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Premier communiqué de la FAI (Janvier 2004) - En Français)



[Le 21 décembre 2003, deux engins explosifs sautent devant la maison de Romano Prodi, commissaire européen, à Bologne. Le texte ci-dessous est la traduction du tract de revendication en italien, qui contenait aussi une lettre ouverte au mouvement anarchiste et annonçait la naissance de la Fédération Anarchiste Informelle. En sont membres des groupes comme la “Cooperativa fuoco e affini (occasionalmente spettacolare)” [Coopérative artisanale feu et compagnie (occasionnellement spectaculaire)]qui a revendiqué cette attaque, la “Brigata 20 luglio” [Brigade du 20 Juillet] qui a revendiqué en 2002 une attaque contre le Viminale (Elysée italien) et la préfecture de Gênes, notamment en lien avec les émeutes de juillet 2001, sous forme d’engins explosifs, les “Cellule contro il capitale, il Carcere, i suoi Carcerieri e le sue Celle” [connue comme les cinq C : Cellules contre le capital, les prisons, ses gardiens et ses cellules] qui a frappé par le passé des objectifs italiens et espagnols à l’aide de colis piégés, “Solidarietà internazionale” [Solidarité internationale] qui a frappé en 1999 et 2000 la cathédrale (le Duomo) de Milan lors d’une messe de matons et d’autres objectifs grecs et espagnols (notamment en solidarité avec Nikos Matzotis en grèce et la lutte des prisonniers en FIES en espagne). Selon les journaux, après le 21 décembre et jusqu’au 5 janvier 2004, une série de lettres piégées non revendiquées sont parvenues au même Prodi et à diverses instances répressives et économiques européennes comme Europol, Eurojust, la BCE, ainsi qu’à des députés. La piste principale suivie serait celle des “anarchistes insurrectionnalistes” italiens. Signalons que comme d’habitude, un paquet d’abrutis -y compris dans le milieu/mouvement- parlent systématiquement en france d’action des flics ou de celle de “provocateurs”. Plusieurs journaux/collectifs anarchistes en Europe, dont des français, ont reçu par la poste le texte de revendication ci-dessous en italien. Comme il est difficile de le faire circuler par internet en france (il y a peu de listes de diffusion publiques et elles censurent beaucoup), nous l’envoyons par écrit ici, indépendamment bien sûr de ce que nous en pensons. L’original est paru sur Indymedia Italie peu de temps après l’attentat, et toujours lisible à : http://italy.indymedia.org/news/2003/12/452985.php et à été traduit en espagnol, allemand, néerlandais par le collectif international de traduction d’Indymedia. On peut les trouver dans ces langues à l’adresse : http://translations.indymedia.org/Translations/1073420344/index_html]

Premier texte, écrit à l’ordinateur :

Opération Santa Claus

Alors que se poursuit à grands pas la consolidation de l’Union Européenne qui réunit les infamies des choix politiques, économiques, militaires/répressifs des différents états, alors que se rapproche l’approbation d’une constitution européenne qui légitime la réorganisation des politiques de domination du vieux continent, nous donnons naissance à la première campagne de lutte de la Fédération Anarchiste Informelle. Nous ne pouvions nous priver du plaisir de critiquer activement le semestre de la présidence italienne de l’Union Européenne qui va s’achever, conscients qu’au-delà de la rhétorique officielle, les décisions ratifiées ces derniers mois seront porteuses de pratiques ultérieures d’exploitation et de domination. A l’intérieur de la future forteresse Europe, où les seules frontières qui seront maintenues et défendues par les armes resteront celles entre exploiteurs et exploités, nous continuerons à opposer aux accords de marché et à la militarisation du territoire, le libre accord entre tous ceux qui combattent la domination, démontrant que lutter n’est pas seulement possible, mais est aussi nécessaire. Aujourd’hui, nous avons frappé les structures de contrôle/répressions et des protagonistes de la mise en scène démocratique qui deviendront les figures et les institutions pivots du nouvel ordre européen :
- les différentes polices, flanquées dans le futur par l’armée européenne en cours de construction, en plus de leurs devoirs traditionnels de répression interne, ont la mission fondamentale de filtrer l’énorme masse de pauvres qui se pressent aux frontières de la forteresse Europe, ne laissant passer que la main d’œuvre nécessaire aux patrons et réservant aux autres un régime d’exploitation sur leur territoire d’origine.
- un système carcéral toujours plus vaste et diffus consolide son rôle principal dans la répression, constituant l’ultime rempart pour défendre le statu quo lorsque les salaires de misère et les dernières avancées de l’état social ne suffisent pas à contenir la rage des exploités.
- les bureaucrates et les politiciens soucieux d’élaborer et de promouvoir les ajustements nécessaires au système, fonctionnels à leur survie. Les actions effectuées aujourd’hui, comme celles qui suivront, utilisent des techniques, des temps et une modalité tournées de manière à exclure la possibilité de blesser des innocents. Nous continuerons à manifester notre haine irréductible contre l’état et le capital et notre amour inconditionnel pour un monde libéré de la domination de l’homme sur l’homme et de l’homme sur la nature. Nous ne sommes ni les derniers ni les seuls, nous voyons grandir partout dans les rues, de jour et de nuit, la même tension destructive/constructive pour un monde meilleur. Nous avons été à Gênes et à Thessalonique, nous étions cette nuit sur les routes d’Italie, et nous serons demain sur d’autres routes pour combattre la misère de l’existant.

Attaquer et détruire les responsables de la répression et de l’exploitation ! Attaquer et détruire les prisons, les banques, les tribunaux et les casernes ! La révolte est reproductible et contagieuse ! Guerre sociale contre l’état et le capital

Fédération anarchiste informelle

Suit un texte écrit avec un normographe :

Campagne à noël en famille Et à Pâques où nous voulons

- 2 casseroles opportunément distantes et dotées d’avertissement pour éviter des ennuis aux innocents à proximité de la tanière de Prodi et sa famille pour que le porc sache que la manoeuvre d’approche vers lui et ses semblables commence seulement. A bientôt.

- DE BLASI, JRISTOFORO S, BALENO, SOLE, DEIANA, GIULIANI, FANTAZZINI, ORTIZ vivent dans nos luttes. W la FAI W l’anarchie

Fai. Coopérative artisanale feu et compagnie (occasionnellement spectaculaire)

Suit la lettre ouverte, tapée à l’ordinateur :

Qui nous sommes Lettre ouverte au mouvement anarchiste et antiautoritaire

Pour dépasser les limites des perspectives individuelles et pour expérimenter la potentialité réelle de l’organisation informelle, dans notre cas celui d’une fédération de groupes d’action et d’individus particuliers, nous avons donné vie à la Fédération Anarchiste Informelle. Nous sommes convaincus que seule une organisation privée de centre décisionnel, chaotique et en même temps horizontale où aucun groupe ou petit chef n’impose son autorité ou son influence autoritaire, pourra satisfaire notre nécessité de liberté ici et maintenant. Nous visons à construire un instrument organisatif qui respecte en soi la vision de la société anarchiste pour laquelle nous luttons. Un instrument organisatif, et non pas un décalque qui suit les traces d’un parti armé de vieille mémoire, pas plus qu’une organisation dont le but est la recherche d’adeptes : un instrument, l’organisation informelle, à utiliser pour en tester l’efficacité, la capacité effective d’accroître la qualité et la continuité de l’agir révolutionnaire, un instrument organisatif sinon inutile et destiné à s’autodissoudre. Concilier organisation et débat théorico/pratique avec l’anonymat des groupes/individus est possible au moyen d’un dialogue diffus à travers les actions : elles circulent non seulement pour apporter leur discours destructif spécifique mais aussi pour porter d’autres messages (à travers la modalité et les moyens utilisés, l’objectif, la communication), indépendamment des dommages matériels. Tout ceci en étant conscient que ce ne sera pas une minorité, même bien armée, qui fera la révolution, mais décidés à ne pas renvoyer notre insurrection aux calendes en attendant que tous soient prêts : convaincus, aujourd’hui comme toujours, que l’action directe la plus simple parle plus que des milliers de mots. Fédération parce que nous l’entendons au sens de ramification diffuse et horizontale : fédération de groupes ou individus, femmes et hommes, librement et égalitairement unis dans la pratique d’attaque contre la domination, conscients de la valeur du soutien mutuel et de la solidarité révolutionnaire comme instrument de libération. Nous entendons la fédération comme ayant des rapports stables dans la durée, mais en même temps fluides, en constante évolution grâce à l’apport en idées et pratiques de nouveaux groupes ou individus qui décideront d’en faire partie. Nous pensons à une orga,nisation non démocratique : sans assemblée plénière, représentants, délégués ou comités, dénuée de tous ces organes qui favorisent la naissance de leaders, l’émergence de figures charismatiques et l’imposition de spécialistes de la parole. La communication se basera sur le débat horizontal et anonyme, produit par la pratique elle-même (revendication des actions) et par la diffusion de théorie au moyen des instruments d’information du mouvement. En résumé, à l’élimination de l’assemblée se substitue le débat horizontal-anonyme entre les groupes/individus qui communiquent par la pratique. La fédération est notre force, la force des groupes/individus qui se soutiennent dans l’action, à travers un pacte de soutien mutuel bien défini. Anarchiste, parce que nous voulons la destruction de l’état et du capital pour vivre dans un monde dans lequel “domine” la liberté et l’autogestion, où soit possible tout type d’expérimentation sociale qui ne comprenne pas l’exploitation de l’homme par l’homme et de l’homme sur la nature. Nous sommes radicalement hostiles à tout cancer marxiste, une sirène incantatrice qui incite à la libération des opprimés mais est en réalité une machine centralisatrice qui écrase la possibilité d’une société libérée pour remplacer une domination par une autre. Informelle. N’ayant aucun type de conception avant-gardiste et ne nous sentant pas non plus faire partie d’une minorité illuminée active, mais voulant simplement vivre aujourd’hui et immédiatement notre anarchisme, nous avons opté pour l’organisation informelle, soit l’informalité comme le seul instrument organisatif qui puisse nous préserver des mécanismes autoritaires et bureaucratisants, préservant notre indépendance comme groupes/individus et nous garantissant une certaine marge de résistance et une continuité dans la confrontation avec le pouvoir. La Fédération Anarchiste Informelle, bien que mettant en pratique la lutte armée, refuse la conception qui se base sur des organisations monolithiques, structurées de manière “classique” : bases, réguliers-irréguliers, clandestinité, colonnes, cadres dirigeants, énorme nécessité d’argent. Les structures nous paraissent facilement ébréchables par le pouvoir : il suffit du cas classique de l’infiltré ou du délateur pour faire tomber comme un château de carte l’organisation entière ou une grande partie d’elle. A l’inverse, dans une organisation informelle constituée de 1000 individus ou groupes qui ne se connaissent pas entre eux (ou plutôt, qui se reconnaissent à travers les actions menées et le pacte de soutien mutuel qui les lie), les cas fâcheux d’infiltration ou de délation restent circonscrits au groupe en question, sans s’étendre. De plus, celui qui fait partie de la Fédération Anarchiste Informelle n’en est militant avec tous les effets qu’au seul moment spécifique de l’action et de sa préparation, ce qui n’implique pas la vie et la perspective toutes entières des compagnons, permettant de ranger définitivement au grenier toute spécialisation dans la lutte armée. Une fois enracinés, le pouvoir rencontrera d’énormes difficultés pour nous détruire.

Le pacte de soutien mutuel est le moteur de la Fédération Anarchiste Informelle et est centré sur trois points clés qui deviennent engageant au cas où la position révolutionnaire anarchiste citée ci-dessus était partagée, c’est-à-dire lorsque des individus/groupes choisissent de devenir des parties de la Fédération Anarchiste Informelle. : 1. Solidarité révolutionnaire Chaque groupe d’action de la Fédération Anarchiste Informelle s’engage à donner sa propre solidarité révolutionnaire à d’éventuels compagnons arrêtés ou en fuite. La solidarité se concrétisera surtout à travers l’action armée, l’attaque contre les structures et les hommes responsables de la détention du compagnon. Qu’il ne subsiste pas l’éventualité du manque de solidarité parce qu’on verrait moins les principes sur lesquels le vivre et le sentir anarchiste se basent (Ndt : ?). Par soutien en cas de répression, nous ne parlons bien évidemment pas de celui qui a un caractère d’assistance technico-légal : la société bourgeoise offre suffisamment d’avocats, d’assistantes sociales ou de prêtres pour que les révolutionnaires puissent s’occuper d’autre chose. 2. Campagne révolutionnaire Chaque groupe (déjà existant ou plus ou moins) ou individu, une fois lancée une campagne de lutte à travers l’action et le communiqué qui suit, sera suivi par les autres groupes/individus de la Fédération Anarchiste Informelle selon leurs propres temps et modalités. Chaque groupe/individu peut lancer une campagne de lutte sur des objectifs particuliers en “promouvant” simplement le projet à travers une ou plusieurs actions, accompagnées de la signature du groupe d’action à laquelle s’ajoute un renvoi à la fédération par un sigle. Si une campagne n’est pas partagée, si cela semble nécessaire, la critique se concrétisera par des actions/communiqués qui contribueront à corriger le tir ou à la mettre en discussion. 3. Communication entre groupes/individus Les groupes d’action de la Fédération Anarchiste Informelle ne sont pas tenus à se connaître entre eux, il n’en subsiste pas la nécessité car le cas contraire risquerait de prêter le flanc à la répression, au leaderisme des individus et à la bureaucratisation. La communication entre les groupes/individus se fera essentiellement à travers les actions elles-mêmes et à travers les canaux d’information du mouvement sans qu’il y ait nécessité de connaissance réciproque.

F.A.I./Cooperativa Artigiana Fuoco e Affini (occasionalmente spettacolare) F.A.I./Brigata 20 luglio F.A.I./Cellule contro il Capitale, il Carcere, i suoi Carcerieri e le sue Celle F.A.I./Solidarietà internazionale

PS : Toute référence à la FAI -Federazione autotrasportatori italiani (Fédération des transporteurs italiens), à la FAI-Federazione Anarchica Italiana (Fédération Anarchiste Italienne) et à la FAI-Fondo Italiano per l’Ambiente (Fond italien pour l’environnement) est purement fortuite, nous nous en excusons auprès des intéressés.





Sources : http://apa.online.free.fr/article.php3?id_article=237