PARIS (AFP) - Condamnée à deux reprises à la réclusion criminelle à perpétuité pour sa participation à deux assassinats et deux tentatives d’assassinats en 1985-1986, comme membre d’Action Directe, Nathalie Ménigon, 47 ans, n’a pas obtenu vendredi sa remise en liberté.
La juridiction nationale de libération conditionnelle (JNLC), composée de magistrats de la Cour de cassation, a suivi l’avocat général qui avait estimé à l’audience du 26 mars que son état de santé n’était pas assez grave pour justifier une suspension de peine.
Cette décision était attendue par Me Chalanset, l’avocat de Nathalie Ménigon, qui déclarait avant même de plaider, le 26 mars, "ils n’en sortiront pas vivants", en évoquant les membres d’Action Directe, tous malades et en prison.
Me Chalanset plaidait que sa cliente incarcérée à Bapaume (Pas-de-Calais) était dépressive, malade, partiellement hémiplégique à la suite d’accidents vasculaires cérébraux et souffrait d’une "dépression évidente".
L’avocat invoquait la loi de mars 2002 relative au droit des malades, qui dispose qu’une suspension de peine peut être ordonnée lorsque le "pronostic vital" du détenu est engagé ou que son "état de santé est durablement incompatible" avec un maintien en détention. C’est cette loi qui a permis jeudi la remise en liberté de l’ex-PDG d’Elf, Loïck Le Floch-Prigent.
Mais le souvenir de la terreur que faisait régner il y a près de 20 ans "l’organisation communiste combattante Action Directe", comme disaient ses membres, est demeuré le plus fort.
Comme ses trois compagnons Georges Cipriani, Joëlle Aubron et Jean-Marc Rouillan, elle a été condamnée à deux reprises, en 1989 et 1994, par la cour d’assises de Paris, à la réclusion criminelle à perpétuité assortie d’une période de sûreté de 18 ans.
Ces condamnations concernent l’assassinat de l’ingénieur général René Audran à La Celle-Saint-Cloud le 25 janvier 1985 et celui du PDG de Renault, Georges Besse, à Paris en novembre 1986, la tentative d’assassinat du contrôleur général des armées Henri Blandin le 26 juin 1985 et du vice-président du CNPF, Guy Brana le 15 avril 1986. Elles concernent encore des attentats matériels commis en 1984-1986.
Arrêtés dans le Loiret le 21 février 1987, ces quatre militants avaient aussi été condamnés à 10 ans d’emprisonnement, le maximum de la peine encourue, pour participation à une association de malfaiteurs, par le tribunal correctionnel de Paris le 12 février 1988.
Ex-employée de la Société générale, exclue de la CFDT pour "gauchisme virulent", Nathalie Ménigon était entrée dans les années 1970 dans la clandestinité avec Rouillan. Lors de son arrestation en compagnie de ce dernier en 1980, elle avait vidé le chargeur de son colt 45 sur les policiers, sans les blesser. Ce qui lui a encore valu 12 ans de réclusion criminelle, le 17 février 1988, devant la cour d’assises de Paris.
En 1981, elle avait été remise en liberté pour "raison médicale", à l’issue d’une grève de la faim, et avait alors repris la clandestinité.