur Mario Sosssi, et rend public le document intitulé " Contre le néo-gaullisme, mener l’attaque au coeur de l’Etat ! ", où les restructurations étatiques sont considérées comme la cible n°1. La résistance doit selon les BR passer à un niveau stratégique. Sossi est libéré en l’échange de la promesse de libération de prisonniers, libération qui n’est pas faite, au lieu de cela la police écrase par les armes les révoltes dans les prisons (six morts). Le 28 mai 74 les fascistes font un attentat à une réunion syndicale. Les BR réagissent en attaquant le 17 juin 74 un bureau du MSI. Il y aura deux morts, sans que les BR l’aient initialement voulu. Cet " incidente sul lavoro " (" accident lors du travail effectué ") ne pose pas vraiment de problèmes de conscience, même s’il ne s’agissait pas de dirigeants. Le 14 octobre 74 la police procède à des arrestations grâce à un infiltré (permis par sa " publicité " dans la presse qui l’a fait passé pour un militant internationaliste). Jusqu’en février 75 les BR ne mènent plus que de petites actions, à cause de la répression.

1975/1978 : la maturation des BR

Le 18 février 75 les BR lancent un commando, mené par Mara Cagol, membre du noyau historique des BR, contre la prison de Casale Monferrato. Renate Curcio, autre membre historique, est notamment libéré. Suit une " résolution stratégique ", qui définit l’Etat comme " Etat impérialiste des multinationales ", et qui montre le rôle central de la DC (démocratie-chrétienne). La gauche est comprise comme " gauche du capital ", le système est considéré comme un nouveau fascisme, propre à la période impérialiste. Pour les BR le mouvement autonome, qui se développe parallèlement, est insuffisant car seulement légal ou semi-légal. Il est temps selon elles de rompre les liens entre la classe ouvrière et les organisations institutionnelles, d’attaquer la DC comme centre de la réaction, de frapper l’Etat dans ses points faibles. L’Etat réagit vivement. Les perquisitions sont facilitées par de nouvelles lois et les policiers obtiennent le droit de tuer quasi légalement " dans l’exercice de leurs fonctions ". Ce qui amena un nombre considérable de tués chez les jeunes " voleurs ", ou encore des " passants " à proximité des manifs. Le 15 mai 75, à Mestre près de Venise, les BR pillent le bureau de la DC ; à Turin elles mettent le feu à plusieurs voitures de syndicalistes de la CISNAL ; à Milan elles attaquent un bureau de l’iniziativa democratica (organisation de l’aile droite de la DC), où un responsable de ce groupe est jambisé. Les BR préviennent : elles liquideront la DC et vont " alzare la tiro " (" serrer la vis ") contre la DC " moteur de la contre-révolution ". En juin 75 c’est l’enlèvement de l’industriel Vittorio Gancia ; les policiers découvrent la cache et interviennent, liquidant à bout portant Mara Cagol. De mai à septembre de nombreuses arrestations ont lieu, dont l’ensemble du noyau historique. En juillet Anna Maria Mantini des NAP se fait exécuter. Le 17 octobre 75 les BR jambisent Luigi Salera, médecin chez FIAT participant aux licenciements, puis enlèvent des dirigeants de Singer le 21 ainsi que le chef du personnel de Ansaldo Meccanico à Gênes le 22. Les BR attaquent également des banques : le 14 juillet 75 la Banca populare de Lonigo, le 8 octobre la filiale de la Cassa di Risparmio à Gênes. Le 14 avril 76 un dirigeant de FIAT Mirafiori est jambisé, le 28 avril un bureau patronal est pillé à Gênes. Le 8 juin 76, les BR exécutent Francesco Coco, qui dirige le premier procès contre les BR ainsi que la répression dans les prisons. Cette exécution est considéré comme " un saut dans la guerre de classe ". Les BR attaquent au coeur de l’Etat. En décembre 76 le brigadiste Walter Alasia est tué à bout portant. Le 12 janvier 77 les BR enlèvent l’industriel Pietro Costa, qui est libéré au bout de 81 jours. Le 18 le directeur du personnel de FIAT Turin est jambisé. Le 12 mars, à la suite d’affrontements de manifestants avec la police, un bâtiment de la DC est attaqué à Rome. En avril les BR incendient les voitures de politiciens de la DC et jambisent un chef de FIAT Turin. Le 28 avril 77 le président de la chambre des procureurs Croce est exécuté. Le 1er juin 77 le vice-directeur du journal de Gênes " il secolo XIX " est jambisé, le lendemain c’est au tour du fondateur d’il Giornale à Milan, Indro Montanelli, et enfin le 3 juin à Rome d’Emilio Rossi directeur de la rédaction des informations de la RAI. Il y aura jusqu’en juillet 7 autres jambisations, puis 5 en automne. Le 16 novembre à Turin les br exécutent Carlo Casalegno, vice-président de la Stampa (qui fait partie de la presse contrôlée par Agnelli). Début 78 d’autres jambisations sont menées, contre le chef de section de la FIAT de Turin, contre un responsable de la compagnie des téléphones à Rome, contre un responsable de Siemens à Milan, contre un fonctionnaire de la DC à Gênes. Le 16 février 78 un membre de la cour de cassation est exécuté par les BR. Le 10 mars c’est un officier des carabinieri qui est tué. Le 16 Aldo Moro est enlevé, un dirigeant de prison et un dirigeant policier sont exécutés le même jour. Le 9 mai le cadavre d’Aldo Moro est retrouvé dans une voiture à mi-chemin des bâtiments centraux de la DC et du PCI. Il y a en 1978 au moins 638 actions armées révolutionnaires, dont 106 menées par les BR. Les autres groupes se comptent par centaines : Prolétaires Armés pour le Communisme, Noyaux Armés Prolétariens, Action Révolutionnaire, Première Ligne (le groupe Prima Linea, bien que léniniste, se veut être l’avant-garde combattante, noyau d’une armée de libération et non d’un parti à venir. Il dérivera vers l’autonomie), etc.

1979/80 : l’attaque au coeur de l’Etat

" L’attaque au coeur de l’Etat " a mené les BR à un niveau de lutte difficile, mais leur a ouvert de nouveaux espaces. Si de 1972 à 1977/78 les BR n’étaient qu’un groupe au sein d’un large mouvement social, l’écroulement du mouvement autonome en 1977 faute de débouchés politiques pour les larges masses et l’ampleur de la répression contre toute la sphère légale fait que les BR deviennent centrales dans la lutte pour le communisme. Les prisonniers brigadistes peuvent ainsi dire en 1980 que " la situation politique présente se trouve entre deux phases : nous ne sommes plus dans la phase de propagande armée, et pas encore dans celle de la guerre civile ". C’est l’époque des développements théoriques de " L’ape e il comunista " (" L’abeille et le communiste ") pavé théorique rassemblant les thèses de l’économie politique brigadiste. Il s’agit désormais selon les BR d’effectuer la tâche de " destruction des forces politico-militaires de l’ennemi et de la conquête du pouvoir ". Les BR catalysent à ce moment là l’essentiel de la guérilla. Les autres groupes ont échoué par incapacité théorique et technique. Ainsi les militants de Prima Linea se font exécuter en plein jour par les forces de répression à cause de leur statut de semi-légalité. Rien qu’en 1978 les BR mènent 25 exécutions. L’Etat joue alors intelligemment avec les " pentiti ", les repentis, qui voient leur peine minimisée s’ils parlent. Patrizio Peci est le plus connu d’entre eux et responsable de nombreuses arrestations. L’Etat n’hésite pas à payer des opérations de chirurgie esthétique et à dépenser beaucoup d’argent pour défendre sa bourgeoisie des BR. A partir de mars 1979 les BR appellent " à isoler les Berlingueristes [Berlinguer est le secrétaire du PCI] de la classe ouvrière, à les exclure, à les traiter comme les pires ennemis du prolétariat ". De fait, le 24 janvier 79 les BR avaient exécuté un syndicaliste membre du PCI pour avoir dénoncé à la police un " messager " des BR. Le PCI assume très bien son statut de contre-révolutionnaire et appelle à la défense de la république contre le " terrorisme ". Plus tard, une brigatista, Raffaelle Fiore, est arrêtée le 19 mars 79. Les BR lancent ensuite une campagne contre la DC à l’occasion des élections parlementaires italiennes et européennes. Le 29 mars 79 un commando de la colonne romaine exécute un fonctionnaire de la DC et un haut représentant de FIAT. Un policier est tué par la suite. Le 3 mai 79 un commando de 15 brigatisti pille à 10 heures du matin un siège de la DC, affrontant au passage quelques carabinieri. L’Etat italien trouve alors une réponse géniale pour casser la résonance des BR. A savoir : arrêter le théoricien de l’autonomie, Toni Negri, chantre de l’autonomie et critique vis à vis des BR, pour l’accuser d’être le chef des BR ! Pour une fraction de l’autonomie, minoritaire fin 70 mais majoritaire au cours des années 80 (les autres sont morts ou en prison...), les brigadistes ne sont pas des " camarades se trompant tactiquement, mais des prolétaires se trompant stratégiquement ". Les heurts entre ces autonomes anti-guérilla (et critiquant ainsi plus que non solidairement les autonomes pro-guérilla) et les BR se feront nombreux au fur et à mesure, et encore plus lorsque la répression tombe sur les anti-guérilla (à cause soi-disant des pro-guérilla) ? L’arrestation le 7 avril 1979 de Toni Negri et de 21 personnes de l’autonomia provoque donc plus que des remous entre partisans de la prise du pouvoir à la Lénine et défenseurs du " travailleur social " et des marginaux comme nouveaux sujets révolutionnaires. La revue autonome " Rosso " explique les différences entre autonomes [anti-guérilla] et les BR : " les autonomes sont pour le parti de Mirafiori, les BR pour l’attaque au c ?ur de l’Etat ". En 1978 la rupture est consommée. Après les élections, Prospero Gallinari est arrêté après une fusillade le 24 septembre 1979. Les BR sont quasiment les seules à mener des actions armées fin 1979 ; seule existe encore la guerriglia diffusa, la guérilla diffuse des autonomes pro-guérilla mais non-organisés. 5 policiers sont tués ainsi que trois surveillants de prison. Les restes de Prima Linea, " la " guérilla autonome, mènent une de leurs dernières actions avant de rejoindre les BR : un gruppi di fuoco occupe une école de gestion, rassemble toutes les personnes dans une salle, choisit les cinq plus vieux professeurs et les cinq plus vieux étudiants, les font se mettre à genoux et tirent dans les jambes ! Début 1980, 5 brigadistes sont exécutés par les unités spéciales. Le 12 février 80 le vice-président de la plus grande association de la justice italienne est exécuté à Rome par les BR. Le 16 mars 80 c’est au tour du procureur en chef de Salerno. Le 18 de Minervini, membre de la cour de cassation et fonctionnaire du ministère de la justice. Le 19 c’est Prima Linea qui exécute le juge Galli, expert de la contre-guérilla. Le 28 mars 80 à Gênes la police exécute les brigadistes Lorenzo Betassa, Piero Panciarelli, Anna Maria Ludmann, Riccardo Dura. Le 1er avril 80 la colonne milanaise Walter Alasia va à une réunion électorale de la DC, choisit parmi les trente personnes présentes 7 fonctionnaires de la DC et les jambise. Après deux actions similaires à Rome la colonne Vénétie exécute à Mestre le 12 mai 80 un membre de la DIGOS (la police spéciale). Le 29 avril 80 Roberto Sandolo de Prima Linea était arrêté à cause d’un leader de PL repenti, William Vaccher, qui sera exécuté par PL. Mais Sandolo se repent aussi et le dernier commando de PL est démantelé par la police. Le 19 mai 1980 la colonne napolitaine exécute Pino Amato, conseiller municipal de la DC. A Milan se forme un nouveau groupe, la brigata XXVIII Marzo, du jour de l’exécution par la police de quatre camarades. Ce groupe revendique la jambisation le 7 mai 1980 du rédacteur de la Repubblica. Le 29 mai le groupe exécute Tobagi, reporter de la Corriere della Serra, et président de l’association lombarde des journalistes. Les membres du groupe seront arrêtés en septembre (le fameux ouvrage de Fabrizio Calvi, Camarade P38, relate ces évènements). Le 12 décembre le juge Giovanni D’Urso est enlevé, la libération de prisonniers politiques exigés. Le 28 décembre a lieu une révolte dans la prison spéciale de Trani, en soutien à l’action des BR. Le 30 la police intervient et torture les prisonniers. Le 31 les br exécutent en réponse le général carabinieri Galvagli, bras droit de Dalla Chiesa, responsable de la coordination des forces de sécurité et des prisons. Pour les BR D’Urso est condamné à mort, mais décident de laisser les prisonniers décider. Ceux-ci demandent sa libération, ce qui est fait le 15 janvier 1985, après la publication dans les journaux d’une interview des BR, du protocole du jugement fait par les BR et d’articles sur ce qui s’est passé à Trani.

1981 : Les BR sont seules

1981, c’est l’année de la solitude pour les BR après l’échec définitif de la guerriglia diffusa. Les BR s’appuient alors surtout sur : - la colonne romaine, - la colonne napolitaine, - la colonne Vénetie, - la colonne Walter Alasia de Milan. Cette dernière a exécuté en automne 1980 deux managers de chez Marelli & Falk, et pratique un " réformisme armé ". Les BR lancent alors une offensive simultanée, qui va montrer les différentes conceptions des colonnes. Le 7 avril deux policiers sont tués. Le 27 avril la colonne de Napoli exécute l’escorte du député Cirillo et enlève celui-ci. Responsable de la région Campania, Cirillo se voit exiger de nouveaux logements et le paiement d’indemnités pour le tremblement de terre en Italie du sud de novembre 1980. Le 20 mai la colonne Vénétie enlève Talierco, directeur de l’entreprise pétro-chimique de Porto Marghera. Il est considéré comme responsable des restructurations et des licenciements chez Montedison. Le 1er juin la colonne Walter Alasia enlève l’ingénieur et directeur de l’organisation du travail chez Alfa-Roméo, Sandrucci, et exige l’abandon du licenciement prévu de 500 travailleurs de chez Alfa-Roméo. Le 11 juin la colonne romaine enlève le frère de Patrizio Peci, Roberto, lui-même repenti. Le 19 juin l’avocat de Patrizio Peci est jambisé. Le bilan varie selon les colonnes. Cirillo est ainsi libéré après la reconstruction des maisons et la distribution d’allocations chômage. Le " porc Talierco " est par contre exécuté par la colonne Vénétie. Sandrucci est libéré après 51 jours après une distribution de tracts brigadistes dans l’usine, la publication de l’interrogatoire de Sandrucci et l’abandon des licenciements. Il se formera également une colonne 2 Août issue de la colonne Vénétie.

1982/1983 : scission dans les BR

Le 16 décembre 1981 se forment les BR - Partito Guerriglia del proletariato metropolitano, c’est-à-dire les BR - Parti Guérilla du prolétariat métropolitain, issus du fronte carceri (front des prisons) romain et napolitain. Leur théoricien Giovanni Senzani considère que le système a intégré la classe ouvrière et qu’il faut s’appuyer sur le proletariato extralegale, prolétariat des travaux illégaux et au noir, pour former la guérilla, seule force libératrice dans les métropoles. Le reste des BR forme les BR-PCC, c’est-à-dire les Brigate Rosse per la costruzione del Partito Comunista Combattente, les Brigades Rouges pour la construction du Parti Communiste Combattant. Le 17 décembre la colonne Vénétie enlève le chef de l’OTAN pour l’Europe méditerranéenne, le général US James Lee Dozier. Cette action est dirigée contre le " projet de guerre réalisée par l’OTAN, le plan économico- politico- militaire de la bourgeoisie impérialiste de préparation d’une troisième guerre mondiale ". La répression est organisée par l’Etat italien, la CIA, l’armée US et des experts de R.F.A.. Le 3 janvier 1982 la colonne 2 août libère quatre brigadistes de prison. A Rome Ennio di Roco et Stefane Petrella sont arrêtés et parlent sous la torture. Le 9 janvier 1982 Giovanni Senzani est arrêté ; fin janvier tout le centre de l’Italie est contrôlé et les arrestations sont légion. Le 27 janvier 1982 un brigadiste est arrêté, le 28 Dozier est libéré par des unités spéciales, les brigadistes Emanuela Frascella, Antonio Savasta, Cesare Di Leonardo, Emilia Libera et Giovanni Ciucci " arrêtés ", torturés, puis officiellement arrêtés au bout de quelques jours. Seul Leonardo ne parle pas sous la torture. Environ 1000 personnes eurent alors maille à partir avec la justice pour " participation aux activités d’un groupe terroriste ". Il n’y eut alors en 1982 que quelques actions du parti guérilla, qui n’existera d’ailleurs bientôt plus. Les BR-PCC forment le dernier groupe, expliquent la défaite par un manque d’unité interne et lancent la " retraite stratégique ", qui dure jusqu’à aujourd’hui. Le 3 mai 1983 un " noyau armé " des BR jambise Gino Giugni, professeur d’université et cadre de l’Etat (il a notamment plaidé le gel des salaire et est très proche de Craxi). Cette action forme selon les BR-PCC " le premier moment de reformation de l’initiative révolutionnaire ". Dans ce premier communiqué depuis la débâcle de 1982 la thèse du parti guérilla est vivement critiquée. Pour le parti guérilla l’antagonisme dans les rapportssociauxestspontané, suinte de lui-même, et amène des mouvements de masse toujours plus grands contre la réalité métropolitaine. Les BR-PCC refusent de " suivre " le prolétariat métropolitain, ne se veut ni " expression " de lui ni encore son " représentant ", seulement une " composante ", un " élément ". " Avant-garde dont la direction peut et doit permettre au prolétariat de se former comme classe dominante ". Après cette action, composante de la lutte contre l’Etat, les BR-PCC exécutent le 15 février 84 le général US et commandant en chef des troupes de l’O.N.U. dans le Sinaï, Ray Leamon Hunt. Hunt est " l’un de ces fonctionnaires consciencieux qui, placés dans le monde entier, organise des saloperies innombrables " au service de l’impérialisme US et au dépens des peuples luttant pour le droit à l’autodétermination et l’indépendance. Les BR-PCC proposent une ligne générale double, se voulant dialectique et interdépendante : l’attaque au coeur de l’Etat, le front anti-impérialiste. Cette ligne est contestée par une minorité des BR-PCC, qui est exclue en 84. On parlera désormais des deux positions. La première, dont les partisans gardent le nom de BR-PCC, s’orientent selon une option guérillera. L’utilisation des armes ne se décide pas selon le jour J de l’insurrection, " il s’agit d’une stratégie politico-militaire conduisant le processus révolutionnaire du début à la fin ". Le parti ne se construit pas parallèlement aux mouvements de masses, mais consiste en un " parti communiste combattant " montrant l’alternative, unifiant la classe par ses actions contre les stratégies de l’impérialisme. La seconde position au contraire privilégie le léninisme au guévarisme, et prendra le nom d’Unione dei Communisti Combattente. L’analyse des BR-PCC est pour l’UCC subjectiviste, car non lié à l’objectivité sociale. Pour l’UCC il s’agit de faire de la propagande semi-légale ; la lutte armée n’est pas une stratégie mais juste une " méthode décisive ". Il n’y a pas de " guerre populaire prolongée ", seulement une connexion tactique avec les masses à organiser, et ce dans le but de la révolution. Tout le discours sur le prolétariat métropolitain disparaît. A la guérilla des BR-PCC, l’UCC oppose la " ligne de masse ", reliée à l’utilisation tactique de la lutte armée. Ces deux lignes vont être les deux lignes majoritaires dans les groupes armés communistes en Europe. La RAF en Allemagne et Action Directe en France seront (en gros) partisans de la première ligne. Le parti communiste d’Espagne (reconstitué) et les cellules communistes combattantes de Belgique seront partisans de la seconde ligne. Le 27 mars 1985 les BR-PCC exécutent le fonctionnaire dirigeant du syndicat CISL, Tarantelli. Ce dernier avait été conseiller de la banque centrale italienne, expert économique de la CISL, bras droit de Craxi, et avait travaillé à l’attaque contre la scala mobile (indexant les salaires sur l’inflation). En été 1985 c’est donc l’apparition de l’UCC, qui rend public en octobre le " manifeste et thèses de fondation de l’Union des communistes combattants ". Les BR sont critiquées comme n’ayant pas su après 1978 construire une forte direction interne, pour ne pas être assez marxistes, pour avoir de graves manquements idéologiques et pratiques. Il s’agit pour l’UCC, suivant le marxisme-léninisme, " de se placer à la pointe du prolétariat et de mener la lutte jusqu’à la prise du pouvoir ". Le ministre de l’intérieur parlera ainsi en 1986 du " retour de l’état d’urgence ". En effet, les BR-PCC et l’UCC vont effectuer un retour en force, et ce alors que la RAF, Action Directe et les CCC belges agissent et remplissent l’actualité. Le 10 février 86 à Florence les BR-PCC exécutent Lando Conti, ancien ministre de la défense, proche du chef du parti républicain. Conti est accusé d’être " membre de la direction politico-entreprenante chargée de relier les intérêts économiques du secteur militaire aux intérêts généraux de l’impérialisme occidental ". Les BR-PCC opèrent, comme les BR des années 70, sur la relation entre crise et guerre. Le 21 février un commando de l’UCC jambise le conseiller économique de Craxi, Antonio Da Empoli. La membre du commando Wilma Monaco est tuée dans l’action. Le 14 février 1987 les BR-PCC attaquent un convoi et récoltent un milliard de lire. Le 21 février 1987 l’UCC exécute le général responsable de l’armement de l’aviation (et spécialiste de la guerre des étoiles) Licio Giorgeri. L’UCC succombe par la suite à la répression. Ne reste alors plus que les BR-PCC.

1988/94 : BR-PCC et NCC-PCC

Le 16 avril 88 le sénateur de la DC Roberto Ruffili, grand ami du nouveau chef du gouvernement De Mita nommé trois jours auparavant, est exécuté par les BR-PCC, qui attaquent le " projet de réforme néo-autoritaire des organes étatiques ". En septembre 88 c’est le document unitaire RAF/BR-PCC, qui est diffusé en mars 89 sous la forme de tract à Rome et Naples à l’occasion de l’attaque de la RAF contre Tietmeyer, responsable économique allemand. 6 bases et 20 membres des BR-PCC sont découverts et arrêtés en septembre 1988. Le 29 mars 1989 le mur extérieur de la prison spéciale de Novara est attaquée, l’action est revendiquée par téléphone par les BR. En 1991 sont diffusés des documents écrits par les prisonniers ; en 1992 apparaît un groupe reconnaissant l’activité centrale des BR-PCC et se nommant Nuclei Comunisti Combattenti per la costruzione del Partito Comunista Combattente. Ces Noyaux Communistes Combattants attaquent le 17 octobre 1992 la Cofindustria (rassemblement patronal) à Rome. Début 1993 c’est la Cofindustria d’Udine qui est attaqué à l’occasion de la visite du ministre de l’industrie par des militanti rivoluzionari per la costruzione del PCC. Le 2 septembre de la même année les BR-PCC attaquent la base américaine d’Aviano, et le 28 octobre des tracts de soutien aux membres des BR-PCC arrêtés quelques jours auparavant sont distribuées durant des manifestations ouvrières à Monfalcone, Trieste, Udine et Pordenone par des " militants révolutionnaires pour la construction du PCC ". Le 10 janvier 1994 les NCC-PCC attaquent le NATO Defense College à Rome (il s’agit d’une école de formation des cadres de l’OTAN). Dans les différents procès des militants des BR-PCC une scission est visible suite à l’action contre la base d’Aviano, une partie critiquant la vision seulement anti-impérialiste du communiqué de l’action. On notera également la publication de différents textes, notamment par la Cellule pour la constitution du PCC, défendant la construction d’une organisation de lutte armée (la CC/PCC critique les BR-PCC comme subjectiviste).

D’après l’historique paru dans la revue Front Social


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