Nous avions parlé brièvement il y assez longtemps de la situation des "4 de Cordoba" (3 italiens et 1 espagnol), accusés de nombreux braquages, de la prise d’otage du consul italien en solidarité avec les anarchistes inculpés par le juge Marini. Claudio, Michele, Giovanni et Giorgio sont repassés en procès à partir du 10 septembre. Ils furent jugés pour des faits antérieurs et postérieurs à l’homicide des deux policières pour lequel ils ont déjà été condamnés. L’avocat général a demandé 78 ans de prison pour détention illicite d’armes, falsification de papiers d’identité, attentats, vol de véhicule, agression etc. L’État espagnol a profité de l’occasion pour faire une démonstration de force et déployer ses chiens de gardes : hélicoptère, équipes de flics anti-émeute. Devant le tribunal quelques personnes s’étaient réunies pour témoigner leur solidarité, deux ont réussi à entrer dans la sale, alors que quatre autres se sont fait bloquer dehors. Ils ont été relâché après un contrôle d’identité et après s’être vu confisqué une banderole sur laquelle était écrit "ni les juges ni les condamnations n’arrêterons la révolte." De plus, leur visage a été filmé à la caméra numérique (une pratique europolicière très en vogue actuellement) et après 40 minutes, ils ont été forcés de quitter la zone sous peine d’être arrêtés.
Le lendemain s’est terminé le procès, qui portait sur le braquage d’une banque et la fuite des quatre en voiture, avec prise d’otage du vigile pour se couvrir. Les sentences devaient être prononcées plus tard. D’après l’avocat de Michele Pontolillo, l’avocat général a déformé la réalité en faisant passer la blessure du vigile pris en otage comme l’œuvre des quatre compagnons alors qu’il avait toujours été clair que c’était les flics eux-mêmes qui avaient blessé leur collègue. Ce fait avait même été enregistré dans les actes d’un précédent procès à Cordoba. Mais les 11 et 12 septembre, on a tenté par tous les moyens de mettre la faute sur le dos de Giovanni, Claudio et Giorgio, qui étaient dans la voiture en compagnie de l’otage. Le vigile avait même dénoncé la responsabilité de la police, mais depuis deux ans, le tribunal de Cordoba a fait tout son possible pour éviter que la police ne soit poursuivie. Finalement, ils ont réussi à trouver la faille : l’avocat du vigile aurait présenté son rapport au-delà des délais normaux. Ainsi, l’avocat général a présenté les compagnons comme les seuls responsables des blessures du vigile, une accusation ridicule fortement repoussée par les trois qui n’avaient même pas d’avocats, étant donné que celui en charge (commis d’office par le tribunal de Cordoba pour la "défense" de Claudio, Giovanni et Giorgio, après que trois de ses collègues aient refusé l’affaire) n’assurait qu’une présence symbolique (l’Espagne, c’est une démocratie tout de même !). L’avocat de Michele a fait un contre interrogatoire des 5 flics qui soutenaient des thèses absurdes, mais a été interrompu par le juge, qui lui a rappelé qu’il n’était pas l’avocat de Claudio, Giovanni et Giorgio et que son client n’était pas inculpé pour les blessures du gardien.
Finalement, Giorgio a lu une déclaration qui portait principalement sur l’affaire du vigile, Claudio a lu un communiqué et a ajouté qu’il réfutait l’accusation d’avoir tiré sur le vigile, Michele a lu un bref communiqué contre la globalisation et a exprimé sa solidarité avec la famille et les ami-e-s de Carlo Giuliani. Quelques jours plus tard, les sentences sont tombées : Giovanni et Giorgio ont été reconnus coupable de lésions graves sur le vigile et "d’attentat contre la police" (pour leur avoir tiré dessus), même chose pour Claudio avec en plus le vol à main armée d’une voiture. Les condamnations sont : 16 ans pour Claudio et 13 pour Giorgio et Giovanni. Michele a été condamné à 1 an et 6 mois.
Les trois premiers ont donc été condamnés à la place de la Guardia Civil pour les coups de feu sur le vigile. Celui-ci restera sur une chaise roulante toute sa vie, étant donné la gravité de ses blessures. Il n’avait cessé pourtant d’accuser la police pour ses séquelles physiques, autrement dit, il se limitait à dénoncer la pure vérité. Mais sur le banc des témoins, il a eu une soudaine amnésie, dut sûrement au gros cacher et à l’appartement qu’il a touché de la part du ministère de l’intérieur espagnol, sans doute en lui rappelant qu’on ne touche pas à la police.
Solidarité avec Giovanni, Giorgio, Claudio et Michele.