PARIS (AP) - Nathalie Ménigon reste en prison. La juridiction régionale de libération conditionnelle (JRLC) de Douai (Nord) a estimé lundi que l’état de santé de cet ancien membre du groupe d’extrême gauche Action Directe était compatible avec son maintien en détention.
Agée de 46 ans, incarcérée depuis 1987 et condamnée par deux fois à la réclusion criminelle à perpétuité (1988 et 1994), Nathalie Ménigon a été victime au cours de sa détention de trois accidents cardio-vasculaires qui ont entraîné une hémiplégie gauche.
Au vu de son état, son avocat, Me Jean-Louis Chalanset, avait demandé une suspension de peine comme le prévoit la loi du 4 mars 2002, appelée aussi loi Kouchner, du nom de l’ancien ministre de la Santé.
Cette mesure, dont a bénéficié en septembre 2002 Maurice Papon, peut être accordée si deux expertises médicales concluent que le pronostic vital du détenu est en jeu ou lorsque son état de santé est durablement incompatible avec la détention.
Les experts médicaux qui ont examiné Nathalie Ménigon ont considéré que son état de santé était compatible avec son incarcération au centre de détention de Bapaume (Nord). La JRLC a donc suivi les rapports d’expertises médicales pour justifier son refus.
"Cette décision était prévisible", a déclaré Me Chalanset à l’Associated Press. L’avocat peut faire appel de cette décision devant la Juridiction nationale de libération conditionnelle qui siège à la Cour de cassation à Paris.
Henri Malberg, président de la commission justice du Parti communiste, a regretté le rejet de cette demande de suspension de peine. "Je tiens à rappeler que la question dépasse largement le cas de Nathalie Ménigon qui est un symbole de plus que la loi Kouchner n’est pas appliquée dans toute son ampleur", a-t-il dit à l’Associated Press.
"Il n’est pas acceptable que des gens malades restent en prison après de nombreuses années passées en détention", a-t-il ajouté. Moins d’une soixantaine de personnes ont bénéficié de cette mesure depuis l’adoption de la loi.
Condamnés en même temps et à la même peine que Nathalie Ménigon, Jean-Marc Rouillan et Joëlle Aubron sont toujours détenus dans divers établissements pénitentiaires en France. Quant à Georges Cipriani, autre membre d’Action Directe, il a été placé dans un centre spécialisé en raison de son état psychique.