Anarchistes Anarchistes
  - (1996) Procès Marini
  - (1996) Quatre de Cordoba
  - (2001) Quatre de Luras
  - (2003) Opération "Black-Out"
  - (2003) Quatre de Valence
  - (2003) Six de Barcelone
  - (2004 - 2005) Opération Cervantes
  - (2004) Enquête sur les COR
  - (2004) Quatre de Aachen
  - (2005) Opération "Nottetempo"
  - (2005) Opération Fraria
  - (2006) Emeutes Forum Social Européen d’Athènes
  - (2006) Operation "Comitato Liberazione Sardegna"
  - (2006) Opération du 9 Février
  - (2006) Opération du Quatre Mai
  - Anonima Sarda Anarchici Insurrezionalista
  - Autres
  - Azione Rivoluzionaria Anticapitalista
  - Brigadas de la Cólera
  - Brigata 20 luglio
  - Cellule Armate per la Solidarietà Internazionale
  - Cellule contro il Capitale, il Carcere, i suoi Carcerieri e le sue Celle
  - Cellule Insorgenti Metropolitane
  - Cooperativa Artigiana Fuoco e Affini (occasionalmente spettacolare)
  - Federazione Anarchica Informale
  - Fuerzas Autonómas y Destructivas León Czolgosz
  - Individus
  - Justice Anti-Etat
  - Narodnaja Volja
  - Nucleo Rivoluzionario Horst Fantazzini
  - Solidarietà Internazionale

Anti-Fascistes Anti-Fascistes
  - Pedro José Veiga Luis Pedro
  - Stuart Durkin
  - Thomas Meyer-Falk
  - Tomek Wilkoszewski
  - Volkert Van Der Graaf

Anti-Guerres Anti-Guerres
  - Barbara Smedema
  - Novaya Revolutsionaya Alternativa

Anti-Impérialistes Anti-Impérialistes
  - Action Révolutionnaire Populaire
  - Armed Resistance Unit
  - Comando Amazónico Revolucionario
  - Comando Popular Revolucionario - La Patria es Primero
  - Comandos Autonomos Anticapitalistas
  - Fraction Armée Révolutionnaire Libanaise
  - Front Armé Anti-Japonais d’Asie du Sud
  - Front Révolutionnaire de Libération du Peuple (DHKC)
  - Grupos de Combatientes Populares
  - Individus
  - Lutte Populaire Révolutionnaire (ELA)
  - Lutte Révolutionnaire (LA)
  - Movimiento de Accion Popular Unitario Lautaro
  - Movimiento Revolucionario Túpac Amaru
  - Movimiento Todos por la Patria
  - Organisation Révolutionnaire du 17 Novembre (17N)
  - Revolutionary Armed Task Force
  - Revolutionären Zellen
  - Symbionese Liberation Army
  - United Freedom Front

Communistes Communistes
  - Action Directe
  - Affiche Rouge
  - Armée Rouge Japonaise
  - Brigate Rosse
  - Brigate Rosse - Partito Comunista Combattente
  - Cellule di Offensiva Rivoluzionaria
  - Comando Jaramillista Morelense 23 de Mayo
  - Comando Justiciero 28 de Junio
  - Comunisti Organizzati per la Liberazione Proletaria
  - Ejército Popular Revolucionario
  - Ejército Revolucionario Popular Insurgente
  - Ejército Villista Revolucionario del Pueblo
  - Fuerzas Armadas Revolucionarias del Pueblo
  - Grupos de Resistencia Antifascista Primero de Octubre
  - Individus
  - Ligue Marxiste-Léniniste de Propagande Armée (MLSPB)
  - May 19 Communist Organization
  - MLKP / Forces Armées des Pauvres et Opprimés (FESK)
  - Nuclei Armati per il Comunismo - Formazioni Comuniste Combattent
  - Nuclei di Iniziativa Proletaria Rivoluzionaria
  - Nuclei Proletari per il Comunismo
  - Nucleo Proletario Rivoluzionario
  - Parti Communiste des Travailleurs de Turquie / Léniniste (TKEP/L)
  - Parti Communiste Ouvrier de Turquie (TKIP)
  - Parti-Front Populaire de Libération de la Turquie/Avant-garde Révolutionnaire du Peuple (THKP-C/HDÖ)
  - Proletari Armati per il Comunismo
  - Rote Armee Fraktion
  - Tendencia Democrática Revolucionaria
  - Union des Communistes Révolutionnaires de Turquie (TIKB)
  - Unione dei Comunisti Combattenti

Environnementalistes Environnementalistes
  - Anti OGM
  - Anti-Nucléaires
  - Bio-Technologies
  - Earth Liberation Front
  - Etats-Unis
  - Lutte contre le TAV
  - Marco Camenisch
  - Solidarios con Itoitz (Espagne)

Libération animale Libération animale
  - Animal Liberation Front (ALF)
  - Campagne contre Huntingdon Life Sciences (HLS)
  - Peter Young

Libération Nationale Libération Nationale
  - Afro-Américain
  - Amérindien
  - Assam
  - Balouchte
  - Basque
  - Breton
  - Catalan
  - Chiapas
  - Corse
  - Galicien
  - Irlandais
  - Karen
  - Kurde
  - Mapuche
  - Palestinien
  - Papou
  - Porto-Ricain
  - Sarde
  - Tamoul
  - Touareg

Luttes & Prison Luttes & Prison
  - Belgique
  - Contre les FIES
  - Contre les type F (Turquie)
  - Journée Internationale du Révolutionnaire Prisonnier
  - Moulins-Yzeure (24 novembre 2003)
  - Mutinerie de Clairvaux (16 avril 2003)

Manifs & Contre-Sommet(s) Manifs & Contre-Sommet(s)
  - Manifestations anti-CPE (Mars 2006)
  - Sommet de l’Union Européenne de Laeken (14 décembre 2001)
  - Sommet du G8 à Gênes en juillet 2001
  - Sommet européen de Thessalonique (Juin 2003)

Maoistes Maoistes
  - Parti Communiste de l’Inde - Maoïste
  - Parti Communiste des Philippines
  - Parti Communiste du Népal (Maoïste)
  - Parti Communiste du Pérou
  - Parti Communiste Maoïste (MKP)
  - Purba Banglar Sarbahara Party

Répression Répression
  - Allemagne
  - Belgique
  - Espagne
  - France
  - Italie
  - Suisse

Sabotages & Actions Sabotages & Actions
Présentation de l'APAAPA ?
Publiée le 10 décembre 2003

- Rovereto


Sur les dernières arrestations à Rovereto

Le 8 novembre 2003, des anarchistes de Rovereto (une petite ville du nord de l’Italie dans la province du Trentino) ont réoccupé pour la troisième fois un hangar vide, le Bocciodromo occupato. Il s’en sont fait expulser le 14 novembre, les 9 personnes personnes présentes envoyées en prison (les 7 hommes à Bolzano, province de l’Alto Adige, les deux femmes à Vérone). Le procureur a requis jusqu’à trois ans de prison pour "vol aggravé d’énergie éelectrique" et "occupation illégale" le 17 novembre. Deux ont été acquittés, 6 condamnés à 6 mois avec sursis et un à 8 mois (parce que "récidiviste"). Miroslav Bogunovic est resté en prison une semaine supplèmentaire parce que les flics l’accusent en plus de "vol aggravé" parce qu’il aurait, la veille de l’expulsion, dérobé la disquette d’un photographe local (Fulvio Fiorini) venu photographier les lieux. Il est en attente de la fixation d’une date de procès et interdit de séjour à Rovereto. Le nouveau préfet du Trentino, Francesco Colucci (célèbre pour sa gestion du G8 à Genes où il était en fonction) fait son bonhomme de chemin : outre l’expulsion du lieu, la condamnation des 7 personnes puis la détention prolongée d’un compagnon à présent en attente de procès, 16 personnes venues faire un coucou bruyant à Bolzano aux emprisonnés ont recu une interdiction de séjour dans cette ville de deux ans, un compagnon espagnol condamné pour cette occupation a recu une interdiction de séjour à vie de toute l’Italie, et au moins quatre interdictions de séjour et transit à Rovereto (où se trouve la gare, mais aussi les centres administratifs et surtout leurs affinités) pour trois ans ont été notifiées aux anarchistes du coin qui vivent dans les petits villages des alentours et n’ont pas leur résidence administrative dans cette ville. On trouvera ci-dessous une traduction de l’italien des différents textes des compagnons anarchistes de Rovereto et Trento.

Textes de Rovereto :

1) 08 novembre 2003 : tract de réoccupation du Bocciodromo occupato 2) 15 novembre 2003 : "Les idées ne s’expulsent pas" (tract suite à l’expulsion) 3) 18 novembre 2003 : "A propos du procès des 9 compagnons de Rovereto" (tract suite au procès) 4) 19 novembre 2003 : "Temps de guerre" (tract suite aux interdictions de séjour) 5) 19 novembre 2003 : "Colucci expulse, Fiorini arrete" (tract en solidarité avec Bogu) 6) 21 novembre 2003 : "On récolte ce qu’on sème, à propos d’un photographe ’anarchiste’ " (opuscule de 8 pages A5)

******

Nous sommes revenus. Malgré les expulsions et la répression, malgré la tentative de criminalisation, nous sommes de nouveau là, au Bocciodromo.

Nous sommes revenus parce que la répression fait moins peur que l’horreur de ce monde, est moins mortelle que la pollution et le bétonnage, que les organismes génétiquement modifiés, elle fait moins peur que l’idée de ne pouvoir rien faire pour changer tout cela.

Tous les jours, au nom de l’argent et du pouvoir, des milliers de personnes sont tuées, enfermées et torturées, on déforeste et on empoisonne. Ceux qui le font, ce sont la police, l’armée, les usines, les automobiles et tous les produits de l’industrialisation, ce sont les lois qui permettent des tragédies comme celle de Lampedusa. C’est ce que nous appelons, nous, le terrorisme, celui que pratiquent les Etats et les multinationales de l’économie (il n’existe pas de différence entre eux), et ceux qui nient cela sont des crétins ou des hypocrites qui marchent dans ce monde pourri, sur la vie de merde qui enserre les autres.

L’occupation est un des modes que nous avons trouvé pour réussir à arracher un espace où nous pouvons nous confronter sur ces questions, un espace qui soit réellement libre, autogéré, où recréer la socialité et la solidarité que ce monde est en train de détruire, mais aussi où nous divertir. Un lieu où chercher collectivement des solutions aux problèmes collectifs, sans le mécanisme de la délégation, où reprendre en main nos vies, parce que nous en sommes privés depuis trop longtemps.

Le propriétaire du lieu a l’intention de le démolir et il restait inutilisé jusqu’à aujourd’hui, comme des milliers d’autres. Parmi ceux-ci, il y avait également l’ex-Peterlini que nous avons occupé l’année dernière et qui a été immédiatement expulsé parce que propriété de la province, c’est-à-dire de tous, c’est-à-dire de personne, parce que PERSONNE ne peut l’utiliser (et aussi parce que la police et les pompiers, lorsqu’ils l’ont expulsé, l’ont détruit pour éviter que quelqu’un ne l’utilise), un bel exemple de bien "public".

Comme d’habitude, le Bocciodromo sera ouvert à toute personne qui veut faire vivre ses propres idées, ses propres élans, et sera évidemment fermé à la police, aux chacals politiques et journalistiques qui participent chaque jour à construire cet état des choses.

Cherchons une voie de sortie avant qu’il ne soit trop tard.

Nous vous invitons à une assemblée publique samedi 8 novembre à 15h Au Bocciodromo occupato, via Parteli, Rovereto Pour discuter du futur du Bocciodromo (chataignes et vin chaud)

Les occupants

*****

Les idées ne s’expulsent pas

Ce matin, les neuf compagnons arretés vendredi dernier au cours de l’expulsion du Bocciodromo occupato passeront en procès au tribunal de Rovereto. L’accusation est celle d’occupation (ndlr : illégale) et de vol aggravé d’énergie électrique. Etre arreté pour un branchement abusif de lumière, c’est un bel exemple de l’air répressif qu’on peut respirer. Ces accusations sont évidemment un prétexte. Ce qui est intolérable pour tous les dirigeants, c’est que des individus prennent en main leur propre vie et reconstruisent des espaces en dehors du marché, du controle policier, des subventions et que de telles pratiques puissent devenir contagieuses. Les autorités préfèrent dévaster un lieu inutilisé depuis des années plutôt que ceux-ci vivent les idées, les passions, les luttes.

Ce qui dérangeait vraiment c’étaient les initiatives en cours au Bocciodromo sur "qui sont les vrais terroristes", c’est à dire les Etats et leurs forces armées, les multinationales et leurs laboratoires de mort. Ce qui gênait, c’était une banderole posée sur l’immeuble occupé et qui, en pleine réthorique sur les carabiniers "héros porteurs de paix" (1), disait : "on récolte ce qu’on sème. Troupes hors d’Irak, forces armées hors du monde". Assurément trop, en ces temps où les yeux sont clos et les consciences en hibernation. Mais les atrocités commises par les armées ne disparaissent pas en réprimant ce qui sonne faux. On ne peut pas arrêter les luttes.

Ceux qui voudraient réduire la question de l’occupation à un affrontement entre les anarchistes et la police se trompent : le problème des maisons vides et des espaces autogérés est le problème de tous.

Se trompent également ceux qui pensent expulser les idées et la rage en expulsant des murs.

Ne laissons pas seuls les compagnons, ne laissons pas passer la répression

Rassemblement Pour la libération immédiate des arretés Pour un monde débarrassé des forces armées Lundi 17 novembre à 9h30 devant le tribunal de Rovereto, corso Rosmini

Les occupants du Bocciodromo

1. Le 12 novembre 2003, 19 militaires italiens sont morts dans l’explosion d’une bombe en Irak, et de nombreux autres ont été blessés, provoquant de nouvelles grand’messes autour d’un consensus nationaliste pour ces "héros morts pour la patrie".

*****

A propos du procès des 9 compagnons de Rovereto

Hier, 17 novembre, s’est tenu à Rovereto le procès contre les 9 compagnons arretés vendredi après-midi dernier au cours de l’expulsion du Bocciodromo, un endroit réoccupé pour la troisième fois la semaine dernière. Dans un climat répressif général, un simple branchement abusif d’électricité a suffi comme prétexte pour arreter les compagnons. Devant un tribunal blindé (au moins 150 flics selon les journaux), à partir de dix heures du matin un rassemblement de solidarité a eu lieu, auquel ont participé une cinquantaine de compagnons et amis des arretés. La sentence est arrivée vers 18h30 : deux des arretés sont acquittés, six condamnés à 6 mois de prison, un à 8 mois, tous avec sursis ce qui fait qu’ils sont sortis de prison dans la soirée. Tous, excepté Bogu, pour lequel le juge a ordonné la prison préventive suite à une autre procédure : ce compagnon est en fait accusé de "vol aggravé" (ndlr : "rapina aggravata") sur la base d’une identification faite par un photographe qui travaille pour le journal Trentino. Les faits sont les suivants : le photographe en question, venu au Bocciodromo pour prendre des photos, a été dégagé fermement après qu’un compagnon l’ait invité plusieurs fois et inutilement à s’en aller, et après que nous ayons dit (et aussi à lui en particulier) et écrit mille fois que nous ne voulions pas de journalistes dans les pattes. Le "vol" consisterait en la soustraction d’une disquette (l’équivalent de la pellicule dans les appareils digitaux). Aujourd’hui, on finit en prison pour ca. D’autre part, le procureur avait demandé trois ans pour le "vol aggravé d’énergie électrique". Les peines finalement distribuées par le juge, en tenant compte que le procès se tenait selon la procédure de "rito abbreviato" (1) (qui prévoit la réduction automatique d’un tiers de la peine), ne sont que trop parlantes.

Une fois le procès terminé, les compagnons dehors sont partis en cortège spontané vers le centre ville, où quelques interventions au mégaphone ont eu lieu. Lors de la dispersion, la place s’est remplie de flics qui ont encerclé les manifestants. Seule la présence intriguée des gens autour nous a permis de partir sans donner de papiers d’identité.

A présent commence la bataille pour libérer Bogu, et contre la presse du régime et ses photographes. Tout ceci est d’autant plus significatif que le photographe qui a fait finir Bogu en prison, Fulvio Fiorini, faisait partie dans les années 70 du groupe local Serantini et se définit aujourd’hui encore comme anarchiste. De plus, es compagnons du groupe de l’époque avaient frappé et allégé de son appareil un photographe accouru prendre les vitrines cassées d’un supermarché, lors d’une grève générale en 1976. Pour quelques uns, les temps ont vraiment changé : à présent tous les politiciens -de droite à gauche- et l’Ordre des journalistes expriment leur solidarité au photographe, "vrai anarchiste" et "citoyen exemplaire". Quel spectacle. Nous arracherons Bogu de ce lynchage médiatique. Nous continuerons -vu que ceci a été motif réel des arrestations- à répéter que les terroristes, ce sont l’Etat et les patrons, et que les carabiniers tués en Irak n’étaient pas des héros mais bien des assassins. Nous communiquerons bientot les initiatives prévues.

Bogu est emprisonné à Bolzano. Le salut que nous avons passé dimanche aux 7 compagnons (les compagnes étaient détenues à Vérone) et à tous les prisonniers, au pied de cette prison -avec des banderoles, des cris et des pétards-, a contribué à créer à l’intérieur une ambiance de solidarité. D’ailleurs, 16 compagnons arretés suite à cette initiative ont recu après un long moment passé au commissariat, un avis d’expulsion de deux années de Bolzano pour "manifestation non autorisée" et "résistance". La solidarité est genante.

Voici le nom et l’adresse complète pour écrire à Bogu : Miroslav Bogunovic, casa circondariale, via Dante 28/A, 39100 Bolzano (Italie).

Rajoutons une mauvaise nouvelle. Un des compagnons arretés, Juan, est un espagnol qui vivait depuis un an à Rovereto. Le nouveau préfet de Trento, Colucci, déjà préfet à Genes lors du G8, a signé un décret d’expulsion contre lui, en tant que citoyen indésirable au regard des plaintes accumulées en Italie. Nous avons écrit plusieurs fois que les frontières qui séparent le résidant d’ici de l’étranger, le "régulier" du clandestin, le membre de la communauté européenne de l’extra-communautaire disparaissent et s’amenuisent en fonction des exigences des patrons et de leur police. Cette mesure, qui risque de devenir effective d’ici quinze jours en est la confirmation. Contre toutes les expulsions, on ne touche pas à Juanito !

Des compagnons de Rovereto et Trento

1. Procédure rapide qui se fait sur base essentiellement écrite.

*******************

Temps de guerre

Les conditions actuelles de vie et de travail ne peuvent etre imposées que par un usage toujours plus massif de la terreur. Terreur de rester au chomage, terreur de ne pas pouvoir payer des loyers toujours plus exhorbitants, terreur de la police, terreur de la prison. Parce qu’au fond, dernière carte et ultime déesse, la répression est toujours ce qui garantit les rapports sociaux actuels. Meme lorsqu’elle s’abat sur des individus bien précis, c’est à l’ensemble de la population qu’elle adresse son message. Ceux qui pensent n’etre pas concernés se trompent à son propos : face à l’indifférence, les patrons ont des prétentions toujours plus élevées (salaires encore plus bas, contrats encore plus précaires, controle encore plus diffus, etc.).

Un exemple en est ce qui vient d’arriver à Rovereto. Non contents d’avoir expulsé un espace occupé, d’avoir arreté 9 personnes et d’en avoir condamné sept à 6 et 8 mois de prison ; non contents de garder en prison un anarchiste accusé d’avoir éloigné un photographe de presse d’un espace autogéré ; non contents d’avoir ordonné l’expulsion à vie de toute l’Italie pour un compagnon espagnol qui vit en ville depuis un an ; non contents d’avoir donné une interdiction de séjour de deux ans à Bolzano à 16 personnes qui ont fait un salut aux prisonniers de cette ville - l’autorité et les forces de l’ordre prennent à présent des mesures typiques du Ventennio (1). Quatre anarchistes, tous résidents de communes limitrophes (comme Isera et Villa Lagarina) se sont vus notifier une interdiction de séjour de trois années à Rovereto. Nous n’expliquerons pas ce que veut dire concrètement une telle interdiction de séjour et de transit (les attaches personnelles, travail, corvées bureaucratiques, "vie sociale", prendre le train, etc.). La police sait parfaitement que de telles mesures d’ "ordre public" tombent face à des recours administratifs. Mais ils coutent des milliers d’euros et prennent des années. En fait, ils mettent au ban les indésirables qui ne baissent pas la tete. Dans leur caractère absolument discrétionnaire, ces mesures peuvent frapper quiconque, meme sans délit précis. Ceci nous rappelle que le sort de nombreux immigrés sans papiers enfermés et expulsés à vie sur seule décision policière s’étend à tous les individus dérangeants (pour ce qu’ils disent, les gens qu’ils fréquentent, etc.). Ceci nous rappelle que nous vivons tous dans un état d’exception permanente, que la "guerre de basse intensité au terrorisme" est partout parce que ses Ennemis -de l’Irak aux villages de la vallée d’ici (2)- sont partout : l’ennemi est toute personne qui fait obstacle, d’une facon ou d’une autre, au chemin radieux du capital, des forces armées, des pétroliers en Irak ou des constructeurs d’un incinérateur à Ischia Podetti.

Cette guerre a trouvé en Francesco Colucci, nouveau préfet de Trento, son porte-drapeau et son fonctionnaire. Déjà préfet de Genes au cours du G8, grand responsable des coups de matraque dans les rues, de l’irruption dans l’école Diaz, des tortures à Bolzaneto, de l’assassinat de Carlo Giuliani, il s’est posé ici pour effectuer son sale boulot. La répression contre les compagnons est sa carte de visite. Aujourd’hui c’est nous qu’il frappe, mais demain ce peut etre toute personne qui s’écarte de la propagande médiatique, sur les lieux de travail ou dans les rues. Que chacun, sur son propre mode et avec ses moyens, réagisse à ce nouveau fascisme démocratique. Ne rien dire, c’est etre complice.

Nous ne subirons pas cette déclaration de guerre en baissant la tete. Aucune interdiction de séjour n’expulsera notre rage et notre joie de lutter.

Des anarchistes de Rovereto

1. Ventennio : les années 20 et 30 du régime fasciste de Mussolini. 2. ...dont le nom est Vallagarina

*****

Colucci expulse

Fiorini fait le photographe, troquant des images contre de l’argent, Il capture les instants de quelque aventure personnelle ou de la misère de tous les jours et les vend aux chacals de l’information, toujours prets à fabriquer de nouveaux scandales. Il y a longtemps, certains l’appelaient "compagnon", en un temps où les rues se remplissaient d’une euphorie contagieuse, dans la joie et la rage de reprendre vie et de la jeter toute entière pour faire agoniser le Capital. Mais qu’est-ce qui a changé depuis ? Fiorini, assurément. L’infamie du Pouvoir et la volonté de l’abattre sont restées les memes. Mais on sait que parfois le temps lisse le poil, et quelqu’un a substitué peu à peu au reve de ces jours-là la certitude inoffensive d’un salaire assuré et d’une respectabilité bourgeoise.

Nous connaissons bien Mirco, il est avec nous depuis le jour où il a laissé derrière lui les tourments de la guerre et du militarisme de son pays. Nous avons occupé ensemble un hangar abandonné pour reconquérir de l’espace dans la cité des banques et des marchandises (ndlr : Rovereto), pour fuir le vol que sont les loyers et garantir un toit à tous, pour que plus personne ne puisse plus exploiter, déporter, expulser, pour réinventer avec chaque femme et chaque homme sans pouvoir une manière d’être ensemble et décider de notre propre destin. Mais à la place de cette expérience, les patrons et la police ont, comme toujours, préféré les gravats. Ils ont préféré enfermer un homme fier derrière les barreaux.

Mirco Libero

Fiorini photographie, disions-nous, et, tout autour de ses photos, ses collègues préparent les expulsions à coups de calomnies, les préfets construisent les preuves pour incarcérer les gens. Donc Fiorini expulse, Fiorini incarcère. Pour cela, les journalistes et les photographes n’étaient pas les bienvenus au Bocciodromo occupato. Fiorini le sait, on lui a déjà dit mille fois, mais il s’est malgré tout présenté avec le despotisme des intrus et son objectif planté là. Il a pris sa photo et lorsqu’il a été invité à plusieurs reprises à dégager, il n’a pas voulu entendre raison, il a crié et glapit, insulté et provoqué avec des arguments dignes de son petit journal. Puis, insatisfait, il a cliqué une fois encore. Il a frappé à la mauvaise porte. Pas de tabassage, pas de vol, il a été éloigné, accompagné de son appareil photographique, mais sans la carte contenant les photos volées. Fiorini n’a pas dénoncé Mirco, comme cela sa crédibilité de "bon anarchiste" reste intacte, il a simplement pointé son doigt sur une photo face à un adjudant, justement comme il le ferait sur une des siennes. Fiorini fait le délateur et fournit au fameux préfet Colucci, celui du massacre de l’école Diaz à Genes, le prétexte pour expulser le lieu, arreter 9 personnes pour rien de moins qu’un vol de quatre pics d’énergie électrique (ndlr : le lieu était occupé depuis quatre jours) et maintenir Mirco au trou. Mirco est toujours en prison, notre coeur est avec lui, avec les millions de prisonniers d’un monde pourri construit sur la répression et les gravats.

Des anarchistes de Rovereto

Fiorini incarcère

******************

A propos d’un photographe "anarchiste"

Les faits

Jeudi 13 novembre, le photographe du Trentino, Fulvio Fiorini, s’est présenté au Bocciodromo occupato pour prendre quelques photos. Les occupants ont déjà écrit mille fois sur leurs affiches et tracts que cet espace est ouvert à toute personne qui veut se confronter, mais est fermé aux partis, aux flics et aux journalistes. Ils l’ont dit mille fois dans les rues, les rassemblements et les manifestations. Certains occupants, qui le connaissent personnellement, l’avait également déjà dit à ce meme Fiorini. Malgré tout cela, et malgré un lynchage médiatique qui a atteint ces derniers mois un niveau sans précédent, Fiorini, celui qui assaisonne -meme indirectement- avec ses photos les articles contre les anarchistes, s’est présenté au Bocciodromo et a commencé à photographier sans rien demander à personne. Avec l’arrogance typique des gens de son espèce, il pense pouvoir disposer, au nom du "droit à la chronique", de la volonté de ses "sujets". Un compagnon l’a invité à plusieurs reprises bien qu’inutilement à s’en aller, recevant en échange des insultes et l’immanquable "je fais seulement mon travail". A ce point là, il a été éloigné sans ménagement et est reparti sans sa disquette (l’équivalent de la pellicule pour les appareils digitaux) : il n’y a pas eu de tabassage. Il a immédiatement prévenu les journalistes puis est parti à la caserne des carabiniers pour leur rendre quelque service photographique. Là, se rendant compte de n’avoir plus la disquette, il a raconté l’incident (c’est-à-dire sa version) aux carabiniers. Ceux-ci ont engagé une procédure d’office contre un compagnon. Encouragé par la presse qui parlait d’un photographe "frappé et dévalisé", les forces de la répression expulsent le lendemain le Bocciodromo et arretent les 9 compagnons présents, pour "vol aggravé d’énergie électrique". Avec ce chef d’inculpation, 7 d’entre eux seront condamnés à 6 et 8 mois de prison trois jours après. Bénéficiant de la conditionnelle, ils sont donc ensuite sortis de prison. Un compagnon, Bogu, est à l’inverse toujours emprisonné. Fiorini, invité comme toujours et cette fois encore à photographier l’expulsion, a ensuite été appelé à la caserne pour reconnaitre son "voleur" comme étant Bogu. Et lui l’a reconnu. Le lendemain, lors d’une interview dans laquelle il affirme n’avoir pas été invité à s’en aller, mais au contraire immédiatement frappé, le photographe se vante de n’avoir dénoncé personne, et ceci sur la base de ses "principes moraux et idéologiques". Nous, ignorant tout, avons pensé : "Beh, on doit au moins reconnaitre que celui-là a de la dignité". Puis nous avons compris comment les choses se sont réellement passées. Effectivement, il n’a pas porté plainte (ndlr : en italien, dénoncer et porter plainte se traduisent par le meme mot) de facon formelle. Il a seulement joué à l’espion pour le compte des carabiniers puis reconnu la personne contre laquelle les militaires avaient procédé d’office. Chacun comprendra la grande différence. Surtout notre compagnon qui est encore en prison à cause de lui. Au cours de la meme interview, Fiorini, qui se considère encore comme anarchiste, donne des lecons d’anarchisme aux occupants du Bocciodromo, qu’il définit comme des "squadristes" (1), des "fascistes" et "politiquement des cadavres". Les politiciens -de droite et de gauche- ainsi que l’Ordre des journalistes ont exprimé leur solidarité au photographe, "vrai anarchiste" et "citoyen exemplaire".

De l’autre coté

S’il est quelque chose qui enflamme le coeur des anarchistes, c’est bien la haine des uniformes et de la prison. Fiorini a envoyé quelqu’un en prison. Il peut se définir comme il veut, mais il n’est certainement pas anarchiste. Nous ne doutons pas que les carabiniers l’aient coincé puis fait chanter, comme ils l’ont fait de nombreuses fois contre nous. Nous n’en doutons pas, justement parce que nous savons qu’un photographe qui travaille pour les journaux ne peut se permettre d’entretenir des relations inamicales avec les forces de l’ordre : nombre de leurs services sont en fait basés sur un échange direct entre les forces de police, la rédaction et les invitations personnelles aux journalistes. Mais tout ceci ne justifie rien et devrait au contraire faire réfléchir plus avant sur la responsabilité qu’assume une personne qui choisit un tel travail. Juste pour donner un exemple : les photographes sont prévenus d’une expulsion avant qu’elle n’advienne. Ils font, pour ainsi dire, partie de l’opération. Les compagnons, eux, sont de l’autre coté, derrière le cordon de CRS. Fiorini insiste sur le fait qu’on peut rester plus ou moins honnete en faisant un travail comme le sien. Nous le savons, et son comportement par le passé l’a montré plusieurs fois, comme le savent ceux qui le connaissent depuis de nombreuses années. Mais il arrive un moment où la distinction s’amenuise toujours plus, parce que les luttes se radicalisent et que croit la répression. Il arrive un point où -face à une identification-, on doit décider si on est des hommes ou des photographes, des hommes ou des espions, des hommes ou des balances. Et l’ "anarchiste" Fiorini a choisi. La rage face à son arrogance nous a laissé comme un gout amer en bouche. Mais aujourd’hui un compagnon est en prison, et c’est le photographe qui l’y a expédié. Nous avions écrit à propos des carabiniers tués en Irak (2), que l’ "on récolte ce que l’on sème". Ceci n’est pas seulement valable pour ces militaires, assassins de profession qu’aucune propagande nationaliste ne nous fera jamais appeler des héros. Ceci vaut pour chacun de nous, parce qu’on ne peut pas attribuer la responsabilité de nos actions à l’histoire, au destin ou au bouc émissaire de service. Nous n’attendons pas que l’autorité et les médias disent du bien de nous. Nous ne récitons pas le scénario des éternelles victimes. Ceux qui sont payés pour défendre ce système chercheront toujours à nous le faire payer. On est pas anticapitalistes et antiautoritaires impunément. De la meme facon, on ne travaille pas pour des journaux qui calomnient les anarchistes, sans jamais faire de signe de protestation public, et prétendre ensuite que ceux-ci t’accueillent à bras ouverts. On n’envoie pas un compagnon en prison en parlant ensuite de principes anarchistes. Nous appelons un chat un chat, et un indicateur un indicateur.

Un certain groupe Serantini

L’ironie veut que Fulvio Fiorini ait fait partie au cours des années 70 du groupe local Serantini, dont le nom est un hommage à un compagnon anarchiste battu jusqu’au sang par les CRS qui l’ont ensuite laissé crever en prison, parce qu’il s’était opposé à un rassemblement fasciste à Pise en mai 1972. Si on lit la presse de Rovereto de l’époque, on trouve contre le groupe Serantini et les "extra-parlementaires" en général les mêmes mensonges et calomnies (dont celle d’etre des squadristes et des fascistes) que l’on peut lire contre les anarchistes d’aujourd’hui. De plus, au cours d’une grève générale en mars 1976 contre la vie chère, les compagnons du groupe Serantini avaient frappé et allégé de sa pellicule un photographe surpris en train de prendre en photo les vitrines brisées d’un supermarché. Et alors, qui a changé ? Ceux du groupe Serantini de l’époque qui ont aujourd’hui des professions libérales, ou ceux qui continuent à refuser de faire carrière tout comme ils refusent les photographes des journaux ? Qui est "politiquement un cadavre" ? Ceux qui persistent dans leur inimitié éthique et pratique contre les fondements de cette société et de ses institutions, ou celui qui est défini comme un "citoyen exemplaire" par les politiciens et les journalistes. Nous, on nous appelle voyous et terroristes. Nous préférons cela.

Des anarchistes de Rovereto

1. Squadristi : nom donné aux fascistes mussoliniens qui tabassaient les gens dans la rue. 2. Le 12 novembre 2003, 19 militaires italiens sont morts dans l’explosion d’une bombe en Irak, et de nombreux autres ont été blessés, provoquant de nouvelles grand’messes autour d’un consensus nationaliste pour ces "héros morts pour la patrie".

Encadré :

Journalistes, hors de nos vies

Le "droit de chronique et d’information"

C’est le droit de planter un objectif dans la face chacun C’est le droit de falsifier les idées, d’effacer les contestations et la mémoire C’est le droit de créer des "exemples" pour vendre plus C’est le droit d’étouffer l’esprit critique sous les informations C’est le droit de calomnier et d’isoler C’est le droit d’avoir (et de publier) un double des papiers produits par les flics C’est le droit de préparer le terrain à la répression C’est le droit d’applaudir les forces de l’ordre

Un de nos compagnons est en prison pour avoir éloigné un photographe d’un espace occupé : BOGU LIBERO

Pour lui exprimer votre solidarité : Miroslav Bogunovic Casa circondariale Via Dante 28/A 39100 Bolzano Italie

(extraits d’un opuscule publié vers le 20 novembre 2003, disponible à Adesso, CP 45, 38068 Rovereto (TN))

Source : Tout Le Monde Dehors (http://toutmondehors.free.fr)


Précédent Haut de page Suivant